Commission des relations internationales: introduction de Lydia Samarbakhsh

Cher-e-s camarades,

Notre réunion de rentrée devait être un moment de plaisir, malgré le sérieux et la gravité de la situation, plaisir de nous retrouver et de travailler ensemble.

Malheureusement comme vous le savez cette rentrée est pour nous marquée par une absence qui laisse un grand vide, l'absence de notre camarade Pierre Marcie qui nous a quittés le 15 août dernier.

PIERRE MARCIE

Je veux d'abord redire devant vous tous à Christiane combien nous tenons à elle et combien nous partageons son chagrin; te dire, Christiane que tu peux compter, que tu dois compter sur nous. Nous étions nombreux à rendre un dernier hommage à Pierre le 20 août mais avouons bien qu'aucun d'entre nous ne s'est encore fait à l'idée de ne plus revoir notre ami.

Je veux aussi devant vous tous qui formez le collectif d'animation du secteur international dire à quel point Pierre a compté. En le côtoyant, au fil des années, vous avez tous pu apprécier l'intelligence, la finesse et la vivacité de son esprit, son humour, sa discrétion et son attention permanente portée aux autres.

Lorsqu'on accepte une responsabilité comme celle de la conduite de ce secteur, et dans les conditions dans lesquelles je l'ai fait en 2013, on n'échappe pas aux mauvaises expériences et il est toujours salvateur d'avoir auprès de soi quelqu'un, dégagé de tout enjeu personnel car ce n'était pas dans sa nature, qui, parlant un langage de vérité, vous aide à prendre vos marques, à prendre confiance en vous et dans le collectif, à prendre conscience des efforts à fournir, à distinguer l'important du superflu. Nous avons tous beaucoup appris de ce point de vue avec Pierre, et plus encore, sur le plan humain.

Au sein du secteur, on doit à Pierre et Christiane d'avoir maintenu vive notre attention sur l'Asie; s'agissant de l'Indonésie par exemple, outre les liens qu'il entretenait avec les camarades en exil en France, c'est grâce à lui notamment que pour la première fois depuis très longtemps nous avions consacré l'inauguration du Salon anticolonial à la lutte du peuple et des communistes indonésiens, et à la répression et les massacres dont ils furent les cibles.

Nous avions des échanges nourris sur l'Inde, sur la Chine que Christiane connaît particulièrement ainsi que l'Afghanistan, mais aussi sur la péninsule coréenne et les tensions qui s'exercent sur elle depuis plus de 50 ans. Mais aucun peuple, aucun pays à travers le monde ne lui était indifférent, et Pierre s'intéressait et s'instruisait en permanence, tout en nous instruisant avec lui car il aimait partager le fruit de ses réflexions, de ses découvertes.

Nous avions aussi beaucoup d'échanges sur notre parti, son état, son avenir, les leçons éventuelles à tirer de notre histoire et des expériences de nos camarades à travers le monde. Et Pierre qui participait chaque semaine au secrétariat d'animation du secteur nous aidait à prendre la mesure du temps, il contribuait à nous détacher un instant de l'oppression de l'immédiateté, à chercher les contradictions, les dynamiques à l’œuvre et les points d'appui nés des mouvements populaires. Pierre était tout cela, et par-dessus tout éperdu d'amour et d'admiration pour son épouse, ses enfants, ses petits-enfants. Pierre aimait taquiner et se faire taquiner, et l'ambiance de fraternité et de bonne humeur qui règne entre nous lui doit énormément.

CE QUE LE G7 DIT DU CONTEXTE INTERNATIONAL

C'est donc en quelque sorte en pensant à Pierre que je souhaite revenir sur l'actualité de l'été en la mettant en perspective.

Beaucoup de commentateurs parlent d'un «basculement à l’œuvre» après avoir fait la liste plus ou moins exhaustive des actes de guerre, d'injustice, d'humiliation, de catastrophes ou de percées électorales des forces d'extrême-droite qui ont émaillé l'été. La rhétorique de la peur, longtemps apanage des dirigeants néolibéraux des pays occidentaux pour paralyser les résistances et contre-offensives à leurs politiques, gagnent maintenant des rangs militants, y compris de gauche.

