Prise de contrôle de M6 par TF1 : « un nouveau coup contre le pluralisme » (Pierre Dharréville - PCF)

Les grandes manœuvres s’accélèrent dans le petit monde des médias et la grande concentration du pouvoir se poursuit. La prise de contrôle de M6 par TF1, va bouleverser l’audiovisuel français par la création d’une entité qui va agglomérer 40% de l’audimat et contrôler 70% du marché publicitaire, pour un total supérieur à 2 milliards d’euros par an. Cette opération constitue un nouveau coup contre le pluralisme de l’information et de la création.  Et l’on peut d’ores et déjà s’inquiéter que cette opération comporte un plan de licenciements d’ampleur.

Les promoteurs de cette opération, dont tous les observateurs disent qu’elle a été adoubée à l’Elysée à un an de la Présidentielle, la présentent comme la volonté de créer un géant français en mesure de concurrencer les nouvelles puissances comme Netflix. Il s’agit ainsi de se calquer sur les modèles marchands les plus agressifs. Or, les médias exercent aujourd’hui un pouvoir considérable sur la construction des représentations du monde et sur les imaginaires. La qualité de l’écosystème médiatique conditionne la vie sociale, démocratique, politique, culturelle et intellectuelle. Il n’y a aucune raison d’en laisser le contrôle aux puissances d’argent qui, par nature, chosifient le monde.

 

L’heure ne doit pas être à l’uniformisation culturelle, au formatage des rédactions, des productions et des esprits. Cette opération visant à créer une force d’influence exorbitante souligne la faiblesse actuelle des dispositifs anti trusts qui ne sont pas assez protecteurs. Il devraient empêcher les grands groupes industriels de posséder de grands médias. Elle appelle également à développer un service public de l’audiovisuel puissant et démocratique, lui-même vecteur de pluralisme, capable de relever les défis contemporains. Elle appelle à conforter et déployer des médias indépendants des puissances d’argent, enracinés dans la vie réelle et soucieux, chacun à leur façon, d’émancipation humaine.

 

Pierre Dharréville, responsable de la commission Culture au PCF,

 

Paris, le 19 mai 2021