Un sentiment de honte nous étreint. Celui de voir la France rester spectatrice des massacres et des bombardements commis par l'armée israélienne contre les populations civiles en Palestine et au Liban.
Le PCF soutient indéfectiblement la lutte pour la réalisation des droits nationaux du peuple palestinien, c’est-à-dire celui de vivre dans un Etat pleinement indépendant, démocratique et laïc sur les frontières de 1967, avec Jerusalem Est pour capitale, aux côtés de l’Etat d’Israël, le droit au retour des réfugiés, ou à une compensation, et la fin de la colonisation et de l’occupation tel que cela a été une nouvelle fois exigé par la Cour internationale de justice le 19 juillet dernier.
Fabien Roussel a rappelé cette exigence et cette solidarité à la délégation de l’OLP en visite en France à l’occasion de la fête de l’Humanité. Nous avons rencontré Ahmad Tamimi, ministre, Membre du Comité exécutif de l’OLP et Président du Département des Droits de l’Homme et de la Société civile et Qaddura Fares, ministre, président de la Commission des Affaires des détenus et ex-détenus Palestiniens, accompagnés de l’Ambassadrice de Palestine en France, Hala Abou Hassira.
Cette rencontre s’est tenue avec gravité et émotion. Aujourd’hui, le peuple palestinien, du fait des massacres de masse, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par l’armée israélienne sous le commandement du gouvernement d’extrême-droite de Benjamin Netanyahou, est face à l’une des plus grandes catastrophes de son histoire. Les prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes sont régulièrement soumis à des actes de torture. La Cisjordanie est mise à feu et à sang par l’armée et les colons. Depuis cette rencontre, le gouvernement israélien cherche brutalement et délibérément l’escalade guerrière avec le Liban, prenant le risque d’une guerre régionale. 500 morts pour la seule journée de lundi ! Le peuple libanais est à nouveau victime de la politique meurtrière d’un gouvernement israélien. Comme l’a souligné la délégation palestinienne, le peuple israélien est aussi menacé par cette politique de hors la loi, comme l’ensemble des peuples de la région. Pour ses violations répétées et frontales du droit international la place de Netanyahou, de ses ministres, est devant la justice internationale, comme les dirigeants du Hamas, comme l’a exigé le procureur de la CPI. les provocations du Hezbollah ou du régime iranien n'autorisent pas plus les crimes de Tsahal contre des civils que les pogroms du 7 octobre ne "justifiaient" la destruction de Gaza. La délégation de l’OLP insiste sur la responsabilité historique de la communauté internationale, incapable de contraindre les gouvernements israéliens successifs à respecter ni le droit international, ni les résolutions de l’ONU (plus de 85 résolutions du conseil de sécurité, plus de 700 de l’assemblée générale). Non, le conflit n'a pas commencé le 7 octobre. Le gouvernement israélien ne respecte pas davantage les décisions de la CIJ lui enjoignant de prévenir tout risque de génocide.
Presqu’un an après les pogroms du Hamas du 7 octobre, des dizaines et centaines de milliers d’Israéliens continuent à exiger chaque semaine la démission de Netanyahou, la libération des otages et un accord de cessez-le-feu dans un mouvement historique dans son ampleur et sa durée. Samedi dernier, la direction de Standing Together a rencontré une délégation du PCF, appelant à la construction d’un front politique large, fondé sur des revendications politiques (cessez-le-feu et libération des otages, reconnaissance de l’Etat de Palestine sur les frontières de 1967, cessation des exportations d’armes à destination d’Israël, fin de l’occupation et de la colonisation), et non sur une inflation des termes dictée par une émotion par ailleurs légitime.
La délégation de l’OLP (d’ailleurs tout comme celle de Standing Together) a appelé à renforcer la pression sur le gouvernement français pour que celui-ci agisse concrètement pour faire appliquer le droit international. La reconnaissance immédiate de l’Etat de Palestine par la France, sur la base des frontières de 1967, aux côtés de l’Etat d’Israël, c’est-à-dire une solution à deux Etats, est absolument nécessaire et urgente. Il est plus qu’urgent de sortir de l’hypocrisie. La France doit également agir pour que les auteurs de crimes de guerre, soldats ou mercenaires, soient traduits devant la justice : des plaintes sont d’ores et déjà déposées devant la CPI.
Il n’y aura pas de paix sans droit, ni justice. L’impunité et les violations du droit international doivent cesser. Récusant toute dérive ou manipulation essentialiste, seule une solution politique sera à même de mettre fin au conflit. C’est d’ailleurs le sens de la déclaration commune entre nos camarades du Parti communiste israélien et du Parti populaire Palestinien publiée en juillet dernier : cessez-le-feu, retour des déplacés, libération des otages israéliens et des prisonniers politiques palestiniens, deux Etats sur les frontières de 1967. Voilà les bases pour reconstruire un mouvement pour une paix juste, large, qui manque tant, qui soit à la hauteur des enjeux et du caractère tragique de la situation pour les peuples libanais, palestinien et israélien, et qui soit à même d’instaurer un rapport de force dans la société française face aux choix hypocrites du gouvernement. Le PCF continuera ce combat pour que les deux peuples, palestinien et israélien, puissent vivre à égalité de droit dans deux Etats sur une même terre.
Vincent Boulet
Article paru dans CommunisteS n°1011 - 25/09/2024