Bombardement de Bounti (Mali) : Il est du devoir de la France de suivre les recommandations de l'ONU

Les autorités françaises ont menti et refusé de reconnaître leurs responsabilités. Voilà ce que l'on peut déduire de la lecture du rapport de la division des droits de l'homme de la mission de l'ONU au Mali (Minusma), appuyée par la police scientifique des Nations unies.
Le bombardement du 3 janvier dernier opéré par l'armée française près de Bounti au Mali a tué 19 civils réunis pour un mariage et non, visé un simple « rassemblement de djihadistes » comme continue de l'affirmer le pouvoir français.

Selon le rapport de la Minusma, cette frappe soulève des préoccupations importantes quant au respect des principes de la conduite des hostilités et l'obligation de vérifier que les cibles sont bien des objectifs militaires. Le rapport recommande aux autorités maliennes et françaises de diligenter une nouvelle enquête indépendante et crédible sur les possibles violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme, et d'établir les différentes responsabilités et octroyer le cas échéant une réparation appropriée aux victimes et aux membres de leurs familles.

Le Parti communiste français demande instamment au gouvernement d'agir en ce sens. Les autorités françaises doivent rompre avec leur obstination habituelle du refus de la vérité quand leur responsabilité est engagée. C'est intolérable sur le fond et participe à dégrader davantage l'image de la France à l'étranger.

Cette séquence dramatique souligne, s'il en était besoin, que l'intervention Barkhane, qui est la 42e expédition militaire française en Afrique depuis les indépendances, est une stratégie qui s'enfonce dans l'impasse. De ce fait, la situation humaine, politique et économique du Mali s'aggrave. Aucune des causes qui ont conduit à la déstabilisation du Mali n'a été traitée.

Il est urgent d'établir un agenda de retrait des troupes étrangères discuté avec le Mali, l'Union africaine et l'ONU et adossé à une nouvelle réponse multilatérale et africaine en matière de sécurité collective et à un nouvel agenda de coopération soucieux de la souveraineté des États concernés et des intérêts des populations locales. Une solution politique ne peut être durable qu'à cette condition. Il faut tirer les leçons des guerres menées au nom de la « guerre contre le terrorisme », concept néoconservateur dangereux, utilisé pour dominer des régions entières, et privilégier au contraire un appui militaire centré sur le seul soutien aux armées locales, en retenant la formule d'un comité d'état-major conjoint des forces africaines qui exclut les puissances étrangères.

Parti communiste français,
Paris, le 31 mars 2021