Reprise de l’École le 11 mai : Le service public de l’Éducation nationale ne doit pas se transformer en garderie !

Le Chef de l'État a annoncé que la reprise du 11 mai ne s'adressera pas à tous les enfants, qu'elle variera d'un territoire à l’autre, en laissant le choix aux parents de mettre ou non leur enfant à l’école. Pour les enfants en maternelle et en primaire, il fait peser toutes les responsabilités de la reprise sur le dos des maires, sans leur en donner les moyens. En cas de problème, de contamination, ce sont pourtant les maires qui seront responsables devant la loi !

C’est à l’État de donner les moyens et de définir les conditions d'une réouverture des écoles garantissant de bonnes conditions sanitaires ! Au lieu de cela, il se décharge de ses responsabilités sur les collectivités locales et les personnels de l’éducation, avec les moyens du bord. Les familles devraient ensuite prendre la responsabilité de rescolariser leur enfant - à leurs risques et périls - ou de le garder à la maison ... si elles en ont les moyens. Les personnels de l’Éducation nationale, des régions, des départements, des communes sont concernés par cette reprise: mais qui va leur fournir des masques ? Qui décide d’ouvrir ou pas une école ?

Bref, c’est de nouveau la cacophonie la plus totale. Le 11 mai serait donc la rentrée de celles et ceux qui n'ont pas le choix. Le service public de l’Éducation nationale ne doit pas se transformer en garderie ! Prenons le temps et donnons nous les moyens d’une rentrée pour tous les élèves. Nous demandons de poursuivre les consultations, les concertations, avec les personnels concernés comme avec les élus locaux.

De plus, les rectorats confirment en ce moment des fermetures de classe alors que nous aurons besoin de mobiliser tous les personnels existants, dans nos villes, dans nos villages pour dédoubler les classes et permettre une rentrée sécurisée. Nous demandons un moratoire sur toutes les fermetures de classe pour la rentrée de septembre. Il faudrait également titulariser les personnels précaires ayant fait l'objet d'une évaluation positive, augmenter significativement le nombre de places aux concours dès cette année, et reconstruire la médecine scolaire.

Nous demandons également l'aménagement des programmes et des pratiques pédagogiques pour permettre aux enseignant-e-s de ne laisser personne sur le bord du chemin à l'issue de l'interruption scolaire : cela nécessite une relance de la formation continue, l'aménagement de temps pour la concertation et la réflexion dans le service des enseignants et la reconstruction d'équipes pluri-professionnelles pour prendre en charge la difficulté scolaire.

La crise sanitaire ne doit pas devenir une crise éducative. Il est urgent de rompre avec les politiques libérales d'austérité, de concurrence et d'individualisation qui ont affaibli le service public d'éducation nationale, comme elles ont affaibli  les hôpitaux et tous les services publics.

Nous demandons un moratoire sur les réformes en cours et un plan d'urgence pour l'éducation construit avec l'ensemble des acteurs.