Contribution du PCF à la 20e Rencontre internationale des Partis communistes et ouvriers – Athènes, 23-26 novembre 2018

 

Lydia Samarbakhsh,
membre du Comité exécutif national,
chargée du Pôle International-Europe

 

Cher-e-s camarades,

Permettez-moi tout d’abord de remercier le Parti communiste de Grèce pour l’organisation de notre rencontre internationale au moment de la célébration du 100e anniversaire de la naissance de leur parti. Nous n’oublions pas à quel point l’histoire contemporaine de la Grèce a été marquée par cette contribution décisive à la victoire contre le fascisme et pour la libération nationale du peuple de Grèce.

Je veux aussi transmettre à toutes et tous ici le salut fraternel de notre secrétaire national, Pierre Laurent, et des membres de notre parti.

Vous devrez par ailleurs m'excuser mais je dois demain matin rejoindre ma délégation à Paris puisque nous tenons aujourd'hui même et jusqu'à dimanche un congrès extraordinaire en région parisienne. La direction du PCF attachée au développement de la solidarité internationale tenait toutefois à être représentée au plus haut niveau à notre rencontre internationale ici à Athènes, et c'est un honneur pour moi que de la représenter à nouveau, après la rencontre d'Hanoï.

L'heure est grave, très grave ; pour les peuples du monde entier qui subissent les impacts de l’accentuation de la crise systémique du capitalisme.

Cette crise provoque une aggravation considérable des inégalités mondiales et dans chacun de nos pays par le renforcement de l’exploitation et de la précarisation du salariat. Elle attise une guerre économique et une nouvelle offensive des forces impérialistes, sous suprématie des États-Unis, qui se concrétise par le prélèvement de gigantesques rentes néocoloniales sur les peuples, des conflits et tensions ainsi que des risques multipliés d'affrontements armés.

Il devient donc impératif que les forces de progrès et, en premier lieu, les communistes contribuent à trouver les chemins d’une rupture fondamentale avec ce système oppresseur et les réponses de progrès social et démocratique, de paix, de sécurité humaine collective, pour contrer cette nouvelle offensive.

Les immenses possibilités d’émancipation humaine et sociale, et de mise en commun des richesses et ressources ouvrent, selon nous, la voie à un communisme de notre temps, le XXie siècle, c'est-à-dire à un processus de transformation révolutionnaire et démocratique que nous devons faire vivre au cœur des luttes sociales et des batailles politiques et idéologiques.

Oui, cher-e-s camarades, c'est une révolution des rapports sociaux de production par une appropriation sociale des moyens de production et d’échange et des avancées visant au dépassement du salariat capitaliste vers une société sans classes qui est à présent à nouveau à l'ordre du jour malgré les trente dernières années d'une prétendue « fin de l'histoire ».

Pour notre part, nous concevons le communisme comme le chemin de lutte et de transformation s’appuyant constamment sur la mise en mouvement du plus grand nombre, favorisant l’élévation du niveau des consciences, donnant place aux aspirations et expériences populaires qui se développent et traduisent une volonté, déjà prégnante dans notre société, de dépassement de toutes les formes de dominations et d'exploitation.

Cela suppose aussi une révolution politique qui, à chaque étape, arrache au capital les leviers du pouvoir, ceux de l’Etat comme ceux de l'entreprise ou de la construction européenne.

Notre stratégie allie débats idéologiques, luttes sociales, fronts politiques pour faire reculer la classe dominante. Ces mouvements doivent préparer partout des changements de majorité politique visant ce même objectif et nous nous donnons pour tâche de mener ces luttes à toutes les échelles : locales, nationale, européenne et mondiale.

En France, dix ans de gouvernement de droite et cinq ans de gouvernement socialiste ont enfoncé notre pays dans l’austérité et la régression sociale. Avec l’arrivée au pouvoir, d’Emmanuel Macron, la recomposition politique s’accélère, avec la mise en œuvre d’une politique toujours plus autoritaire et toujours plus orientée vers la défense des grands intérêts capitalistes.

La remise en cause d’une protection sociale de haut niveau, dont la sécurité sociale et les services publics, qui constituent des conquêtes majeures du mouvement ouvrier et populaire de notre pays, conquêtes arrachées par le combat de classe, témoignent bien de cette volonté des forces capitalistes de pousser toujours plus loin l’adaptation de notre pays à une domination capitaliste qui se veut mondialisée.

Les dirigeants successifs et actuels de notre pays portent une très lourde responsabilité dans ce qu'ils nomment le « chaos du monde » : par leur politique au service des groupes multinationaux français dans le pillage des ressources des pays du Sud, et par leur choix d'engager les forces armées du pays dans la nouvelle offensive néo-impérialiste guerrière au Proche-Orient et en Afrique. Ces dirigeants portent une lourde responsabilité dans la multiplication des conflits qui accentuent les déplacements forcés de populations entières.

Malgré la violence de la guerre sociale engagée contre les travailleurs et exploités de notre pays, notre peuple cherche à résister à l'offensive de démolition sociale par des luttes incessantes dans tout le pays. Cependant, malgré l’impopularité croissante du pouvoir et la colère sociale, nous sommes encore loin du compte en France d’une possible et nécessaire alternative politique de justice et progrès social, et démocratique.

En Europe, l’actuelle crise politique, démocratique, sociale et économique que l’on ne peut réduire aux seuls pays membres de l'Union européenne favorise aujourd’hui l’émergence d’une droite autoritaire et ultralibérale doublée de forces d''extrême-droite fascisante, ultranationaliste et xénophobe.