Les Pythie en tous genres nous promettent une ère de souffrances à laquelle il faudrait se préparer en se recroquevillant plus ou moins et en attendant des jours meilleurs comme s'il était totalement impossible d'avoir prise pour les citoyens, les travailleurs, les peuples, sur les événements. Certes les crises s'aggravent, de nouvelles apparaissent mais les annonces de «fin du monde» ou d'injonctions à faire le dos rond qui se multiplient masquent les enjeux, et surtout les possibilités de mobilisations unitaires – je vais y revenir.

C'est pourquoi, avec les camarades du secrétariat nous avons souhaité lancer la discussion à partir des conclusions que nous pouvons tirer du Sommet du G7 à Biarritz au regard des traits de caractérisation de la situation internationale, y compris européenne, que nous avons mis en évidence depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir et l'élection de Donald Trump, notamment.

Toute la presse a relevé que le président français, contrairement à ses prédécesseurs, avait préparé la tenue du Sommet en France en cherchant à en faire un événement politique de la plus haute importance. En lien étroit avec le Quai d'Orsay, et à la veille de la Semaine des Ambassadeurs où le président chaque année maintenant intervient pendant près de 2h devant nos diplomates, le chef de l’État a créé la surprise de bilatérale simultanée avec le ministre des Affaires étrangères d'Iran et le président américain sur le dossier du nucléaire iranien et des sanctions américaines.

A la veille du Sommet lui-même, Emmanuel Macron a reçu Vladimir Poutine avec les honneurs pour manifester dans l'action ce qui est devenu sa ligne: la France se veut une «puissance médiatrice, une puissance diplomatique, militaire, culturelle, éducative, nationale et européenne, (et toujours) médiatrice» (discours aux Ambassadeurs 2018).

Ainsi, tandis que certains de ses homologues occidentaux alternent les coups de froid et les mises à l'index vis-à-vis de la Russie, l'Iran ou même la Chine, Emmanuel Macron se rend (et va se rendre à nouveau, c'est exceptionnel) en Chine et reçoit en grandes pompes le président Xi Jinping en mars, rencontre à plusieurs reprises et invite officiellement et confère avec le président russe; poursuit le dialogue avec les plus hautes autorités iraniennes du fait de la divergence française sur la rupture de l'accord sur le nucléaire civil iranien; il poursuit aussi le dialogue avec Erdogan, Nahendra Modi, ou même l'action diplomatique de la France et son poids sur la position européenne vis-à-vis de Cuba. Seul le Venezuela fait exception.

Toutes les prises de parole marquantes sur les enjeux internationaux du président de la République expriment sa vision générale que je paraphraserai: l'ordre du monde multilatéral «issu de 1945» est dépassé, il s'agit de le refonder; acte de refondation d'autant plus impératif depuis la prise de pouvoir, à commencer aux États-Unis, des forces national-libérales prônant le protectionnisme, le rapport de forces bilatéral et la guerre commerciale. Car, dans le camp occidental et ultralibéral, deux visions et politiques s'affrontent, l'une, dans l'Administration Trump, qui considère en gros que la place de leader mondial des États-Unis, contestée et fragilisée, se regagnera dans une logique d'affrontement et de puissances. Donald Trump a maints égards, et une partie de son entourage, «pense» le monde comme on le pensait avant 1914.

A l'inverse, Emmanuel Macron prend acte de l'affaiblissement de l'ONU mais ne renonce pas à tout cadre multilatéral, en réalité seul à même de donner une marge de manœuvre à la France – l'enjeu central étant, faut-il le rappeler, le poids économique et commercial.

Dès lors, et en toute logique, Emmanuel Macron a préparé et investi le G7 comme, à court terme, l'un des cadres multilatéraux alternatifs à l'ONU et qui visent à la remplacer. Le monde, pour la présidence française et le Quai d'Orsay, est constitué d'un centre – l'Occident et les pays développés – et d'une, si ce n'est plusieurs, périphéries: pays «en voie de développement», «émergents», etc. Il, càd la diplomatie française, considère que les grands enjeux internationaux doivent d'abord faire l'objet d'un accord entre les puissances derrière lesquelles n'auraient plus qu'à s'aligner le reste du monde. Mais dans ce reste du monde, il y a ceux de première classe et ceux de deuxième classe (ce sont mes termes): Que faire de la voix du Malawi, pays pauvre s'il en est, du moment que l'Afrique du Sud, l'Inde, le Maroc, ou le Tchad, l’Équateur ou la Corée, etc. consentent? Il s'agissait donc à la fois de faire la démonstration d'une France «médiatrice» incontournable et de franchir une étape vers la légitimation du G7.

