Conseil national du 12 septembre : la crise du capitalisme s’accélère

Dans son rapport devant le CN, Igor Zamichiei, coordinateur du Comité exécutif national, évoquait le contexte international, la crise financière, la situation politique nationale, les grandes batailles en cours et l’enjeu des municipales. Ci-dessous l’extrait concernant la crise du capitalisme.

Si l’histoire s’accélère, c’est d’abord parce que la crise du capitalisme s’accélère. Pas un jour ne se passe sans qu’un grand quotidien ne traite dans ses colonnes de l’imminence d’une crise financière. Pas une semaine sans que le capitalisme ne soit mis en accusation. Parfois même par ceux qui cherchent à tout prix à maintenir le système, comme en témoigne l’interview de Bruno Le Maire au journal La Croix, affirmant : « Le capitalisme du XXe siècle n’est plus viable », ou encore le fait qu’Emmanuel Macron ait placé le G7 sous le thème de la lutte contre les inégalités. Quelle imposture !

La réalité, c’est que jamais banques centrales, États et marchés financiers n’ont été à ce point imbriqués, renforçant sans cesse les cercles vicieux de la croissance financière des capitaux, du chômage, de la déflation sociale et de l’insuffisance de la demande globale. L’endettement mondial a augmenté d’environ 50 % depuis la crise financière, principalement du fait des économies avancées. Pour quel résultat ? Les dividendes ont quasiment doublé en dix ans !

Et toutes leurs tentatives de relance de la croissance et de l’emploi échouent parce que les liquidités déversées sont immédiatement épongées par eux. Ce que nous révèle cette situation, c’est que les transformations systémiques à opérer pour la dépasser sont si profondes que c’est le capitalisme lui-même et son type de régulation qu’il faudrait commencer à dépasser. Impensable pour nos adversaires de classes ! Mais pour nous, cela devrait nous conduire à engager dès maintenant une offensive politique et idéologique de grande ampleur pour aller au-devant de cette situation et nous saisir des potentiels de la période pour faire progresser d’autres choix politiques, une nouvelle ambition de civilisation en prise avec les grands défis sociaux et écologiques contemporains.

Nous avons besoin de nous armer idéologiquement et politiquement pour être à la hauteur de ces enjeux. Aussi, je propose que nous tenions, dans les mois qui viennent, une initiative nationale sur la mondialisation économique et financière pour en apprécier tous les aspects et poser les bases d’une réponse politique de notre parti. C’est décisif, si nous ne voulons pas laisser aux capitalismes eux-mêmes le terrain de la critique du système et des solutions politiques. Mais également pour pousser le débat à gauche avec tous ceux qui affirment vouloir dépasser le système actuel, comme vient de le faire Thomas Piketty avec son nouveau livre Capital et idéologie. Il ouvre un débat sur les inégalités, sur la nature d’un projet qui viserait une « propriété sociale ». Eh bien, chiche ! Engageons en grand le débat public sur ces enjeux !

Après avoir pointé l’enjeu que constitue la crise financière en gestation, je veux souligner que le principal point d’appui de la période est que, plus que jamais, les conditions de l’unité du salariat contre le capital financier peuvent être réunies. Prenez la bataille en cours à General Electric sur le site de Belfort. Sur ce site, 800 ingénieurs et 800 ouvriers font face ensemble au défi de s’affronter au coût du capital, à une mobilisation commune pour conquérir de nouveaux pouvoirs pour reprendre en main l’avenir de leur entreprise et le leur. Cette mobilisation pointe le besoin d’élaborations de propositions à l’échelle de l’ensemble de la filière énergétique et la possibilité de rassemblements inédits pour de nouvelles institutions au service du développement de cette filière dans notre pays. Si nous voulons être au rendez-vous d’un tel enjeu, nourrir les luttes des salariés, la question des conditions de notre rayonnement, de notre implantation dans les lieux de travail, les entreprises est décisif. C’est la raison pour laquelle, nous consacrerons le prochain Conseil national à cet enjeu avec un rapport d’Aymeric Seassau.

Igor Zamichiei, coordinateur de l'exécutif national.