Besoin de résistance et d’espoir

Dans son intervention à l’Université d’été à Strasbourg, samedi 27 août, Fabien Roussel évoque longuement la situation internationale, la crise énergétique et la crise climatique, la question des transports aussi. Extraits ci-dessous de la dernière partie de son propos sur les enjeux politiques de la rentrée.

Notre projet de société, ce n’est pas seulement de résister en désobéissant au capital, à ses relais institutionnels ou économiques. Nous voulons que les travailleurs et les classes populaires comme les classes moyennes, les peuples, s’approprient les pouvoirs partout où c’est nécessaire pour imposer les changements indispensables. Vous savez ce que ça signifie. Il va falloir se mobiliser. Beaucoup. Car le camp libéral, majoritaire en France au Parlement, avec le soutien de l’extrême droite, prépare un tour de vis violent pour les Français. Violent pour les familles populaires, pour la jeunesse, violent pour les services publics dont nous avons pourtant un impérieux besoin, violent pour le monde du travail et de la création.

Le besoin de résistance à cette politique et le besoin d’espoir, d’alternative est plus urgent que jamais pour redresser le pays. Nous y parviendrons à la seule condition que toutes les forces vives du pays qui ont intérêt au changement se mettent en mouvement. Car là se trouve la majorité politique de demain.

Comme ils l’ont fait au plus profond des années noires, avec le programme des Jours heureux, les communistes engagent aujourd’hui toutes leurs forces pour rassembler toutes les forces sociales qui ont intérêt à rompre avec les logiques capitalistes autour de la perspective d’une nouvelle République, sociale, démocratique, laïque et universaliste, qui donne enfin les moyens à la majorité de la France de décider enfin de son avenir, grâce à de nouveaux pouvoirs d’intervention et de décision.

C’est pourquoi, en cette rentrée, je lance un appel à toutes ces forces, aux forces de gauche, aux forces syndicales et associatives. À toutes et tous, je dis : construisons ensemble ce grand mouvement populaire, social et écologique, dont la France a besoin. Regardez d’ores et déjà le mouvement des travailleurs britanniques qui grandit outre-manche. Un mouvement exceptionnel quand on sait les freins à la grève dans ce pays.

Une mobilisation qui montre la force de l’action collective avec l’engagement récent des dockers qui rejoignent les cheminots, les postiers, les éboueurs, les avocats, les employés de l’opérateur télécom BT ou encore de nombreux salariés de la logistique. Certains de ces secteurs n’étaient pas entrés en grève depuis plus de vingt ans.

En France aussi nous avons besoin que le peuple, les travailleuses et les travailleurs, s’en mêlent ! C’est pour cette raison que les communistes soutiennent fortement les journées de mobilisation des 22 et 29 septembre décidées par plusieurs organisations syndicales. J’appelle les communistes à s’investir pleinement pour la réussite de ces deux journées qui marqueront une première étape indispensable de la mobilisation.

Comme je l’ai dit hier, travaillons ensemble, force de gauche et mouvement social, à une réforme progressiste des retraites et obtenons un référendum pour que les Français puissent choisir entre une réforme des retraites justes, sociale, féministe, et une réforme des retraites dures, allongeant le temps de vie au travail, triste pour l’avenir de nos enfants.

L’heure est à la construction d’un mouvement populaire inédit pour l’éradication du chômage, pour un travail et un salaire digne, pour le déploiement de la République partout et pour toutes et tous, avec le développement des biens communs que sont le climat, la santé, l’éducation, la culture, par de grands services publics et la grande paix humaine.

Et si nous voulons qu’un tel mouvement obtienne des avancées, nous devons montrer que les richesses existent et nous voulons reprendre le pouvoir dessus, sur leur production, sur leur répartition. Nous voulons nous réapproprier nos moyens de production, reconquérir notre souveraineté économique et même politique en nous délivrant des règles terribles de la concurrence libre et non faussé imposée par les traités européens.

Le monde du travail, les salariés doivent participer aux décisions dans les multinationales, dans les banques, dans les secteurs stratégiques de l’économie de l’utilisation de l’argent, qu’il s’agisse des profits des entreprises, des dépenses publiques ou encore du crédit bancaire.

C’est aussi comme cela que nous serons terriblement efficaces pour lutter contre la fraude et l’évasion fiscale qui continuent de piller notre économie. Exigeons toute la transparence dans la comptabilité de ces grands groupes, et battons-nous pour le prélèvement à la source de leurs impôts, avant que les bénéfices ne partent dans les paradis fiscaux !

