Pour une campagne féministe du PCF aux élections municipales 2020

Le simulacre de Grenelle contre les violences se termine sans aucun budget supplémentaire à ce jour et sans association des élu.e.s locaux et de bien d’autres actrices et acteurs essentiels. Dans le même temps, la question des violences faites aux femmes, depuis #Metoo en 2017, donc depuis 2 ans, continu de secouer la France et le monde comme une évolution de la société indéniable, malgré la force des réactionnaires.

C’est dans ce contexte que nous devrions placer les communes en première ligne de la lutte pour les droits des femmes, pour l’égalité femmes-hommes et contre les violences faites aux femmes, singulièrement contre les féminicides. Les services publics formés et dotés, aux côtés des associations, sont la meilleure des protections pour les femmes.

Concernant les violences sexuelles et sexistes au sein des institutions étatiques et locales, une tribune pour un #Metoo des territoires a été signée par une centaine de personnalités dont de nombreuses communistes. Aujourd’hui encore la peur du licenciement est un frein à la dénonciation, et des représailles comme à Saint-Nazaire existent, empêchant la liberté de parole des victimes.

Aujourd’hui encore la place des femmes dans les institutions, à égalité avec les hommes, n’est pas un acquis malgré la loi sur la parité : il nous faut agir pour la parité et contre les freins au sein des instances communautaires, notamment au sein des exécutifs intercommunaux.

Quelques chiffres clés : Un communiqué de février 2019 du Haut Conseil à l’égalité montre que seul 1/3 des femmes siègent dans les conseils intercommunaux, un peu plus d’un tiers aux conseils des communes et 20% au sein des exécutifs d’interco. Le HCE* réclame la parité pour les fonctions de maire et premier adjoint :

  • En octobre 2017, suite aux élections sénatoriales, le Sénat est composé de 31,6% de sénatrices (110 sur 348), contre 25% en 2014 (87 sur 348) et 22,1% en 2011 (77 sur 348).
  • À l’Assemblée nationale, elles représentent 38,7% (224/577). En 2015, suite aux élections régionales, les femmes composaient 47,9 % des conseils et 48,4% des vice-présidences, pour lesquels existent des contraintes paritaires strictes. Par contre,  elles composent 16,7% des présidences des Conseils régionaux, pour lesquelles ne s’applique aucune contrainte paritaire.
  • Départementales : 50% des conseils, et 48,4% des vice-présidences, 9,9% des présidences des conseils départementaux pour lesquelles ne s’applique aucune contrainte paritaire.
  • Fin 2015, dans la Fonction publique territoriale, concernant les responsabilités administratives, les femmes représentent 61,3%

En 2019, on dénombrait seulement 16,9% de femmes maires (dont 6 seulement à la tête de grandes villes de plus de 100 000 habitants - comme Paris, Lille, Nantes, Amiens…) et en 2014 seuls 17,1% des têtes de liste étaient des femmes.

Alors que proposons-nous avec la commission féministe du pcf ?

Déjà de créer partout une délégation d’ajoint.e aux droits des femmes avec personnels et budget, tout en visant un travail intégré aux autres délégations, de genrer les budgets municipaux, enfin de mettre en place une politique budgétaire d’éga-conditionnalité dans l’attribution aux subventions.

Ainsi nous formulons 30 propositions pour les élections municipales pour agir dans les communes, notamment :

Pour l’Éducation à l’égalité : Avec la formation des professionnel.le.s des crèches (tous ceux en contact avec les enfants) pour l’éducation à l’égalité filles/garçons. À l’horizon 2026, répondre massivement aux demandes de places en crèches (de différents types) pour un vrai service public incontournable. Former les animateurs/trices du péri-scolaire et tous les personnels en contact avec les enfants à l’égalité filles/garçons, réaménager les cours d’école sous un prisme genré, enlever les terrains de foot, rendre les sols perméables (éco-responsable) et réaménager les cours avec des jardins, des jeux mixtes …

Pour l’Emploi/Insertion : Travailler en interne des collectivités à la déprécarisation des métiers féminisés, organiser la mixité des métiers. Mettre en place des dispositifs internes de lutte contre le harcèlement sexiste et sexuel au travail, tolérance zéro. Remplacer les congés maternité, susciter la prise des congés paternité. Prioriser l’insertion pour les familles monoparentales (85 % de femmes seules avec enfants et la moitié sous le seuil de pauvreté).

Pour le Partage de l’espace public : Avec des arrêts du bus, transport public, à la demande, revoir les éclairages pour lever le sentiment d’insécurité, avec des éclairages éco-responsable qui s’allument au passage des piétons, lutter contre les publicités sexistes en intervenant par des clauses dans les marchés. Donner des noms de femmes dans l’espace public et de féministes particulièrement (matrimoine).

Contre les Violences faites aux femmes : Avec un soutien financier renforcé aux associations de lutte contre les violences faites aux femmes, mener des campagnes grand public de sensibilisation, organiser un réseau de professionnels. Organiser un lieu unique « cité de l’égalité ou des droits des femmes », d’accueil Violences Sexistes Sexuelles et Violences Faites aux Femmes conjugales mais également pour les enfants co-victimes en lien avec lieux de santé, plateau de professionnels sociaux et en lien avec la police/gendarmerie/procureur ; réserver des logements sociaux aux femmes victimes de violences dont certains pour les agent.e.s de la collectivité.

Et pour la Santé des femmes et la prévention avec un soutien aux maternités de proximité, aide à la parentalité dans le retour à la maison après l’accouchement. Permettre aussi le choix et l’accès aux 3 méthodes d’IVG aux femmes qui le souhaitent et dans les modalités qui leurs conviennent. Pour la prévention MST/IST mais aussi formation au « consentement ». Pour la formation et sensibilisation du grand public sur les maladies et symptômes spécifiques des femmes (endométriose/cancer du sein…) et pour lutter contre les précarités menstruelles, collecter des boîtes à dons pour femmes précaires et à la rue. Organiser la prévention et discussions sur le tabou des règles auprès des jeunes collégien.ne.s, garçons et filles. 

Hélène Bidard, membre du CEN du PCF.