Le 6e forum européen: La gauche européenne face aux défis de civilisation

Le 6e forum européen des forces de gauche, vertes et progressistes s’est tenu à Athènes du 21 au 23 octobre. Ce rendez-vous a désormais sa place dans le calendrier des forces politiques, syndicales et associatives. Après une version intégralement en ligne en 2020 puis une forme hybride en 2021, le forum reprend une formule complète, incluant des séances plénières, des assemblées (assemblée des femmes, assemblée des syndicalistes, assemblée des jeunes, assemblée de la culture) et des ateliers.

Il faut également mentionner la participation du groupe parlementaire « La Gauche » du Parlement européen et celle des fondations, verte, sociale-démocrate et de la gauche européenne Transform ! C’est ainsi qu’ont pris part au Forum plus de 350 inscrits, sans compter les connexions en visioconférence, représentant 125 organisations politiques, syndicales et associatives issues de 35 pays.

La finalité du Forum est double : d’une part travailler à des réponses à la crise pour que ce ne soit pas aux peuples de la payer ; et d’autre part faire bouger les lignes à gauche, dans la perspective de la transformation sociale et de la rupture avec le libéralisme afin de travailler à l’émergence de convergences nouvelles dans l’optique de nouvelles majorités sociales et politiques répondant aux exigences portées par les mobilisations sociales et citoyennes.

Le Forum de cette année est bien évidemment marqué par le défi de civilisation auquel font face les peuples européens : l’horizon de la guerre, la crise énergétique, la crise climatique, la menace d’une nouvelle crise financière, l’utilisation de l’argent, les questions de santé et de logement, l’essor de l’extrême droite, les menaces sur les droits des femmes... Le PCF a activement participé à l’ensemble des débats grâce à une délégation importante (Pierre Laurent, Patrick Le Hyaric, Cécile Dumas, Vincent Boulet, Félix Atchadé, Pierre Lacaze, Hélène Bidard, Charlotte Balavoine, Shirley Wirden, Frédéric Boccara, Ian Brossat, Fabien Cohen).

Au-delà de la grande diversité politique et des différences de points de vue, les débats furent marqués par une grande gravité devant l’ampleur des menaces. Leur point de départ rejoint le fameux constat de Jaurès : « le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage », cité par plusieurs orateurs. Les ateliers et les différentes séances ont été riches de propositions, dépassant d’ailleurs souvent le cadre européen, étant donné le caractère international des enjeux. Nous avons ainsi pu, par exemple, entendre un représentant du Congrès national du Kurdistan ainsi que Aida Sopi Niang, maire adjointe de Dakar.

L’impératif de sécurité collective et globale a été fortement souligné lors du Forum, et se retrouve dans sa déclaration finale. L’exigence de dissolution des alliances militaires, et par conséquent la nécessité de sortir de la logique de bloc, entretenu par l’OTAN, a été fortement portée lors des débats. De même que le fut l’enjeu de désarmement négocié, multilatéral et global, notamment en matière d’armes nucléaires. Le co porte-parole de Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires, Jean-Marie Collin, est ainsi intervenu dans ce sens. Par ailleurs, l’ampleur du défi de civilisation souligne l’importance de ne pas juxtaposer les enjeux, mais de les lier. Il n’y aura pas de progrès social sans paix. Il n’y aura pas de solution à la hauteur de l’urgence de la crise et du dérèglement climatiques sans paix.

Bien évidemment, la diversité des forces représentées ne doit pas occulter les débats tactiques et stratégiques qui reflètent ceux qui traversent la gauche en Europe. Ils sont nécessaires pour avancer et pour construire. Ainsi en est-il, par exemple, des modalités de la prise du pouvoir sur l’argent, de l’utilisation des fonds de la BCE pour répondre aux impératifs de transformation sociale et de transition écologique, alors que le GIEC recommande de consacrer 6 % du PIB par an à de telles fins, ce qui représente 900 milliards d’euros à l’échelle de l’Union européenne.

Le prochain congrès du Parti de la gauche européenne, qui se tiendra à Vienne du 9 au 11 décembre, donnera l’opportunité de poursuivre de tels débats pour être au rendez-vous des urgences pacifistes, démocratiques, sociales et écologiques qui sont communes à l’ensemble des peuples européens.

Vincent Boulet
responsable des questions européennes