Le thème central de ce G7, «les inégalités», ne peut être vu comme une simple hypocrisie même s'il n'était évidemment pas question de s'attaquer au cœur des logiques capitalistes qui en sont à l'origine mais bien parce que l'explosion des inégalités au plan mondial, comme dans chaque pays, est un problème politique en ce qu'elles suscitent des mobilisations populaires qui peuvent s'avérer déstabilisatrices: en France, le mouvement, hétérogène, des Gilets Jaunes est fondamentalement un mouvement de protestation contre les inégalités. Les tenants du capitalisme ont donc besoin de rallier les opinions publiques, les peuples, à leurs solutions pour affaiblir toute remise en cause de l'ordre existant. FMI, Medef, OCDE... plusieurs entités libérales ou personnalités comme J. Arthuis ont tiré la sonnette d'alarme, il faut selon elles mettre un pédale de frein sur les politiques d'austérité draconiennes qui grignotent le socle du consensus libéral et peuvent favoriser de nouvelles dynamiques à gauche. Mais plus largement que les seuls pays occidentaux, les inégalités sont un défi mondial qui touche tous les pays; un pays comme la Chine elle-même y est confrontée (et s'est mis en devoir d'y apporter des réponses); un enjeu d'ailleurs qui pour une part s'exprime dans les mobilisations antigouvernementales à Hong Kong – sujet sur lequel je reviendrai plus loin.

Ce camp occidental divisé et tiraillé – mais uni sur un point essentiel: les quelques forts, les quelques riches sont seuls maîtres à bord – rend autrement plus complexe le jeu des alliances que les États-Unis ont nouées, à commencer au sein de l'OTAN. Ainsi la France, notamment, et d'autres pays de l'UE, une UE dont la crise interne s'aggrave, en particulier par la question du Brexit, sont dans la ligne de mire de l'offensive agressive sur le plan commercial des États-Unis et la guerre économique lancée contre la Chine. En outre, dans ce contexte de guerre commerciale, EU-Chine, l'UE craint plus que tout de se retrouver le dindon de la farce si les deux autres parvenaient inopinément à un accord.

Ces tensions très vives ont semblé accréditer la vision et les objectifs d'Emmanuel Macron qui craint et rejette autant la «vision trumpienne» que, ce qu'il pense être, la conception antagoniste chinoise qui serait de construire autour d'elle, sous sa domination, et en particulier avec le projet de Route et Ceinture de la soie, un nouvel ordre mondial auxquels les dirigeants des pays émergents pourraient adhérer par volonté d'échapper à l'emprise de l'Administration Trump et donc des EU.

Cette analyse de la Route et de la Ceinture de la Soie et des ambitions plaque sur la politique chinoise les conceptions dominantes des dirigeants occidentaux. Sans se laisser aller à toute naïveté, et tenant compte des rencontres que Fabien Roussel a eu cet été lors de son déplacement à Shanghaï et Beijing, il faut redire que ce qui distingue fondamentalement les deux compréhensions du monde et des relations internationales c'est que l'une, la chinoise, se projette vers l'avenir tandis que l'autre cherche tantôt regrette un passé, plus ou moins idéalisé, tantôt cherche à sauver des positions car cherche avant tout à préserver un ordre capitaliste qui constituerait la fin de l'histoire.

Les dirigeants chinois considèrent que la Chine peut atteindre ses objectifs de développement et consolider son modèle de société si et uniquement si elle stabilise et sécurise son environnement immédiat et l'environnement international. Elle privilégie les partenariats avec les pays stables, y compris s'il s'agit de régimes autoritaires, et avec le projet de Route de la Soie propose un cadre de coopération visant le développement à même de stabiliser des situations sociales et politiques qui permettent de redynamiser les échanges commerciaux internationaux grippés par les crises financières.

Un mot ici sur les événements de Hong Kong né du débat sur la loi d'extradition – débat suspendu dans un premier temps après les plusieurs semaines de mobilisations et, hier, dans une annonce de Carrie Lam, projet de loi maintenant retiré.

