Un grand débat national ou une campagne électorale du Président de la République ?

Question d'actualité de Pierre Laurent, sénateur communiste de Paris, mardi 5 février 2019

Ma question porte sur les conditions d’exercice du pluralisme dans le débat politique et médiatique.

Déjà, vous voulez restreindre la liberté de manifester. La liberté de la presse, elle, est mise à mal comme l’illustre la lamentable tentative de perquisition de Mediapart ou la situation de l’Humanité qui appelle à la plus grande solidarité.
Mais qu’en est-il du grand débat national ?

Il est censé donner prioritairement la parole aux Français. D’ailleurs des centaines de milliers de personne s’en emparent et utilisent toutes les occasions de se faire entendre.

Mais force est de constater que s’il est impossible de fermer le couvercle de la marmite, c’est le Président de la République qui se taille la part du lion médiatique avec des retransmissions intégrales des shows présidentiels dans lesquels il ne répond d’ailleurs jamais positivement aux demandes exprimées et passe son temps à plaider pour sa politique.

La question est donc posée : assiste-t-on à un grand débat appartenant aux Français ou à une campagne présidentielle de rattrapage, où il serait le seul candidat ? En matière de temps de parole, les compteurs présidentiels du CSA explosent. Où est le pluralisme politique ? Et rien ne s’arrangera avec l’élection européenne. Je rappelle que la loi votée sur l’organisation du temps de parole répartira en tout et pour tout quatre heures d’antenne massivement réparties au profit de LREM. 

Quelles mesures le gouvernement et les garants du débat national entendent-ils prendre pour mettre fin à ce déni de démocratie et rétablir au plus vite le pluralisme des temps de parole politiques dans les médias et les espaces de débats ?

Mme Emmanuelle Wargon, secrétaire d’État auprès du ministre d’État, ministre de la transition écologique et solidaire . - (Exclamations sur les bancs du groupe CRCE) Ce grand débat est bien celui des Français, avec 4 000 réunions, 700 000 contributions sur la plateforme. (Mme Cécile Cukierman proteste vigoureusement.) La quasi- intégralité des réunions se passe entre les Français. (Protestations sur les bancs du groupe CRCE)

M. David Assouline. - Pourquoi la télé ne vient que lorsque le président de la République est là ?

Mme Emmanuelle Wargon, secrétaire d’État. - La presse est libre et le CSA contrôlera cela. Nous sommes en contact avec les cinq garants qui nous aident à respecter le principe de transparence, (On crie sur les bancs du groupe CRCE.) mais aussi celui de l’exhaustivité dans la prise en compte des contributions. Le débat est parfaitement libre. Il est une opportunité pour prendre les décisions qui s’imposent, sous le contrôle du président de la République et du Premier ministre.