Marie-Hélène Bourlard : une campagne pied au plancher

4 h 30 mardi matin dans la campagne de l’Avesnois, Marie-Hélène Bourlard commence sa journée. Au menu du jour : distribution devant l’hôpital de Valenciennes (+ 3 000 agents) puis manifestation européenne à Bruxelles avant de revenir pour un porte-à-porte dans le Valenciennois. La campagne de la deuxième de la liste du Parti communiste français se fait pied au plancher. À 62 ans, l’ancienne presseuse de Poix-du-Nord ne ménage pas sa peine pour convaincre de voter pour l’Europe des gens.

Depuis l’arrivée du premier tract, c’est à un rythme effréné que Marie-Hélène enchaine les distributions avec les militants, en campagne quasiment 7 jours sur 7. Elle répète à l’envi : « Si on veut des députés européens alors il faut aller chercher les voix. Une par une ! » Ses anciennes collègues de l’usine la soutiennent et elle reçoit régulièrement de leurs nouvelles. Ses voisins et amis aussi iront voter. « Ils me l’ont dit à Orsinval, on va doubler notre score », s’amuse-t-elle. Un autre soutien vient se rajouter, c’est celui de la maman de François. François, c’est François Ruffin, le député de la Somme qu’elle a connu quand il était journaliste et avec qui elle a partagé l’aventure du film « Merci Patron ».

« Son dynamisme nous met du baume au cœur ». Ces paroles sont celles de Martine, adjointe au maire de Petite Foret, qui accueille Marie-Hélène, pour une séance de porte-à-porte, avec un grand sourire. Dans cette ville de gauche, la liste du PCF fait forte impression. Un territoire fortement marqué par la mine et qui désormais mise beaucoup sur l’industrie ferroviaire avec la présence d’Alstom. Cette entreprise qui a vu de nombreux élus communistes à sa porte ou dans ces ateliers, comme Fabien Roussel (député du Nord) ou les élus d’IDF mobilités (ex-STIF), Jacques Baudrier, Pierre Garzon ou Fabien Guillaud-Bataille qui étaient venus à l’époque défendre un « European Buy Act » comme cela se fait en Afrique du Sud ou aux USA. Deux ans après, la proposition est au cœur de la campagne : « Si les trains sont fabriqués avec les impôts des Français, alors ils doivent servir l’emploi en France… », plaide Marie-Hélène Bourlard à des salariés attaquant leur journée.

Durant son porte-à-porte, la candidate ouvrière martèle son argumentaire. Tantôt faire entrer la première ouvrière au Parlement européen depuis 30 ans, tantôt la création d’un SMIC européen au mieux-disant et non pas à la baisse comme le voudrait la droite. En deux heures, elle fera adhérer une quinzaine de personnes au comité de soutien. Un geste qui parait simple pour une syndicaliste rodée au contact direct et à l’échange à bâtons rompus. « À l’usine, la responsable du syndicat me demandait à chaque fois combien de nouvelles adhésions j’avais fait…Si on ne demande pas aux gens ils ne le feront pas d’eux-mêmes. »

Altruiste, elle n’hésite pas à parler un instant des autres colistiers. Le plus proche, Nacim Bardi, est délégué syndical à Ascoval à Saint-Saulve. Elle parle aussi de Mamoudou Bassoum, champion de Taekwando, qu’elle a pu rencontrer plusieurs fois durant la campagne, ou d’Anthony Goncalves, cancérologue à Marseille, qu’elle a découvert au meeting de lancement de campagne dans la cité phocéenne.

Cette campagne, elle l’a conclue à Denain, au pays des gueules noires, là où le taux de chômage frôle avec les 30 % mais où les militants communistes sont sur le terrain pour reconquérir un électorat populaire, souvent trop éloigné des décisions prises à Bruxelles.

Simon Agnoletti, membre du Conseil national.