Les mots d'ordre se sont au fur et à mesure étendus à la question politique de fond, le principe «un pays, deux systèmes», en vigueur depuis la rétrocession de HK et auquel Beijing a, à plusieurs reprises depuis le début du mouvement, affirmé s'y tenir. Les autorités chinoises, certainement surprises dans les premiers temps par l'ampleur du mouvement, ont dénoncé les manœuvres extérieures pour encourager la contestation sans, pour l'heure, décider d'intervention policière ou militaire que la presse occidentale antichinoise semblait espérer.

Les «contre» manifestations de soutien à Carrie Lam ou à Beijing, toutes aussi impressionnantes en nombre n'ont pas empêché une surenchère revendicative d'une part notable du mouvement de protestation cherchant finalement une rupture, càd une sortie du cadre national chinois. Une situation de blocage est apparue au cœur de l'été.

Les affrontements entre policiers et une partie très déterminée de manifestants qui cherchent la confrontation sont impressionnants et rappellent les manifestations en France de l'hiver. Les autorités hongkongaises appuyées par les autorités chinoises ont choisi la voie du maintien de l'ordre musclé et des arrestations et poursuites judiciaires pour dégradation de biens publics ou bâtiments institutionnels.

Le mouvement rassemblait largement la population hongkongaise à ses débuts mais aujourd'hui il commence à diviser. Il porte un fond particulièrement désespéré (les seules morts sont dues à des suicides comme de protestation), et comprend pour beaucoup une partie de la jeunesse soit des milieux populaires frappés par la récession, soit une jeunesse plus qualifiée mais «victime» de la concurrence avec la jeunesse qualifiée venue du reste de la Chine. Nul ne peut dire comment les événements vont tourner mais il semble que Beijing demeure dans la recherche d'une solution politique qui ne concède néanmoins rien au camp d'une «sécession» d'HK.

Nous avons l'occasion de débattre avec nos camarades chinois de la situation et d'exprimer notre position, le respect du principe «un pays, deux systèmes» et de l’État de droit, et le souhait de voir ce conflit trouver une issue politique qui permette de faire baisser les violences et ramener la paix à HK.

POUR UNE SÉCURITÉ HUMAINE COLLECTIVE

Fort peu d'attention a été portée, et insuffisamment par nous-mêmes, à l'escalade en cours au Cachemire par la prise d'initiative unilatérale de N. Modi et qui a provoqué de premières surenchères du côté pakistanais. Le Cachemire est une région sous haute tension, hyper-militarisée et où les violences politiques depuis des décennies ont provoqué 3 guerres entre les deux pays et fait des dizaines de milliers de morts. Ce n'est pas un problème de crise comme un autre lorsque les protagonistes sont tous deux détenteurs de l'arme nucléaire. Cette crise, sur laquelle les diplomaties occidentales ne s'expriment pas, peut très rapidement dégénérer compte tenu des affrontements nationalistes dont jouent les dirigeants des deux pays.

Si nous ajoutons à cela, l'entente tacite entre Russie et États-Unis, pour rendre caduque, le 3 aout dernier, le traité sur le contrôle des forces nucléaires de portée intermédiaire (INF) et la reprise des essais nucléaires américains, nous pouvons considérer que nous entrons à nouveau dans une zone de tempête gravissime.

De notre point de vue, cela, malheureusement, ne rend que plus impératif de déployer nos efforts militants et nos initiatives pour donner corps à un largement mouvement pour le désarmement nucléaire, contre la surmilitarisation des RI, les ventes d'armes mais aussi pour un monde coopération, de solidarité, de développement social et économique et de sécurité humaine collective, càd de paix où injustices sociales et économiques, droits humains et sociaux, conquêtes démocratiques doivent constituer le cœur des politiques internationales et nationales.

Au moment où de larges mobilisations se développent sur la nécessité de politiques alliant urgences climatiques et sociales, nous avons là un espace à investir pour que s'y exprime avec netteté l'exigence de paix comme but et moyen de ce mouvement de fond.

En cela, l'appel à la grève mondiale sur le climat les 20 septembre et de mobilisations le 21 septembre, qui déjà la journée internationale pour la paix depuis 2001 sur initiative de l'ONU constitue une occasion d'opérer une jonction qui potentiellement peut élargir l'arc de mobilisation pour la paix dans notre pays. Nous proposons par conséquent d'appeler à participer à Paris à un seul et même cortège, et partout où en France les mobilisations pour la paix et/ou le climat se préparent, en marquant notre présence d'actes militants massifs et organisés, avec parlementaires et militants communistes.

