Dix propositions pour une issue progressiste à la crise

Le Parti communiste français vient de rendre publiques, ce 16 mars, dix propositions pour la France. Il l’aura fait au cours d’un rassemblement à Paris, alors que s’achevait officiellement le « grand débat national » lancé par le Président de la République, et à l’occasion d’une délégation qui les a remises au Premier ministre. Il est, à ce jour, le seul à gauche à avoir choisi une telle démarche.

Notre pays vit, depuis des mois, au rythme d’une immense colère sociale. L’immense majorité de Français aspirent à en finir avec une politique outrageusement favorable aux actionnaires et à la finance. Confronté à des mobilisations multiples et à un mouvement des « gilets jaunes » qui ne renonce pas à occuper la rue de semaine en semaine, le pouvoir aura dû se résoudre à l’organisation du fameux « grand débat », qui ne figurait nullement dans sa feuille de route initiale.

Sans doute a-t-il imaginé qu’il parviendrait à dévoyer les attentes qui allaient s’exprimer, pour mieux persister dans son cap libéral. À preuve, on aura vu Édouard Philippe suggérer de soumettre les aides sociales à des travaux obligatoires, ou le délégué général de la République en marche évoquer une deuxième journée de travail gratuit pour financer la dépendance. Pari perdu ! À travers quelque deux millions de doléances, dans des centaines de débats, grâce aux Cahiers d’espoir mis à disposition par les communistes, sur Internet, ce sont les exigences de justice sociale, de justice fiscale, de justice climatique, de services publics accessibles à tous, d’égalité des territoires, de démocratie qui auront été porté.

Au contact quotidien de nos concitoyens, engagés dans chacune de leurs luttes pour vivre dignement et être respectés, nous n’ignorions rien de ces attentes. Nous avons donc fait le choix de ne pas laisser étouffer leurs voix. De nous engager dans tous les échanges citoyens. De les susciter chaque fois que possible. De permettre à toutes et tous de parler de leur quotidien et des solutions qu’ils appelaient de leurs vœux. En sont issues dix mesures d’urgence. Pour l’augmentation des salaires et du pouvoir d’achat, avec la proposition d’une hausse de 20 % du SMIC et de retraites portées à 1400 euros minimum. Pour une protection sociale étendue, avec l’objectif de soins remboursés à 100 % et de pensions indexées sur le salaire moyen. Pour en finir avec la destruction de nos services publics, avec l’exigence d’un grand plan de reconstruction de ceux-ci, au plus près des citoyens. Pour une banque publique au service d’investissements créateurs de richesses et d’emplois, avec l’idée de nationaliser un grand établissement financier privé. Pour un véritable développement social et écologique, avec deux mesures s’ordonnant autour de la priorité à donner aux transports collectifs publics (et au doublement de la part du fret ferroviaire) et la rénovation énergétique d’un million de logements. Pour une fiscalité plus juste et progressive, avec la proposition de supprimer la TVA sur les produits de première nécessité et d’instaurer quatre nouvelles tranches d’impôt. Pour faire rentrer des milliards d’euros dans les caisses publiques, avec les objectifs liés de rétablissement de l’ISF, de taxation des revenus financiers des entreprises et des banques, de suppression du CICE pour en réorienter les montants vers les PME et TPE, d’une lutte effective contre l’évasion fiscale. Pour une République libérée de la monarchie présidentielle, avec la nécessité posée de donner davantage de pouvoirs aux représentants du peuple au Parlement, d’instaurer un droit d’intervention citoyenne grâce à un référendum d’initiative populaire, de permettre aux salariés de décider à l’entreprise. Pour sortir de l’austérité, avec le besoin affirmé d’en terminer avec les contraintes antidémocratiques du pacte budgétaire européen.

Loin de reprendre tout le programme de notre parti, ces propositions constituent une première synthèse de ce que nous avons retiré de la parole de nos concitoyens. Elles entendent aider à la construction du rapport de force qui mettra définitivement en échec le macronisme. Contribuer à la perspective politique et aux rassemblements qui font tant défaut aux mobilisations. Œuvrer, pour cela, à un vaste débat, à gauche et avec les organisations du mouvement social. Il s’agit maintenant de les faire connaître et partager, de les soumettre à la plus large réflexion collective.

Christian Picquet, membre du Comité exécutif national.

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