Classement annuel des lycées : L’inégalité au grand jour

Cette année comme les années précédentes le journal L’Étudiant publie son “classement des lycées”. Ce classement, indépendant de l’Éducation nationale, prend notamment en compte le taux de réussite au baccalauréat ou le taux de mentions obtenues dans l’établissement. Il est révélateur des inégalités scolaires et territoriales à l’œuvre dans le pays. Il renforce aussi une stratégie des familles les plus aisées pour inscrire leurs enfants dans le “meilleur” établissement.

Territoires sous dotés, inégalités des moyens, projets d’établissements différenciés, à travers ce classement on retrouve une politique de longue date menée dans l’Éducation nationale. Des établissements qui ne relèvent plus d’une politique nationale commune mais qui doivent prouver leurs chiffres et leurs rendements comme des entreprises. Une stratégie de différenciation des établissements qui fait écho à l’individualisation extrême des parcours des élèves eux-mêmes.

La mise en place de la réforme Blanquer du bac vient de nouveau consacrer cette différenciation entre les lycées, notamment à travers l’accès ou non aux spécialités, ainsi que la quasi-destruction du caractère national du baccalauréat. La valeur du diplôme ne sera plus évaluée en fonction de la note obtenue à une épreuve commune et nationale, mais de la réputation de l’établissement d’origine de l’élève. La finalité se retrouve dans l’application de parcoursup qui, une fois la différenciation faite, trie les élèves en fonction des établissements dont ils proviennent

Le classement de l’année 2019-2020 est d’autant plus inégalitaire que le ministre de l’Éducation nationale a profité de la pandémie pour avancer encore plus vite dans la destruction d’une éducation nationale uniforme sur le territoire. En supprimant purement et simplement les dernières épreuves nationales du baccalauréat et en appliquant le contrôle continu, Jean-Michel Blanquer a laissé libre cours à la hiérarchisation des lycées. Pour l’année 2020-2021, nous pouvons déjà mesurer les conséquences de laisser librement les établissements choisir leur “protocole sanitaire”. Les lycées ne respectant pas le protocole sanitaire se trouvent avantagés car en avance sur le programme.

La possible annonce d’un nouveau confinement et d’une fermeture de l’ensemble des établissements scolaires laisse planer une aggravation des inégalités. Depuis six mois, les témoignages d’enseignants et d’élèves se multiplient pour dénoncer la non mise en place de protocole sanitaire dans leur établissement. Les résultats de cette désinvolture ne se sont pas fait attendre, et pour cause, le taux de contamination explose dans les lieux d’enseignements. En refusant de mettre en place des directives strictes à l’ensemble des établissements, Jean-Michel Blanquer porte la responsabilité de la situation catastrophique dans laquelle se trouvent les établissements scolaires.

Depuis des mois, le gouvernement annonce vouloir faire de l’école sa priorité. Pourtant, les actes se font attendre. Où est le plan de rattrapage ? Où sont les recrutements d’enseignants et la construction de nouveaux locaux pour dédoubler les classes ? Alors que nous sommes à la veille de la fermeture des écoles, nous attendons toujours la mise à disposition du matériel informatique pour chaque élève. Un discours ne suffit pas à masquer l’incompétence du gouvernement. Si l’école était réellement leur priorité, tout aurait été fait depuis la rentrée pour permettre de rattraper le retard et éviter que les écoles ne deviennent des clusters.

Le MJCF revendique le droit à une éducation de qualité, donnant les mêmes moyens de réussite à l’ensemble des élèves et cela sur l’ensemble du territoire. Cela nécessite un investissement massif dans l’Éducation nationale pour créer des classes et non en supprimer comme c’est le cas actuellement.

Pour empêcher la hiérarchisation et l’assignation des élèves nous exigeons l’arrêt immédiat de la plateforme parcoursup ainsi que l’abrogation de la réforme Blanquer et le retour à bac national.