Les mobilisations sur le climat, le désarmement et la paix pointent conjointement le besoin, sans retard, de nouveaux modes de production, de développement et de consommation (de société, en somme), et c'est la raison pour laquelle la bataille contre les accords de libre-échange est encore devant nous: le CETA passe au Sénat le 4 novembre, le Mercosur n'est pas encore ratifié : nous avons devant nous plusieurs semaines de mobilisation pour les mettre en échec tout en mettant en avant la nécessité de nouveaux accords d'échange, de partenariats et de coopération fondés sur les principes l'équité, la solidarité et le développement mutuel des pays engagés.

Je propose que nous encouragions des soirées de débat ou de travail dans les sections à l'occasion de la sortie du numéro de Cause Commune auquel nous avons participé et des propositions, analyses et idées qu'il contient même si ce numéro ne fait pas le tour de toutes les questions, loin s'en faut. A ce propos, je crois qu'il faut maintenant aller au bout de la réalisation d'un 8 pages spécial consacré à l'Amérique latine dans les semaines qui viennent à l'appui du travail du dernier Forum de Sao Paolo à Caracas où se sont rendus pour le PCF, Laurent Péréa et Cécile Dumas, et où les forces de gauche latino américaines réorganisent leur passage à l'offensive contre la vague de «révolution conservatrice» qui a déferlé sur le continent.

Le travail de mobilisation et d'interventions politiques initié avec le Mouvement de la Paix, ICAN, nos militant-e-s et parlementaires pour que la France signe et ratifie le Traité international d'interdiction des armes nucléaires doit devenir maintenant une priorité nationale pour le PCF. Et nous avons pris l'initiative le 26 septembre, journée mondiale pour l'élimination totale des armes nucléaires, de réunir à l'Assemblée nationale sous la présidence de Fabien Roussel et Jean-Paul Lecoq, acteurs associatifs, personnalités politiques, françaises et étrangères pour donner le signal du passage à l'action. Je rappelle le sondage du Mouvement de la Paix paru dans La Croix l'an passé mettant en évidence qu'une large majorité de Français-es soutiennent la proposition de se débarrasser de l'arme nucléaire: il faut maintenant que cette idée majoritaire se voit et que son poids se sente.

LES DYNAMIQUES DE RÉSISTANCE ET DE CONTRE-OFFENSIVE

Qu'il s'agisse encore des derniers résultats électoraux dans deux Länder allemands dimanche dernier, où l'extrême droite de l'AfD pulvérise les records, de la situation italienne qui semble préparer une victoire à terme écrasante de Salvini et des siens, ou bien des décisions criminelles de Bolsonaro indifférent au spectacle du pire incendie qu'ait jamais connu l'Amazonie, la tentation au découragement est grande chez beaucoup et notre responsabilité est de combattre les discours et politiques de découragement qui nourrissent le sentiment d'impuissance.

D'abord voyons bien l'étendue des mouvements populaires qui naissent, s'ancrent ou s'expriment:

  • les Britanniques contre le coup d'Etat de Boris Johnson depuis une semaine;
  • des pans entiers de la société brésilienne contre la politique de Bolsonaro depuis lelendemain même de son élection;
  • et on peut aussi voir que les résistances existent et s'organisent aux Etats-Unis mêmes (je vous renvoie aux mouvements contre le port d'arme, contre les violences racistes policières, pour les droits des femmes #METOO, les résultats d'élections récentes et de référendums locaux sur le salaire minimum);
  • en Argentine, où Macri est défait au cours des primaires;
  • en Turquie, où les populations des villes dont les maires HDP ont été comme Erdogan l'avait promis pendant la campagne démis de leurs fonctions, arrêtés et remplacés par des administrateurs aux ordres du pouvoir, populations qui se mobilisent en nombre tous les jours et affrontent les forces de l'ordre; – et je dis au passage que nous proposons de soutenir la campagne de l'association France-Kurdistan pour la libération de Selahattin Demirtas qui sera lancée le WE de la Fête de l'Humanité;
  • ou encore en Israël où la bataille notamment des députés communistes contre les discriminations et pour les droits des travailleurs sont en train de gagner en intensité; mais aussi en Palestine contre les destructions de logement et la poursuite de la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem;
  • en Algérie, où le pouvoir n'a pas réussi à étouffer par une présidentielle anticipée l'aspiration révolutionnaire;
  • au Soudan, où le régime militaire n'a pas réussi à empêcher la chute d'Al-Bachir ni le gouvernement transitoire à affaiblir le mouvement populaire – et il faut saluer nos camarades du PC soudanais qui ont plus que jamais besoin de notre solidarité;
  • en Amérique latine,
    • où la stratégie d'intervention militaire états-unienne directe ou à l'appui d'un pays comme la Colombie au Venezuela est un échec patent,
    • ou encore Cuba, de son côté, continue de résister développant la concertation maintenant au-delà de son continent avec un certain nombre de pays dont les entreprises se trouvent également visées et entravées par l'extraterritorialité états-unienne.

