Répressions à l’encontre des lycéens mobilisés

Voilà plus de trois semaines que les E3C (épreuves communes de contrôles continus) ont débuté. Ces épreuves connaissent depuis le début la contestation d’un front large allant des enseignants aux élèves en passant par les parents d’élèves. On estime à 43% le nombre d’épreuves perturbées par cette mobilisation. Les lycéens mobilisés exigent non seulement le report des épreuves mais plus globalement le retrait de la réforme du bac. Cette réforme va amplifier les inégalités et entériner la sélection sociale qui avait été mise en place avec Parcoursup.

Face à cette contestation légitime, le gouvernement, assisté par des proviseurs zélés, fait le choix de la répression. Leur volonté est claire : tuer la mobilisation dans l’œuf.

Une répression policière et juridique inédite

Le mouvement de contestation contre les E3C a connu une surprenante réponse policière. Un usage systématique des forces de l’ordre incompréhensible contre des élèves pacifiques. La photo d’un CRS contrôlant les élèves à l’entrée des établissements a fait le tour des réseaux sociaux est malheureusement devenue le triste quotidien des lycéens mobilisés depuis maintenant trois semaines.

Les jeunes mobilisés contre les E3C subissent une répression policière d’une violence inédite. La plupart des lycées mobilisés ont connu une intervention des forces de l’ordre. Les policiers n’hésitant pas à user de la force contre les jeunes, voire même à l’encontre des enseignants et parents d’élèves mobilisés.

Aux photographies de CRS aux entrées des établissements, voire au sein même des établissements, s’ajoute le nombre de jeunes interpellés et mis en garde à vue. À Paris, quatre jeunes, dont trois mineurs, ont passé trente heures en garde à vue pour avoir alimenté un feu de poubelle. Une enquête a été ouverte pour dégradation de bien d’autrui par un moyen dangereux. L’avocate de trois des quatre jeunes a qualifié la procédure de « disproportionnée ». Les jeunes sont convoqués devant le tribunal le 17 mars prochain.

Le gouvernement cherche à instaurer un climat de peur chez les lycéens pour les dissuader de se mobiliser. À la répression policière s’ajoute une lourde répression administrative, condamnant certains lycéens à une double voir triple peine.

Une répression administrative inacceptable

Aux coups de matraque s’ajoute une répression administrative. Un grand nombre de lycéens subissent des pressions de la part de leurs établissements pour les punir de s’être mobilisés. De nombreuses sanctions à l’encontre des organisateurs des blocus ont été faites, allant du blâme au conseil de discipline. Ces sanctions disciplinaires auront désormais un impact sur la suite du parcours des élèves, car avec la réforme du bac, 10 % de la note finale sera faite sur le dossier scolaire. En plus de passer des épreuves dans des conditions calamiteuses, certains vont ainsi voir leur moyenne tombée par un dossier scolaire saboté par leur proviseur pour s’être mobilisés contre cette réforme injuste.

Bien pire que le dossier scolaire, certains lycéens ne s’étant pas rendus aux épreuves se sont vu attribuer un zéro d’office sans possibilité de passer les rattrapages. Cela a fait le tour des médias nationaux. Une quinzaine de lycéens de La Rochelle ont eu un zéro d’office aux épreuves des E3C pour s’être mobilisés devant leurs établissements ou pour certains avoir uniquement suivi un compte Instagram relié au blocage de leur lycée. Alors qu’aujourd’hui, la sélection et la mise en concurrence à tous les niveaux sont de mise, plomber ainsi la moyenne des élèves va avoir des effets désastreux sur l’avenir de ces jeunes.

Ce déchainement répressif s’inscrit dans un contexte de contestation généralisée contre le gouvernement et sa réforme des retraites. Alors que les foyers de mobilisations ne s’éteignent pas, il semble que l’exécutif craint une mobilisation des jeunes qui aurait fait jonction avec les syndicats professionnels. 

Léon Deffontaines, secrétaire général du MJCF.