Premier bilan et propositions d’initiatives

Igor Zamichiei, responsable national à la Vie du Parti, présentait le rapport introductif à la réunion des secrétaires départementaux du 6 juin. Extraits.

« La situation politique est grave et notre résultat est décevant, déclarait d’emblée le responsable communiste. Il nous faut, je crois, nous garder de tomber dans deux écueils. Le premier écueil serait de se dire que nous avons fait une belle campagne, et que la perte de nos députés européens n’est pas si grave que ça, et de ne pas nous interroger sur les difficultés rencontrées. (…) Le deuxième écueil serait à l’inverse de penser que notre résultat peut à lui seul résumer notre dynamique politique. Aussi, regardons avec lucidité nos difficultés tout en nous appuyant sur la campagne dynamique que nous avons menée pour affronter les défis auxquels notre parti et la gauche sont confrontés. Et surtout gardons l’état d’esprit très offensif de notre campagne, travaillons à prendre tout de suite des initiatives nationales fortes. »

Son rapport aborde trois grandes questions : Quelle situation politique nationale à l’issue du scrutin ? Quels premiers éléments de bilan de la campagne communiste ? Quelles propositions d’initiatives ?

Les résultats du scrutin ont marqué une nouvelle étape de la recomposition politique avec le duo LaREM/RN qui domine le paysage, un Macron “relégitimé” et un RN qui capte le mieux l’opposition au chef de l’État.

Les écologistes enregistrent un score élevé : « Cette percée n’est compréhensible que si on prend conscience de l’enjeu que constitue la montée de l’exigence écologique en France et en Europe. C’est un enjeu décisif pour nous communistes. D’une part, parce que le défi écologique est un des principaux défis de civilisation que nous avons à affronter. D’autre part, parce que si nous ne traitons pas cette question à la hauteur, les capitalistes verts pourraient dévoyer les mobilisations citoyennes en la matière et s’installer durablement comme le troisième visage de la classe que nous combattons aux côtés des libéraux et des fascistes. Peut-être même jusqu’à en faire un axe majeur de l’approfondissement des logiques capitalistes quand les catastrophes climatiques s’amplifieront. Nous devons donc considérablement amplifier la bataille idéologique et politique sur la nature de la transition écologique à conduire et entrer en grand en dialogue avec les mobilisations pour la justice climatique et l’ensemble des enjeux environnementaux. Ne pas verdir artificiellement notre discours, car ce serait accélérer le dévoiement des exigences dans le capitalisme vert, mais bien élaborer et partager une ambition de civilisation qui réunit les exigences sociales et écologiques en élevant le débat politique sur la nécessaire transformation de notre mode de production. Et nous avons beaucoup produit et beaucoup à dire encore à ce sujet. »

Dernier élément du nouveau paysage : une gauche très affaiblie.

Si le score communiste est décevant, « nous devons préserver l’état d’esprit très positif et le rassemblement qui a été le nôtre dans cette bataille politique majeure. Nous partageons tou·te·s la qualité de la campagne menée, la très bonne conduite de notre liste par Ian Brossat et l’engagement de tous les candidat·e·s. Comme beaucoup d’observateurs l’ont relevé, notre parti a retrouvé de la visibilité sur le champ politique et il a regagné de l’influence à gauche, ce dont témoignent les appels au vote, même si cet acquis de la campagne ne s’est pas traduit dans les urnes. Nous avons franchi une étape qualitative, tant dans notre communication, notamment numérique, que dans l’efficacité de certaines de nos actions militantes. En somme, nous avons semé mais pas encore récolté. »

Il avance quelques raisons à ce score : la liste n’apparaissait pas comme une alternative crédible ; la difficulté à mettre en avant des propositions radicales et populaires ; la faiblesse du collectif militant ; le mode de scrutin injuste.

Quant aux initiatives à prendre, le rapporteur avance plusieurs pistes :

- La bataille pour obtenir un référendum contre la privatisation d’ADP, bataille “majeure” mais aussi luttes sur le front de l’emploi, pour l’égalité professionnelle, les libertés syndicales.

- Deuxième axe : « Nous devons engager en grand le travail de reconstruction d’une gauche de transformation sociale capable de disputer au RN l’alternative à Emmanuel Macron.(…) Comme nous l’avons porté dans notre congrès, il s’agit de construire une union politique et populaire agissante, non rassembler pour rassembler, mais ancrer le rassemblement dans des batailles concrètes jusqu’à obtenir des victoires sociales. »

- Troisième axe : « Nous devons renforcer notre rapport à la société, à commencer par renouer avec le monde du travail. »

Igor Zamichiei terminait avec la Fête de l’Humanité et les objectifs politiques que les communistes pourraient y mettre au cœur : soutenir le journal, améliorer l’image, la visibilité et le renforcement du PCF ; faire progresser l’alternative à la politique gouvernementale et à l’extrême droite (ADP, retraites, institutions) ; préparer les élections municipales en montrant l’originalité de l’apport du PCF et la nécessité de larges rassemblements de gauche pour répondre aux exigences des habitant·e·s ; faire vivre le débat et la construction politique avec les autres forces de gauche (et aussi toutes les personnalités rassemblées dans le cadre de notre campagne européenne) tant sur les grands enjeux nationaux précités que sur les municipales ; commencer à installer notre message pour le centenaire du PCF.