Avec Salah Hamouri, avec le peuple palestinien, pour la paix et la justice, pour le plein respect du droit international

Depuis le 7 mars, et à nouveau dans le secret de la rétention administrative (absolument illégale au regard du droit), les autorités israéliennes maintiennent en détention l'avocat franco-palestinien, Salah Hamouri. Il doit y rester 3 mois.

Le « crime » de Salah ? être résident palestinien de Jérusalem-Est et défendre son droit à y demeurer, lui et les siens, lui et son peuple. Ce lundi 4 avril, sa ville d'adoption, Ivry-sur-Seine, a décidé en conseil municipal de lui attribuer la citoyenneté d'honneur. Il faut saluer comme il se doit ce geste de solidarité et le faire savoir. Salah Hamouri, bien que privé de ses droits à la défense puisque les motifs de poursuite et condamnation sont discrétionnaires, n'est pas seul. Le peuple palestinien n'est pas seul !

Pour quelle raison, la ville d'Ivry, ou les maires de Stains, Bagneux, Mitry-Mory, tous ces parlementaires, militant·e·s de la paix et de la solidarité et tant de personnalités s'engageant auprès du collectif Libérez Salah ont-ils et elles le courage qui manque au président Emmanuel Macron et à son âme damnée, le ministre Le Drian ? Mais peut-être déjà parce qu'à leurs yeux, à nos yeux, c'est une affaire de décence et de droiture ; car l'affirmation que les êtres humains « naissent et demeurent libres et égaux en droit » n'est pas gratuite et revêt un sens précis qui ne « s'adapte » pas au gré d'alliances opportunistes ou des complicités tacites. Non seulement cela ne se marchande pas, mais cela fonde même un sens à l'action politique : défendre l'exigence de la reconnaissance d'un État palestinien aux côtés d'Israël, défendre les prisonnier·e·s politiques palestinien·ne·s, s'opposer à la colonisation et à l'occupation, se battre contre l'instauration d'un régime d'apartheid en Israël même, c'est tenir à la lettre au droit international et aux résolutions de l'ONU.

Comment alors ne pas ressentir cette immense colère de voir notre chef de l'État, si prompt à s'indigner de crimes et violations des droits humains – lorsqu'ils ne sont pas le fait de dirigeants occidentaux –, trier en permanence « à la gueule du client » les causes, les peuples, les personnes dont les droits fondamentaux sont piétinés ? Monsieur Macron, plus notre diplomatie persévèrera dans cette voie, plus la France se mettra elle-même hors-jeu sur le plan international. Elle se verra incapable de susciter des possibilités concrètes contribuant aux transformations de l'ordre international qui s'annoncent, en pesant pour ouvrir des perspectives qui bénéficient autant au bien-être de notre peuple qu'à celui des peuples de tous les pays sans lequel notre propre bien-être est illusoire.

Le « deux poids-deux mesures », l'injustice permanente, ce sera la marque définitive d'un ordre international conçu par les puissances occidentales, pour leurs uniques intérêts et la sauvegarde de leur hégémonie sur les peuples du monde. Cet ordre-là vacille sous le poids de ses contradictions internes, mais aussi des réactions légitimes qu'il suscite : le pire comme le meilleur pourrait en sortir. Certains veulent remplacer une hégémonie par une autre, une « alliance » par une autre. Ce n'est pas le cas des communistes, internationalistes. La condition pour que le meilleur sorte de ces temps de « basculement » est que les peuples, les forces du travail et de la création se rassemblent et imposent la satisfaction de leurs intérêts à la grande marche du siècle et des logiques de solidarité en lieu et place de celle de domination et de concurrence.

Personne n'est dupe du renoncement du gouvernement français et de l'abandon, de fait, d'une position historique de la France fondée sur les principes du droit international qui est celle de la « solution à deux États ». Ce choix français, comme celui de vendre des armes à des régimes agressifs, des régimes tyranniques ou à des belligérants (oui : hier la Russie et aujourd'hui l'Ukraine – pour ne prendre que ce terrible exemple), ne garantit aucune sécurité « globale » ; au contraire : il la mine en permanence. L'exigence de la reconnaissance de l'État palestinien n'est pas optionnelle au regard du droit et malgré les apparences et le bal des hypocrites qu'on impose au peuple palestinien depuis des décennies. À l'approche du 10 avril, Monsieur le Président, il serait bon de s'en souvenir.

À la suite de Fabien Roussel, candidat du PCF à l'élection présidentielle, qui lui a manifesté son soutien, des élu·e·s et militant·e·s communistes engagé·e·s dans la mobilisation pour obtenir la libération immédiate de Salah, nous voulons amplifier encore la solidarité en démultipliant les interpellations directes au président Macron (#EmmanuelMacron), les initiatives et rassemblements de paix, et en collectant les fonds nécessaires à la défense de Salah et des prisonnier·e·s politiques palestinien·ne·s en envoyant vos dons à l'AFPS (21ter rue Voltaire, 75011 Paris).

Lydia Samarbakhsh
membre du CEN,
responsable du secteur International