La crise de l'accueil des réfugiés et migrants donne lieu à une surenchère de violation des droits humains, de répression et de politiques d'exclusion alimentant les poussées de l'extrême droite dans chacun de nos pays.

Cette crise met d’autant plus en lumière l’impasse dans laquelle se trouvent les dirigeants actuels de l’UE. En imposant aux peuples européens hyper austérité, régression sociale et un militarisme accentué sous la tutelle de l’OTAN, en contribuant aux politiques néo-impérialistes et guerrières notamment au Moyen-Orient et sur le continent africain, ils entraînent les peuples d'Europe vers de nouveaux reculs de civilisation.

Face à cette situation qui peut se révéler désastreuse pour les peuples européens et de toutes les régions du monde déstabilisées par l’offensive néo-impérialiste, nous affirmons quant à nous de fortes exigences pour notre pays et notre peuple.

Premièrement, nous refusons la soumission de notre pays aux diktats imposés par l’ Union européenne qui a conduit à de graves reculs sociaux et démocratiques mettant en cause des pans entiers de la souveraineté de nos pays. Il est urgent de rompre le corset autoritaire et austéritaire qui étrangle les peuples et les nations d’Europe.

Deuxièmement, nous refusons la soumission de notre pays aux contraintes d’un marché unique euro-atlantique et aux traités de libre échange qui en découlent, aux conséquences désastreuses pour les peuples du continent européen et ceux du monde entier.

Troisièmement, nous refusons la voie militariste dans laquelle l’UE est de plus en plus engagée en Europe et dans le monde. Nous nous prononçons pour que notre pays sorte de l’OTAN, pour que cette organisation soit dissoute afin d'ouvrir la voie à la création d’un nouveau cadre paneuropéen de sécurité collective, d’un espace de coopération et de partenariat, notamment avec la Russie, dégagé des contraintes néolibérales et de l’OTAN.

Tout cela devrait favoriser un processus de rupture avec les traités actuels de l’UE, condition nécessaire à la vision qui est la nôtre d’une Union de peuples et de nations libre, souveraines et solidaires.

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Cher-e-s camarades,

Vous le savez, le Parti communiste français a été tout au long de son histoire au cœur des combats pour l’émancipation humaine.

L’internationalisme dont nous nous réclamons s’est construit à travers une multiplicité d’expériences, de convergences entre les communistes et avec d’autres forces de transformation sociale mais partageant la volonté de construire une alternative, au capitalisme entièrement tournée vers la satisfaction des besoins humains et sociaux sur tous les continents.

Nous le faisons aujourd’hui en investissant tous les espaces qui permettent à ces forces de progrès de mettre ensemble leur énergie pour faire converger leurs luttes et aspirations. Nous le faisons notamment en Europe au sein de la Gauche européenne mais aussi dans les différents Forums qui se donnent pour but de réfléchir et de répondre aux grands enjeux et défis de la période. C’est aussi le sens que nous donnons à notre participation aux Rencontres internationales des partis communistes et ouvriers.

Pour le PCF, la solidarité internationaliste a pour objectif de renforcer les capacités émancipatrices des peuples dans leur combat contre les dominations et l’exploitation sans pour autant hiérarchiser entre eux ces combats.

Notre solidarité doit exprimer notamment dans la mise en cause des politiques néolibérales et néocoloniales des puissances impérialistes qui portent de lourdes responsabilités dans l’exacerbation des crises et des conflits actuels. Et, en ce sens je pense particulièrement aux peuples d’Afrique.

Elle doit s’exprimer dans le renforcement des résistances et des luttes pour faire reculer les logiques de guerre, de mise en concurrence entre les peuples. Pour la Paix, le Désarmement, la Dénucléatisation, le respect du droit international inscrit dans la charte des Nations Unies.

Cette solidarité doit s’exprimer concrètement avec tous les peuples qui luttent dans des conditions difficiles pour faire valoir leur souveraineté et leur exigence de libération nationale. Celle du peuple palestinien pour ses droits et à la reconnaissance de son État, celle des Kurdes, celle du peuple sahraoui, celle du peuple de Chypre et celle du peuple cubain qui résiste depuis 50 ans au blocus imposé par les États-Unis qui bafoue toutes les règles du droit international.

Notre solidarité est acquise et active aux luttes contre les atteintes aux droits des femmes et aux combats contre le patriarcat et les violences faites aux femmes.

Notre solidarité est acquise et active aux côtés des peuples, des forces communistes et progressistes du continent latino américain qui luttent pour l’exercice de leur pleine souveraineté et de la démocratie.

Notre solidarité est acquise et active aux côtés des forces antifascistes du monde entier. Et, je tiens à saluer plus particulièrement nos camarades du Brésil, d'Italie, de Hongrie, de Pologne, et nos camarades du Parti communiste d’Ukraine qui luttent dans leurs pays respectifs dans des conditions difficiles.

 

20e-rencontre-GT.jpgCher-e-s camarades,

Je voudrais pour terminer, rappeler les mots du grand poète Antonio Machado qui déclarait au moment de la lutte pour défendre la République espagnole contre le fascisme, qu' « il n’y a pas d’autre chemin, pour celui qui l’emprunte, que celui qui s’ouvre en marchant ».

Malgré les difficultés que nous ne pouvons ni ignorer ni minimiser, les communistes et les forces de transformation sociale et d'émancipation se doivent de faire face aux défis et aux enjeux auxquels ils sont confrontés en se rassemblant, en trouvant les ressources pour ouvrir ensemble la voie à des lendemains libérateurs d’humanité. C'est l'engagement des communistes de France ici devant vous et partout où le combat nous appelle.

 

Merci de votre attention.