Présidentielle : Fabien Roussel, le communiste qui ose dire «non» à Jean-Luc Mélenchon (Fabien Roussel dans le Figaro)

Le secrétaire national du PCF souhaite que son parti présente une candidature autonome en 2022 et non un ralliement au leader insoumis comme en 2012 et 2017. Il rêve de créer la surprise.

«Je suis persuadé qu'il y a un espace», confie Fabien Roussel. Depuis son bureau qui domine la place du Colonel-Fabien, le secrétaire national du PCF rêve de se lancer dans la course à l'Élysée. Il en avait d'ailleurs fait son engagement de campagne lors de son élection à la tête du parti en 2018. Avec lui, les communistes auraient une candidature autonome à la présidentielle de 2022. Fini donc les ralliements derrière Jean-Luc Mélenchon comme en 2012 et 2017. «PCF is back!», répétait-il. Son ambition se concrétise. La stratégie a été approuvée par le Conseil national du parti dimanche dernier. Elle doit encore être entérinée par les militants, appelés à se prononcer entre le 7 et le 9 mai. S'il est bien désigné, Fabien Roussel promet : «J'irai jusqu'au bout. Jusqu'au bout», répète-t-il, appuyant bien sur toutes les syllabes.

«J'ai une vie normale»

Sa candidature ne risquerait-elle pas de diviser encore un peu plus la gauche alors que la liste des prétendants ne cesse de s'allonger? Fabien Roussel estime - comme les autres - qu'il est le plus à même de représenter son camp «face à la droite de Macron, et l'extrême droite de Marine Le Pen». Seulement, le chef des communistes dispose, selon lui, d'un avantage : il est encore peu connu des Français et disposerait, de fait, d'une sorte de virginité politique. «Tout le monde souhaite que la gauche se rassemble et l'emporte. Travaillons à cela avec une candidature neuve et un candidat qui ressemble à beaucoup de Français», propose-t-il. Car le communiste l'assure : «J'ai une vie normale. J'habite dans le Nord, je travaillais avant d'être élu pour la première fois en 2014».

Forcément, les ardeurs de Fabien Roussel passent mal du côté de La France Insoumise, dont le QG de campagne n'est qu'à une dizaine de minutes à pied du siège historique du PCF. «Il veut que la gauche soit unie et en même temps il veut se présenter de son côté, déplore un cadre LFI. C'est à se demander s'il y a quelque chose de construit politiquement derrière cette idée... Peut-être a-t-il simplement envie d'avoir sa tête sur toutes les affiches de France?» Glacial. Selon les communistes, c'est même Jean-Luc Mélenchon qui aurait posé son veto début mars pour empêcher Fabien Roussel d'être à la tête d'une liste d'union avec le PS, le PCF et LFI pour les régionales dans les Hauts-de-France en juin prochain. Manière de lui faire «payer» ses ambitions présidentielles. «Rien n'était acté avec les communistes et les socialistes», nuance-t-on aujourd'hui du côté de La France Insoumise.

«Je ne vais pas commenter les problèmes de Mélenchon...»

Le député du Nord refuse de rendre les coups. «Ce n'est pas à la hauteur de l'enjeu. On a un million de jeunes sans emploi, sans étude, dont une grande partie fait la queue pour avoir à manger. Donc je ne vais pas, pendant ce temps, commenter les problèmes de Mélenchon...», évacue-t-il. S'il est candidat, le chef du PCF souhaite d'ailleurs convaincre au-delà des électeurs de gauche. «Je veux parler au monde du travail. Quand je dis ça, je pense à l'ouvrier des usines, à l'agriculteur, à l'infirmière, à l'instituteur, à l'artiste mais aussi aux chefs d'entreprise de tailles moyennes soumis aux lois des banques et des multinationales», explique-t-il. Fabien Roussel promet qu'il mettrait un point d'honneur à la lutte contre l'évasion fiscale. «Je peux vous dire qu'avec moi, ils vont rentrer à la maison», prévient-il.

Le communiste rêve aussi d'incarner une candidature qui parviendrait à mettre un terme aux débats qui traversent la gauche - y compris au sein du PCF - sur les luttes dites «intersectionnelles». «Aujourd'hui, les luttes sont trop segmentées, en fonction de sa couleur de peau, de son sexe, de son genre, de sa religion... En face, la classe des riches est, elle, moins nombreuse, mais unie. Cette segmentation nous affaiblit plus qu'autre chose», regrette-t-il.

Pour Fabien Roussel, le premier objectif sera surtout de prouver qu'un communiste peut se présenter à une élection présidentielle autrement que pour faire du témoignage. La dernière fois que le PCF s'était lancé seul dans la course à l'Élysée en 2007, Marie-George Buffet n'avait en effet recueilli que... 1,93% des voix.