C’est notre combat. Je veux m’adresser en particulier à mes camarades insoumis, socialistes et écologistes, à qui je rappelle notre responsabilité : C’est d’abord de permettre aux millions de Français qui veulent le changement de se mobiliser, quelles que soient leurs différences, quelles que soient nos différences.

Nous ne serons pas plus forts en effaçant notre diversité dans une fédération ou un parti unique, ou encore en tentant de chapeauter le mouvement social.

Nous serons plus forts en agissant aux côtés du peuple, des salariés et de leurs organisations syndicales, en contribuant aux mobilisations pour résister à la politique des droites et en menant ensemble, avec les Français, le débat sur les changements à opérer et l’action pour des avancées immédiates, concrètes, qui améliorent leur quotidien.

Ma candidature à l’élection présidentielle que nous avons portée collectivement est d’ailleurs riche d’enseignements. Prenons le temps d’en parler. J’en fais pour ma part un bilan très positif.

Cette campagne présidentielle, je l’entends auprès de vous, nous a permis de faire de grandes avancées, dans nos idées, dans nos rencontres avec les Français, dans notre organisation même. Nous avons enregistré 3 068 adhésions pendant la campagne de mai 2021 à avril 2022 ! La JC et l’UEC se sont renforcées avec plus de 250 adhésions et 13 fédérations créées.

Je croise tellement de Français qui me disent « continuez, tenez bon, vous êtes vraiment différent des autres à gauche ». D’autres encore qui me disent : « On n’a pas voté pour vous mais vous êtes vraiment sympathique ». Mais la prochaine fois, qu’ils votent ! Nous avons eu tellement d’échos positifs de notre campagne des jours heureux, de notre bienveillance, de notre souci de rassembler les Français, sans sectarisme, sans transiger non plus sur nos idées.

C’est cet esprit de rassemblement qui nous a poussés à bâtir cette coalition électorale aux élections législatives et qui nous a permis de gagner collectivement 151 députés dont 22 siègent au groupe communiste et GDR. Bien sûr, cet accord a laissé beaucoup de camarades et de députés potentiels sur le bord de la route. Mais regardons ce que nous avons réalisé pendant ces élections et surtout ce potentiel politique que nous avons gagné avec les Jours heureux !

Nous avons fait grandir dans les têtes l’utilité du Parti communiste, pour la construction d’une alternative politique en rupture avec le capital, autant que pour la construction d’une véritable union populaire !

Le Parti communiste a toujours été dans son histoire et continuera à être un acteur indispensable du rassemblement. C’est ça l’espoir à gauche et pour le monde du travail !

C’est pourquoi je vais proposer aux communistes d’engager un grand Tour de France pour aller à la rencontre des Français, des salariés, des classes populaires et des classes moyennes, des ruraux et des urbains, des salariés, des jeunes et des retraités, pour entamer un dialogue sans tabou, sans détour.

Entrons à nouveau en campagne ! Je vous propose d’organiser dans chaque région des rencontres ou je répondrai à toutes les questions qui me seront posées, en ayant la parole la plus libre qui soit, comme je l’ai fait durant la campagne. On y parlera de tout, surtout de tout ce que les Français veulent parler : travail, guerre, pouvoir d’achat, république, communisme, écologie, jours heureux… Tous les sujets pourront être abordés.

Une parole libre, pour parler de tout, pour parler de vous ! Avec une affiche, un tract pour organiser ces rencontres dont je présenterai le calendrier après la Fête de l’Huma. Je serai sur le gril le temps qu’il faut. Et comptez sur moi pour parler avec franchise et sincérité !

C’est comme cela que nous serons toujours plus forts, que la gauche sera plus forte : en agissant aux côtés du peuple, des salariés et de leurs organisations syndicales, en étant à l’écoute et en phase avec les Français.

Ce sera aussi, pour nous, pour moi, pour toute la direction du Parti, important d’être à l’écoute du cœur battant de la France, en même temps que nous préparons notre congrès.

Un congrès qui doit plus que jamais être tourné vers l’action et le rassemblement ! Dans lequel nous aborderons tous les sujets sans sectarisme et sans naïveté !

Nous devons construire un parti le plus populaire qui soit, le plus rassembleur du monde et le plus influent aussi pour que ça change en France ! Nous voulons gagner, nous voulons prendre le pouvoir au capital ! Alors il y a du boulot !

L’heure est donc à la mobilisation des communistes, partout dans le pays, dans cet objectif.