Tous ensemble pour la santé et le médico-social

Le 11 septembre, la CGT appelle tous les hospitalier·e·s, mais aussi la psychiatrie et le médico-social à se mobiliser pour « des moyens à la hauteur de la santé et de l’action sociale ». Cette nouvelle journée de mobilisation va se passer dans un contexte inédit avec plus de la moitié des services d’urgences des hôpitaux publics de France se déclarant grévistes. Après la forte mobilisation des Ehpad l’an dernier, c’est au tour des services d’urgences de manifester leur ras-le-bol face à un hôpital public au bord de l’implosion.

Après des années en sous-effectifs, avec des cadences infernales, les professionnels de santé réclament des moyens pour exercer leurs métiers, à hautes exigences humaines, dans des conditions normales. Normales, cela veut dire avec du personnel en nombre suffisant, avec des lits d’aval prêts pour accueillir les patients, avec une reconnaissance humaine et financière de leurs métiers. Et c’est cela qu’ils revendiquent, juste des moyens pour bien faire leur travail.

Jusque-là enfermée dans le déni, essayant de discréditer les professionnel·le·s grévistes comme « irresponsables », de culpabiliser les patients comme « tricheurs », lâchant quelques miettes en espérant que la pause estivale allait éteindre l’incendie, Mme Buzin a commencé à dévoiler son « plan de sauvetage des urgences » le lundi 2 septembre pour le compléter le 9 septembre.

Douze mesures pour sauver les urgences, 12 mesures techniques et organisationnelles découlant pour la plupart du plan santé 2022 et dont le délai de mise en place sera long et chaotique. Elle nous annonce un budget dédié de 754 millions d’euros sans expliquer le financement de ce budget. Sera-t-il pris sur le budget des hôpitaux et dans ce cas-là manquer aux autres services ? Pas de réponse pour l’instant. Pas d’embauches comme le réclament les syndicats et le collectif inter-urgences, pas d’ouvertures ou de réouvertures de lits. Pas de revalorisation des salaires si ce n’est une modeste prime de 100 €. Les recrutements se feront pour la mise en place de ses 12 mesures et ne correspondront en rien aux 10 000 emplois supplémentaires nécessaires pour les seules urgences. Quel mépris de ce gouvernement vis-à-vis des salarié·e·s en lutte.

Restant sur sa posture de réduction des dépenses publiques et d’austérité budgétaire, le gouvernement ne répond en rien aux attentes des professionnel·le·s de santé, à l’égalité d’accès aux soins, dans la proximité, pourtant plébiscitée par toutes les mobilisations de citoyen·ne·s qui se sont déroulées en ce début d’année.

L’enjeu, comme la CGT qui appelle à la mobilisation le 11 septembre le souligne, c’est d’en finir avec le service public hospitalier. Cette casse de l’hôpital public largement amorcée depuis de nombreuses années avec les cures d’austérité successives - 1 milliard d’euros d’économies demandées aux établissements publics en 2019 - (8,4 milliards d’euros d’économies réalisées sur le dos des hôpitaux publics en 14 ans selon la FHF (Fédération hospitalière de France), impliquant des réductions de dépenses de personnel, des reports des investissements, des fermetures de services et suppressions de lits, franchit un nouveau cap avec « Ma santé 2022 ». En faisant des hôpitaux de proximité des coquilles vides, en faisant un pas de plus dans la porosité public-privé souhaitée par E. Macron, c’est tout un pan de notre système public de santé qui est offert au privé commercial avec des conséquences néfastes pour une large partie de la population et un risque grandissant de non-recours aux soins. Dans un contexte de pénurie de médecins et de déserts médicaux, la perspective de l’éloignement des structures publiques de santé se limitant aux centres hospitalo-universitaires ou aux gros hôpitaux de secteur ne peut constituer une réponse aux besoins de santé, à la proximité et l’égalité d’accès aux soins en tous points des territoires auxquels aspirent la population et les professionnel·le·s de santé.

 

De l'argent, des idées, il y en a.

 

Et pour un service public hospitalier et un système de santé du XXIe siècle, il faut des moyens à la hauteur des besoins d’aujourd’hui, à l’inverse de la politique menée depuis de nombreuses années et amplifiée par le gouvernement actuel. Aujourd’hui on adapte les besoins aux moyens, dans un étau qui comprime les dépenses de santé. Ce financement, l’ONDAM (objectif national des dépenses d’assurance maladie) voté chaque année lors du PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) est largement en deçà des besoins de financement de la santé. Pour rappel, son augmentation pour les établissements publics de santé a été de 2,5 % en 2019 alors qu’il faudrait une hausse de 4,5 à 5 % pour répondre à l’urgence de la situation. Malgré le retour programmé de l’équilibre des comptes de la Sécurité sociale, il n’est pas à l’ordre du jour du gouvernement d’améliorer notre système de santé. Bien au contraire, c’est un moyen de plus pour justifier les pertes de recettes à coups d’exonérations et de suppressions de cotisations sociales. Un pas supplémentaire dans l’explosion de notre système de Sécurité sociale, vieux rêve des capitalistes et de la finance. Le PLFSS pour 2020 va être présenté fin septembre et il faut s’attendre à une nouvelle salve de mauvais coups contre notre modèle solidaire issu du CNR.

Pourtant de l’argent et des idées il y en a ! Le PCF fait des propositions. Notre système de santé doit bien sûr s’adapter aux défis du XXIe siècle et s’inscrire dans une organisation articulant service public hospitalier et structures de soins primaires autour de centres de santé, et pour cela une véritable loi de santé publique est nécessaire. Nous faisons des propositions pour un plan d’urgence pour l’hôpital avec l’arrêt des restructurations hospitalières, la création de 100 000 emplois avec plan de formation et la réduction des contraintes budgétaires (toutes ces propositions sont développées sur le site de notre secteur Santé et protection sociale du PCF). Nous affirmons qu’augmenter les recettes de l’Assurance Maladie c’est possible en s’attaquant à l’appétit du grand capital qui cherche à se désolidariser de son financement et tirer profit de son budget.

Nos parlementaires PCF, après leur tour de France des hôpitaux, ont élaboré une proposition de loi qui sera présentée et débattue lors de la Fête de l’Humanité.

Enfin, nous appelons l’ensemble des usagers et des professionnel·le·s de santé à se mobiliser le 11 septembre à l’appel de la CGT santé et action sociale, pour des moyens pour la santé, pour une assurance maladie du XXIe siècle : le 100 % sécu. µ

Maryse Montangon, membre du CEN.