Cuba: Le choix de la coopération internationale malgré le blocus

La pandémie du Covid-19 révèle une communauté internationale devant faire front à une menace globale, face à un virus qui sévit sans discrimination entre les pays riches ou pauvres, qui produit des effets dévastateurs chez les plus vulnérables, dans les couches les plus pauvres des grands pays industrialisés, ou encore les pays pauvres et sous-développés. Sont mises en exergue les politiques néolibérales concertées à l’échelle de la planète qui ont poussé à la réduction des dépenses sociales et ont limité les capacités de gestion publique des États.


Dans ce contexte, loin de s’inscrire dans un combat mondial contre la pandémie en promotionnant la coopération, Trump poursuit son acharnement contre le multilatéralisme discréditant l’ONU et se retirant du financement de l’OMS. Il tente même de tirer profit de la conjoncture pour amplifier sa domination à l’échelle internationale et de porter l’estocade sur certains pays d’Amérique latine pour en prendre le leadership et peser sur ce continent. C’est la visée de ses nouvelles menaces militaires contre le Venezuela, le Nicaragua ou Cuba.


Le summum aujourd’hui, ce sont les attaques scandaleuses des États-Unis contre la solidarité de Cuba aux gouvernements qui la sollicitent dans le cadre du Covid-19.


Pourtant, l’Île doit également faire face à la pandémie. Les écoles sont fermées et les familles gardent les enfants à la maison afin qu’ils ne trainent pas dans les rues. L’aide alimentaire et financière s’organise. L’information circule sur les canaux officiels, relayée par les comités de défense de la révolution (CDR) qui surveillent également l’apparition de symptômes dans la population. Chaque Cubain mesure la responsabilité qui est la sienne dans cette guerre contre l’ennemi invisible.


Comme ailleurs, le travail et le dévouement des personnels de santé sont remarquables. Près de 28 000 étudiants en sciences médicales participent aux côtés des médecins de famille au dépistage systématique de la population. Ce sont déjà 9 millions d’habitants sur les 11 que compte l’île qui ont été visités pour s’enquérir de l’état de santé de chacun. Grâce à la débrouillardise cubaine, le savoir-faire local et la contribution des entreprises du textile, Cuba réussit à dépasser sa difficulté d’approvisionnement en masques.


Ceci n’évacue pas que le renforcement du blocus imposé par les États-Unis a des conséquences dramatiques, bloquant du matériel de santé envoyé à Cuba par la Chine où d’autres, sous prétexte que certains des composants seraient produits par des entreprises US.


Cuba, tout en protégeant son peuple, apporte sa contribution à la coopération internationale en matière de santé, sans arrière-pensée politique ou économique.


Ce sont des dizaines de brigades de soignants et médecins cubains qui se mobilisent à l’étranger pour lutter contre l’épidémie. S’y rajoutent les chercheurs cubains qui collaborent actuellement avec leurs homologues chinois au développement d’un remède au Covid-19 appelé « Interféron Alpha-2B Recombinant » déjà utilisé à Cuba depuis plusieurs années dans le traitement d’autres pathologies.


En Europe, après l’Italie et Andorre, la France vient d’accepter l’offre médicale proposée par Cuba afin de pallier au manque d’effectifs hospitaliers en Martinique, Guadeloupe, Guyane et Saint-Pierre-et-Miquelon


Les dirigeants cubains poursuivent leur longue tradition de solidarité internationale parce que convaincus que la conjoncture exige la coopération, le développement, le partage de la recherche scientifique et des expériences des différentes nations.


Au regard de cela, le blocus imposé par Washington apparaît de plus en plus criminel et de toutes parts dans le monde des voix s’élèvent pour en exiger le retrait.


C’est l’ONG OXFAM qui demande d’y mettre fin car empêchant Cuba d’accéder aux moyens nécessaires pour préserver la santé des habitants.
C’est la haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, qui demande un assouplissement des restrictions et sanctions contre Cuba afin de l’aider à développer des traitements contre la maladie. C’est l’ensemble des partis communistes et ouvriers de la planète qui demande la levée immédiate du blocus assassin. C’est l’exécutif du Foro de Sao Paulo qui vient de lancer une pétition « contre le blocus illégal des pays et pour la solidarité entre les peuples ».


C’est le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, qui s’engage à rassembler des personnalités de sensibilités différentes derrière une tribune s’adressant au gouvernement français afin qu’il apporte sa solidarité à Cuba et œuvre fermement sur le plan diplomatique pour mettre fin au blocus.


Ce sont toutes les associations françaises de solidarité à Cuba qui se mobilisent, apportent leur soutien, y compris par des dons financiers.
« …Il est bien connu et reconnu que le blocus économique constitue le principal obstacle au développement de Cuba, à la prospérité du pays et au bien-être des Cubains. Cette dure réalité, qui est due uniquement et exclusivement au comportement obstiné et agressif du gouvernement des États-Unis, ne nous empêche pas d’offrir notre aide de solidarité. Nous ne la refusons à personne, pas même à ce pays qui nous cause tant de tort, si le cas se présentait... » C’est en ces termes que s’exprimait le 16 avril dernier dans une déclaration le ministre des Affaires extérieures cubain.


Derrière ces mots, tout est dit. La solidarité internationale doit être un engagement réciproque et l’heure a sonné pour mettre fin au blocus. Car tout démontre que la sortie de cette pandémie mondiale ne pourra se faire si des peuples entiers subissent la double peine des sanctions et du Covid-19, comme c’est le cas pour Cuba, mais aussi pour l’Iran, le Venezuela ou encore les territoires palestiniens.

 

Laurent Péréa
membre du CN
responsable-adjoint des Relations internationales
en charge de l’Amérique latine et Caraïbes