Municipales : reconstruire un récit collectif

Dans son rapport, Pierre Lacaze rappelle le caractère inédit des municipales 2020 (crise sociale, recomposition politique, paysage communal marqué par l’intercommunalité) ; il analyse les objectifs communistes et l’état des discussions à gauche. (Extraits)

« Dans nos listes et nos projets, nous voulons mettre en avant un objectif d’égalité sociale et territoriale, contre-pied de la compétitivité, au plus près des exigences populaires, pour peser aussi sur les politiques nationales, contre l’austérité. Tendre vers la gratuité pour les transports, les cantines, les loisirs… Un objectif de rassemblement de toutes celles et tous ceux qui veulent donner de la force aux valeurs de gauche et faire de ces élections une étape importante dans la construction d’une véritable dynamique porteuse d’un nouveau projet de gauche pour la France. Dans cette optique, il est cohérent d’affirmer notre stratégie de large rassemblement à gauche autour de politiques municipales offensives pour les égalités et les solidarités. Sur trois objectifs affirmés dans nos résolutions : l’enjeu social et écologique au cœur de la ville et des villages de demain ; la démocratie communale ; la justice fiscale. (…)

Au-delà du secteur Élections et de l’exécutif, nous avons associé les élus, les maires, les secrétaires de section et secrétaires départementaux. Nous avons tenu plusieurs CN sur cette question et nous referons un dernier point en février. Nous avons rencontré l’ensemble des départements et échangé plus précisément avec les 10 à 15 départements ayant le plus d’élus. Deux réunions du secteur Élections élargi ont eu lieu, nous en proposons une prochaine en décembre. Nous avons mis en place une bibliothèque numérique et, avec le secteur organisation, il y aura un envoi régulier de fiches de références sur les questions administratives ou politiques. La question des municipales est traitée dans CommunisteS chaque semaine. Depuis le vote de notre résolution, nous avons beaucoup travaillé, nous allons continuer à mettre en place le maximum d’accords favorables à nos maires et élus et à l’ensemble de la gauche. »

L’orateur fait état des rencontres à gauche.

« Nous avons rencontré, lors d’une dizaine de réunions, le PS, Génération.s, GRS, Ensemble et EELV et nous poursuivrons, à partir de nos objectifs de rassemblement. Dans les départements, nous sommes en contact localement avec toutes les forces de gauche dans 90 % du territoire, y compris avec FI, qui n’a pas répondu aux demandes de rencontres nationales. »

« Chacun sent bien que ces élections locales peuvent prendre une dimension nationale forte. La droite LR joue, en lien avec sa majorité sénatoriale, son avenir politique souligné par l’entrée en lice sur la question présidentielle de François Baroin, et sur sa capacité à conserver les principales métropoles et grandes villes. Nous avons donc à agir pour qu’au bout ces élections ne soient pas bonnes ni pour l’exécutif ni pour l’extrême droite ou les autres forces de droite. C’est ainsi que, partout dans le pays, nous avons abordé la question du rassemblement à gauche ; au-delà du maintien des villes à direction communiste, partout nous cherchons à préserver les majorités de gauche et à battre la droite sur la base de projets portant les enjeux sociaux et écologiques, avec une stratégie claire vis-à-vis de toutes les forces de droite, y compris quand elles sont représentées par les transfuges de gauche vers la République en marche. Nous parlons à toutes les forces de gauche avec une démarche qui n’oppose pas rassemblement citoyen et rassemblement des partis politiques, qui refuse de manière très majoritaire le tout sauf le PS ou la stigmatisation d’autres forces politiques de gauche. Nous sommes, dans beaucoup d’endroits, ceux qui permettent le lien. Dans des situations que nous laissons ouvertes au rassemblement jusqu’au bout.

EELV a décidé de faire de ces municipales un enjeu politique pour affirmer un leadership supposé après le résultat des européennes et s’inscrit aussi dans une perspective présidentielle. Il revendique la tête de liste partout sans contrepartie, tendant la main mais dans un discours ambigu sur le rapport gauche-droite, ne cherchant pas vraiment le rassemblement mais systématiquement la première place, quitte à empêcher ou à faire éclater les rassemblements. Le PS cherche à se réorganiser et à échapper aux tentatives de prises de guerre de LREM et à son affaiblissement important, mais il s’appuie sur son maillage territorial de loin le plus fort à gauche. C’est la force politique avec qui nous discutons le plus de par son implantation et le nombre de ses élus et du fait que dans des centaines de villes nous dirigeons ensemble. La FI est en grande difficulté avec une faiblesse politique qui ne la met pas du tout en avant dans la quasi-totalité des villes mais elle cherche à accentuer un pouvoir de nuisance plus qu’une capacité à rassembler et s’adapte selon les endroits. Elle se situe dans une démarche de listes citoyennes mais où se retrouvent toutes les configurations. Dans cette dernière période, elle cherche à placer des élus avec nous ou EELV, voire le PS, étant en difficulté sur sa capacité à conduire ou faire des listes. Génération.s, le NPA, GRS, Ensemble et LO représentent une dimension très faible nationalement et sont des interlocuteurs sur quelques villes. (…)

La question des gratuités, de l’aide aux plus fragiles, la prise en compte de la question de la sécurité, du maintien des services publics, des emplois, de la jeunesse, des femmes et des familles monoparentales, des seniors et du vieillissement, des enjeux du numérique comme de la mobilité ou du logement, de la culture et du sport et, bien sûr, de l’enjeu démocratique marquent nos propositions.

Nous aurons aussi un sujet majeur et commun à ces municipales : l’égalité territoriale.

Il y a dans les communes de France une vitalité, une solidarité, une richesse sociale et humaine exceptionnelle dont témoigne un tissu associatif résilient, malgré les coups terribles qui lui sont portés.

Nous ne gagnerons pas en étant les meilleurs gestionnaires du monde, nous ne gagnerons pas en faisant de la proximité sans contenu politique, de la démocratie participative sans enjeu. Nous gagnerons en donnant tout son sens à notre action municipale et à notre démarche politique, en montrant qu’elle participe d’un récit collectif. Il faut reconstruire un récit collectif. Et dans ce récit les questions d’égalité, de liberté et de fraternité pour rompre l’isolement, les replis sur soi, les communautaristes ou le clientélisme sont essentielles. Nous avons bien travaillé à préparer le Parti à cette échéance. Beaucoup reste à faire et notamment dans le plus grand nombre de petites villes et de villages. Nous avons, dans la période d’ici janvier, à donner à voir la dimension nationale pour le PCF dans ces municipales. C’est ce qui est attendu de nos travaux et qui contribuera, avec notre action locale, à atteindre nos objectifs politiques, pas seulement arithmétiques, pour ces élections. »