Les violences sexistes et sexuelles dans nos organisations

Les violences sexistes et sexuelles dans nos organisations Lors du dernier Conseil national, dimanche 17 mars, Hélène Bidard rapportait sur les violences sexistes et sexuelles dans nos organisations. Résumé de son intervention dont on lira l’intégralité sur le site du PCF.

Évoquant la nouvelle vague féministe depuis MeeToo, Hélène Bidard a surtout développé « la situation critique dans laquelle nous sommes et dans laquelle est plus particulièrement le MJCF », avec l’objectif d’en « sortir par le haut ».

Des agressions sexuelles ont en effet été dénoncées par des adhérentes du MJCF et plusieurs faits rendus publics. « Nous ne pouvons qu’être révolté·e·s, indigné·e·s et même en colère à l’idée que de tels actes puissent être commis par des adhérents de notre parti. (…) Il ne doit y avoir aucune place dans notre parti et au MJCF pour des agresseurs. »

Ces faits de violence heurtent nos convictions humanistes, dit-elle ; on n’est pas dupes de leur utilisation politicienne par nos adversaires ; on est confrontés à certaines de nos faiblesses. Au passage, elle insiste sur le fait que « le seul responsable de l’agression, c’est l’agresseur. Il faut le redire et le marteler : la victime ne peut porter la moindre responsabilité dans son agression ». Et puis : « Aujourd’hui le sujet qui doit nous préoccuper est de tout faire pour que des femmes soient en sécurité dans nos organisations et ne se fassent pas agresser dans leur vie militante. »

Elle en appelle à un dispositif de lutte renforcé contre les violences sexistes et sexuelles et avance des propositions pour faire de nos organisations des lieux assurant respect, sécurité et sérénité.

A ce jour, seuls le PCF et EELV se questionnent sur les rapports hommes-femmes dans leurs organisations. « Mais la vague n’en restera pas là : cela va continuer, toucher toutes les organisations les unes après les autres, toutes les institutions les unes après les autres et c’est tant mieux ! »

Hélène Bidard alerte sur l’utilisation des réseaux sociaux, outil de révélations mais aussi de prédation et de harcèlement. C’est en 2018 que le PCF met en place un dispositif interne « Tolérance zéro », réclamé de longue date par la commission féministe : création d’un livret d’information, lettre de Pierre Laurent, formation spécifique, clip vidéo (montré au congrès), accueil de la parole des victimes, soutien dans leur démarche, plainte, sanctions.

STOPVIOLENCE

Depuis un an, une victime ou un témoin peuvent saisir par mail [email protected], et contacter des référent.e.s formé.e.s sur le sujet. En même temps, il convient d’ « améliorer l’existant » : le MJCF met en place un dispositif semblable (avec l’aide du PCF) ; rapprocher ce dispositif du monde associatif et notamment du CFCV, Collectif féministe contre le viol.  Le dispositif « Tolérance zéro » va être renforcé ; il faudra assurer la primauté de l’avis des référents dans les processus internes ; désigner un collectif national de référents avec Hélène Bidard, à la disposition des dirigeants fédéraux.

Le rapport propose aussi de faire évoluer la loi et son application : inéligibilité effective des personnes condamnées ou faisant l’objet de plainte ; assurer des moyens pour la police et la justice ; des moyens aussi pour l’accompagnement social ; promouvoir dans tous les parcours éducatifs une éducation à l’égalité, y compris dans les rapports intimes. Hélène Bidard plaide pour une organisation féministe et inclusive.

« Les violences sont parfois des procédés déloyaux pour écarter les femmes des responsabilités », observe-t-elle.

« Il y a une évolution culturelle à opérer dans nos propres mentalités ; et je sais que les communistes femmes et hommes y sont prêts, à condition que nous leur donnions des outils. (…) Il est de la responsabilité de chaque communiste de veiller au respect de la dignité de toutes et de tous.»

Dénonçant des pratiques scandaleuses (qui ont durablement affecté des organisations comme l’UNEF, l’UNL, le MJS), elle déclare : « Nous devons veiller à ne pas reproduire le continuum des violences qui va de l’insulte sexiste au viol en passant par d’innombrables gestes visant à écarter, rabaisser, remettre à leur place des femmes, hypersexualiser des jeunes femmes ou de jeunes hommes, alors qu’elles et ils ont choisi de rejoindre nos rangs pour militer et s’émanciper ! »

Hélène Bidard propose enfin quelques pistes (tout en saluant le travail de la direction et la prise de parole de Fabien Roussel) : dans le domaine de l’information, édition d’une affichette pour tous les locaux du PC et de la JC ; large diffusion du clip vidéo mentionné et du livret d’information ; formation des cadres. Il convient ensuite de cibler les moments à risque (Université d’été, camp d’été, Fête de l’Humanité). Il importe enfin de féminiser l’organisation : exigence de parité, partage de la parole, favoriser la participation des femmes. Cela suppose d’organiser des commissions féministes dans toutes les fédérations, de refuser tout propos sexiste.

« Le féminisme n’est ni une option ni une opinion, c’est un fondement de tout engagement communiste pour l’égalité. »