Avec Cuba nous luttons pour un autre monde

Publié le 24 avril 2024

Quelle est la situation vécue par le peuple cubain sous les coups du blocus étatsunien ?

L’image que donne la société cubaine est toujours contradictoire, mêlant des difficultés évidentes et des trésors d’ingéniosité pour les contourner.

L’État tente d’assurer le minimum vital, mais toute une économie parallèle se crée pour tenter de combler ses lacunes. Des activités ferment, d’autres se créent sur de nouvelles bases. Des raffineries s’arrêtent, faute d’approvisionnement, mais des centrales photovoltaïques s’installent.

Ces images montrent les difficultés et les potentialités. Mais les chiffres montrent l’ampleur des problèmes.

Il manque à Cuba la moitié du pétrole dont elle a besoin. La rénovation de l’industrie thermo électrique s’élève à 10 milliards. La récolte de sucre ne couvre plus les besoins nationaux, pas plus que la production de riz avec 1/3 des surfaces ensemencées. Il manque de la farine, du lait, des aliments pour la production porcine, la volaille…

Les produits sont rares et beaucoup de temps est passé à la recherche d’aliments, de médicaments, d’un transport. Et en dehors du panier des produits de base fourni à bas prix par le gouvernement, les prix sont très élevés au regard des ressources.

À ces difficultés d’approvisionnement s’ajoutent les coupures d’électricité qui perturbent la vie de la famille, de l’entreprise, des services.

Pris par leurs préoccupations quotidiennes, nombre de Cubains ont du mal à imaginer leur devenir face à un blocus qui parait insurmontable. Pour certains, c’est la route de l’exil.

Car la population n’a pas de doute sur les responsabilités de ses difficultés malgré les efforts des dirigeants étatsuniens de s’en disculper. En 2022, le blocus des États-Unis a coûté 4,8 milliards à l’économie cubaine. De combien de milliers de tonnes de blé, de riz, de pétrole, mais aussi de pièces de rechange et de moyens de production les États-Unis ont privé Cuba ? Et ceci depuis 62 ans !

Et cette agression des USA se réalise en violant le droit international. Un exemple que suivent – comment s’en étonner ? - d’autres pays en Palestine, en Ukraine et ailleurs.

Une agression qui n’entraine pas dans des États comme la France ou les pays de l’Union européenne, qui condamnent le blocus à l’Onu, toutes les mesures pour le contourner ou combattre ses effets, comme y invite la résolution qu’ils ont votée « de s’abstenir d’appliquer des lois contraires à la Charte des Nations unies ».

C’est cette obligation que le Canada applique depuis 1985. L’Union européenne, elle, abandonne les mesures de protection envisagées… et sanctionne son ambassadeur à La Havane signataire d’une lettre collective réclamant… la fin du blocus !

Aussi la bataille pour Cuba n’est pas qu’un acte urgent et nécessaire de solidarité, c’est une bataille pour le respect du droit international garant de paix et d’humanité pour tous les peuples. C’est un moyen de contribuer à « un autre monde possible ».

Jean Querbes

Article publié dans CommunisteS, n°993, 24 avril 2024.