Tous ces faits que j'énumère trop vite sans entrer dans le détail des situations et enjeux méritent pourtant notre plus grande attention car ils sont chacun l'expression du niveau de l'affrontement Capital/Travail, exploiteurs/exploités mais il ne suffit pas de parvenir à cette conclusion et de la proclamer pour qu'un tapis rouge se déroule sous les pas de ceux qui comme nous se battent pour un dépassement du capitalisme et et l'émancipation humaine et sociale.

Ce sont des initiatives qu'il faut prendre, des batailles politiques à mener et idéologiques à investir, des mouvements populaires, citoyens, sociaux à conforter, des stratégies de rassemblement et d'union à déployer – et une série d'initiatives et de rendez-vous, dont je vais parler, d'ici la fin de l'année sont à préparer et investir dans ce sens.

Sur les questions que j'ai évoquées des mobilisations du 21 septembre, je veux aussi dire que nous avons proposé à nos interlocuteurs et camarades brésiliens de publier une déclaration commune appelant à la mobilisation de nos deux peuples contre les politiques libérales dévastatrices française et brésilienne – le Mouvement des Sans-Terre vient de nous faire parvenir son accord, et le PT exprimé son soutien par un message de Monica Valente mais sans le signer pour l'instant. Un texte qui, si notre initiative aboutit, pourrait être distribué dans les marches du 21 septembre.

De la réussite de la Fête de l'Humanité dépend pour une part le succès des marches du 21, c'est pourquoi je propose que nous organisions une tournée des stands pour remettre matériels à la disposition des sections et fédérations, et discuter de l'engagement des communistes dans les mobilisations du 21 et les comités de préparation des manifestations.

La fin de l'année 2019 sera donc très chargée avec:

  • le Forum des gauches européennes les 8, 9 et 10 novembre à Bruxelles où nous devons organiser, je pense, compte tenu de l'aggravation de la situation européenne, une grosse délégation du PCF ce qui nécessitera, là aussi, un travail d'organisation sous la conduite de Vincent Boulet;
  • de même que la préparation et la tenue du congrès du PGE en décembre en Espagne (ExB et GT Texte et Evaluation ce WE auxquels participeront Pierre, Vincent et Anne);
  • la tenue de la conférence internationale des partis communistes et ouvriers à Izmir en octobre à laquelle je me rendrai et la discussion au GT où j'ai formulé en novembre dernier la proposition que le PCF accueille les rencontres de 2020 à l'occasion de son centième anniversaire;
  • la Conférence conjointe en décembre avec le PC israélien et les députés de la Knesset dans le cadre de bataille de solidarité contre la loi Etat-Nation et la reconnaissance de l'Etat palestinien;
  • enfin, la tenue d'un Conseil national consacré aux enjeux internationaux le 25 novembre.

Il nous faudra préparer tous ces rendez-vous avec le même soin et nous proposons que cela fasse l'objet d'un séminaire de travail dans un délai rapproché, dès fin septembre.

Avant de vous donner la parole, je veux terminer en rendant hommage à notre camarade Amath Dansokho, ancien secrétaire général du PIT, une figure éminente, comme nous l'avons souligné dans dans notre CP, de la gauche africaine et de l'internationalisme, qui s'est éteint le 24 aout et qui comptait de très nombreux amis proches dans nos rangs.

Merci de votre attention//

Rapport de Lydia SAMARBAKHSH lors de la CRI du 5 septembre 2019