Il y a 40 ans mourait Bobby Sands : « Notre vengeance sera le rire de nos enfants »

Il y a quarante ans, le 5 mai 1981, le gouvernement britannique de Margaret Thatcher laissait mourir Bobby Sands à la prison de Long Kesh, après soixante-six jours de grève de la faim ; il fut le premier des dix grévistes de la faim dont le pouvoir de Londres porte la responsabilité de la disparition. Leurs demandes n’étaient que justice : voir rendre aux détenus politiques irlandais leurs droits, dont le gouvernement britannique les avait lésés dans les terribles « blocks H » (ne pas porter l’uniforme de prison, ne pas être astreint au travail carcéral, s’associer librement avec d’autres prisonniers, pouvoir organiser leurs propres activités et recevoir une lettre, un paquet et une visite par semaine). Ils l’ont payé de leur vie face à l’inhumanité glaciale de Margaret Thatcher et du système répressif britannique en Irlande. 

La mobilisation internationale en sa faveur et son élection comme député à Westminster pour la circonscription de Fermanagh/South Tyronen’ont pas infléchi ni le gouvernement britannique, ni le système carcéral inhumain auquel les prisonniers irlandais étaient confrontés. Le pouvoir britannique est resté inflexible dans sa volonté de criminaliser la lutte pour la liberté dans sa première, et sa plus proche, colonie. Rappelons que Bobby Sands fut élu député, le 9 avril 1981, avec 30 500 voix, soit dix mille voix de plus que Margaret Thatcher dans sa propre circonscription londonienne, avec une majorité deux fois plus large. Ses funérailles furent suivies par 100 000 personnes, soit la plus grande manifestation républicaine depuis celles du maire Sinn Féin de Cork, Terence MacSwiney, en 1920.

Quarante ans plus tard, notre colère est toujours intacte contre ce crime et ses responsables. La lutte de Bobby Sands et de ses camarades nous oblige, encore aujourd’hui. C’est la lutte de la dignité humaine, du respect dû à ses camarades de lutte et de la liberté et de la souveraineté du peuple irlandais. Le PCF, ses militants, ses élus s’étaient fortement mobilisés en solidarité avec les demandes justes et légitimes des prisonniers politiques de la lutte pour les droits du peuple irlandais et contre le sort que le gouvernement britannique leur réservait.
Les Accords de paix de 1998, dits Accords du Vendredi Saint, ont ouvert de nouvelles perspectives pour le peuple irlandais. Aujourd’hui encore, face au vandalisme politique de la direction des partis unionistes et du gouvernement de Boris Johnson, le PCF est solidaire et engagé pour la réalisation des droits historiques et souverains du peuple irlandais à l’unité de l’Irlande, à la république irlandaise, pour tous ses habitants et sur l’ensemble de l’île. Les menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’application pleine et entière des Accords de paix de 1998 et les tensions récentes dans les six comtés du Nord soulignent à nouveau l’importance et la nécessité de cette perspective.

Le PCF soutient les exigences légitimes portées par le Sinn Féin d’une république irlandaise fondée sur la justice sociale pour tous. Le temps de l’unité de l’Irlande est venu. Aujourd’hui, non seulement la lutte pour une république irlandaise unie reste d’actualité et connaît même une nouvelle vivacité, mais elle peut aboutir concrètement à l’organisation d’un référendum pour l’unité de l’Irlande. C’est le moment ! Les accords de paix de 1998 stipulent qu’un tel référendum doit être organisé quand il apparaît que l’aspiration à l’unité est majoritaire dans la population des six comtés. Le blocage institutionnel organisé par le DUP, qui n’a pas la majorité dans les six comtés, est d’une folle irresponsabilité. Les résultats du référendum du Brexit montrent qu’une majorité de la population de la région est d’abord et avant tout préoccupée par le maintien et le renforcement des liens avec le reste de l’Irlande. La pandémie du Covid-19 souligne l’importance d’avoir un système de santé publique et de sécurité sociale unifié. Les résultats électoraux récents du Sinn Féin aux élections générales britanniques de décembre 2019 et irlandaises de février 2020 en font désormais le premier parti en voix si l’on considère la totalité de l’île.

Il est possible et nécessaire d’organiser dans les cinq ans un référendum sur l’unité de l’Irlande. Comme le disait Mary-Lou McDonald, présidente du Sinn Féin, le 4 avril dernier lors de la commémoration de l’insurrection de Pâques 1916, l’unité irlandaise c’est « la politique d’une nation qui transcende toutes les blessures, divisions et conflits du passé en forgeant un nouvel avenir ensemble, pour nous tous ».

Le PCF s’est toujours tenu aux côtés de cette lutte, aux côtés de celles et ceux qui la portent, souvent au prix de leur vie, ou de leur liberté. Les conditions ont aujourd’hui changé, mais l’importance de la lutte et de son objectif demeure. Les communistes français poursuivront la solidarité qu’ils ont toujours manifestée aux républicains irlandais, au Sinn Féin, pour la réalisation de l’objectif historique du peuple irlandais.

Vincent Boulet,
responsable des affaires européennes