Avec Marc Ferro, la France perd l’une de ses grandes figures intellectuelles (Fabien Roussel)

Avec la disparition de Marc Ferro, la France perd l’un de ses plus grands historiens contemporains, et la gauche perd l’une de ses plus belles figures intellectuelles, toujours au premier rang des batailles pour la justice sociale et l’ égalité républicaine.

 

Résistant et maquisard dans le Vercors, Marc Ferro se sera ensuite, toute sa vie, employé à sortir l’histoire des dogmes et des pensées pré-établies. 

C’est ainsi que, de son retour sur la Révolution russe, où il soulignait la profondeur du mouvement populaire qui allait débarrasser la Russie de l’autocratie, à ses études sur les Tabous dans l’histoire ou sur L’Aveuglement, il aura cherché à mettre en évidence l’aspiration des peuples à une autre destinée, tout en montrant la complexité et les contradictions que pouvait rencontrer leur quête d’émancipation.

De son abondante production, qui l’aura entre autres amené à explorer la relation de l’histoire au cinéma, on retiendra particulièrement ses travaux sur le colonialisme et les crimes dont celui-ci se sera rendu coupable envers l’humanité. 

Cet esprit libre, qui se sera toujours refusé à instrumentaliser la recherche historique, aura également été d’innombrables combats pour que la France reste fidèle à ses traditions de fraternité et d’universalisme, héritées de la Révolution française. Au-delà de sa remarquable Histoire de France, il se sera notamment engagé, aux côtés de Léon Poliakov et de Pierre Vidal-Naquet, contre le négationnisme antisémite.

Le Parti communiste français rend hommage à cette grande figure. Qu’il n’ait pas été communiste ne l’aura jamais fait céder aux facilités de l’anticommunisme et de ses falsifications. Et nous savions qu’il serait toujours à nos côtés, dans le grand camp des progressistes, lorsque l’essentiel était en jeu. 

Marc Ferro va terriblement manquer à notre pays, à un moment où celui-ci affronte une nouvelle épreuve historique.  

Fabien Roussel