Une vague répressive interrompue et d’une ampleur considérable frappe indistinctement tous ceux qui s’opposent au pouvoir tyrannique du président turc R.T. Erdogan. Des écrivains, des journalistes, des universitaires, des avocats, des syndicalistes, des étudiants sont incarcérés et condamnés à des peines qui défient la raison. Parmi eux, les élus et les militants du HDP font l’objet d’une implacable répression parce qu’ils offrent une véritable alternative démocratique mais aussi parce qu’ils dénoncent la politique ultralibérale de l’AKP qui appauvrit la population et conduit le pays au bord du gouffre.

Dans ce contexte, en dépit des exacerbations nationalistes, de la polarisation de la société, d’une rhétorique aux tonalités guerrières, une partie de la Turquie résiste comme les mouvements sociaux, féministes et politiques en témoignent. Les Kurdes demeurent le cœur de cette contestation. C’est la raison pour laquelle R.T. Erdogan les poursuit de sa vindicte meurtrière en Turquie mais aussi au Rojava (Syrie) contre l’expérience pacifiste et émancipatrice menée depuis le soulèvement de 2011.

Les Kurdes sont de tous les combats. Ils préparent les élections municipales dans un contexte de violence et d’intimidation, et ce malgré l’incarcération de la quasi-totalité de leurs maires. Dans les prisons, ils affrontent la torture et les humiliations. Un puissant mouvement de grève de la faim, mobilisant près de 300 prisonniers politiques, se poursuit pour obtenir la fin de l’isolement
d’A. Ocalan. Depuis plusieurs années, au mépris de toutes les conventions internationales, le leader kurde est privé de tout contact avec sa famille et ses avocats. La députée HDP, Leyla Güven, en est désormais à son 84e jour de grève de la faim. Son admirable courage, sa dignité et sa détermination ont fait plier R.T. Erdogan contraint de la libérer avant son procès. Elle risque la perpétuité pour avoir condamné l’invasion du territoire kurde d’Afrin (Syrie) par l’armée turque et ses alliés djihadistes. Quant à Selahattin Demirtas, ancien candidat à la présidentielle, il fait face avec une énergie hors du commun à la haine du pouvoir islamo-conservateur.

“Faisons grandir partout l’exigence de STOP ERDOGAN !”

Une vague d’indignation et de solidarité parcoure désormais le monde qui exprime sa solidarité avec le peuple kurde. Nous n’oublierons jamais le rôle déterminant qu’il a joué dans la lutte contre la barbarie et l’obscurantisme de l’État Islamique, mais aussi pour faire prévaloir, dans un Moyen-Orient à feu et à sang, le progrès social, la démocratie et le respect de tous les droits humains.

Depuis plusieurs années, le PCF fait vivre concrètement la solidarité internationaliste avec les Kurdes. Pierre Laurent fut l’une des seules personnalités politiques françaises à se rendre à Kobanê alors menacée par Daech. Dans cette période incertaine, Lydia Samarbakhsh, responsable du secteur international du PCF, a tenu à être à Diyarbakir auprès de Leyla Güven. Elle a eu également l’immense honneur d’être reçue par la famille de S. Demirtas pour exprimer la solidarité de tous les communistes français. Sylvie Jan, présidente de l’Association France-Kurdistan qui joue un rôle moteur dans la solidarité avec les Kurdes, était présente à ses côtés.

Les combats de Leyla Güven et de Selahattin Demirtas fragilisent l’impitoyable chape de plomb de ce régime populiste et dictatorial. Ils sont un appel à faire grandir partout la solidarité alors que les donneurs de leçons sur les valeurs démocratiques sont aujourd’hui prêts à abandonner les Kurdes à un pouvoir qui entend les «massacrer» et «les enterrer vivants dans leurs tranchées». Faisons grandir partout l’exigence de STOP ERDOGAN! Pour la paix.

Pascal Torre
Secteur international du PCF
chargé du Maghreb et du Moyen-Orient
article paru dans Communistes du 30 janvier 2018