Covid-19 : penser « l'humain d'abord »

En février 2020, 25 experts internationaux envoyés par l’OMS pour enquêter sur la situation en Chine ont déclaré dans leur rapport : « L’histoire de l’utilisation sans compromis et rigoureuse par la Chine de mesures non pharmaceutiques pour contenir la transmission du virus Covid-19 dans de multiples contextes fournit des leçons essentielles pour la réponse mondiale. Ce sont les seules mesures dont il est actuellement prouvé qu’elles interrompent ou minimisent la chaîne de transmission chez l’homme. »

Le gouvernement Macron a tardivement pris la mesure de l’ampleur de la crise sanitaire induite par le Covid-19 et a annoncé, en conséquence, des mesures de confinement indispensables pour ralentir la propagation du virus. Devant l’urgence de la situation, nous avons accompagné cette décision dont la logique est de diminuer le nombre de contaminé·e·s et la prolifération du virus. D’autres choix, comme le dépistage systématique et le confinement sélectif des contaminé·e·s ont été choisis par d’autres pays (Chine, Corée du Sud) avec des résultats encourageants. Cette autre stratégie de gestion de crise sanitaire ne peut se réaliser dans le cadre d’une politique néolibérale d’austérité vis-à-vis des besoins humains, dans le cas présent de la santé des populations, comme l’ont fait la majorité des gouvernements européens dont la France.

Afin d’éviter la saturation du système sanitaire, l’objectif est de diminuer les arrivées de flux de patient·e·s atteint·e·s par le Covid-19 pour ne pas déborder les capacités de prise en charge des hôpitaux. Tout cela va devoir se réaliser dans un contexte de forte dégradation de notre système public hospitalier, dénoncé unanimement par tous les acteurs de la santé depuis plus d’un an, mais aussi dans l’incapacité à répondre à la mise en sécurité des soignant·e·s et des patient·e·s par du matériel adapté. Hallucinant dans un pays qui se considère comme une des 7 plus grandes puissances avancées du monde ! Certes les professionnels de santé ont un devoir de soins, mais la société, l’État a un devoir de les protéger et d’adopter une politique adaptée pour fournir les médicaments et matériels (gants, masques, blouses, respirateurs…) nécessaires à leurs missions et à leur sécurité.

Si le confinement est aujourd’hui essentiel, il faut réunir d’urgence les conditions pour en sortir le plus rapidement possible ; cela passera par un dépistage intensif de tous les soignant·e·s, de toutes les personnes en contact avec du public, de tous les patient·e·s présentant des symptômes même atypiques. Encore faudrait-il qu’une mise à disposition massive de tests de dépistage soit réalisée, mais comme pour les masques on nous dit : « ça va arriver ! »

La saturation des moyens sanitaires, tant redoutée, déjà effective en Italie et dans certains de nos hôpitaux, va immanquablement orienter les choix des traitements. Les professionnel·le·s ne pourront plus prendre des décisions que sur des critères médicaux mais aussi sur des pratiques dégradées avec un nombre restreint des respirateurs en réanimation.

Déjà épuisés, confrontés à un manque intolérable de moyens, voilà qu’ils vont devoir faire des priorités d’accès à la guérison, à la vie. Alors, E. Macron peut toujours les nommer « les héros en blouse blanche », aujourd’hui les mots ne suffisent pas et le « quoiqu’il en coûte » non plus. Les personnes âgées dans les Ehpad vont être abandonnées à leur sort.

Il s’agit aujourd’hui de faire des propositions concrètes et immédiates envers les hôpitaux en termes de moyens humains, matériels et financiers, afin de couvrir les besoins Covid-19, mais aussi les autres cas sévères ou urgents. Le PCF fait des propositions d’urgence :

  • Mettre à disposition immédiate du matériel en quantité nécessaire à la sécurité des soignant·e·s et des patient·e·s, des tests biologiques et des respirateurs en réanimation. Nous demandons une clarification des politiques de production de ces matériels et de la politique de réserve matérielle sanitaire en France.
  • Arrêt immédiat de toutes les restructurations hospitalières en cours, des fermetures de services et la réouverture de lits.
  • Paiement de toutes les heures supplémentaires des personnels hospitaliers qui se cumulent et s’amplifient dans la période et revalorisation immédiate du point d’indice dans la fonction publique hospitalière (pas question de primes catégorielles).
  • Lors d’un collectif budgétaire, rectifier l’ONDAM (objectif national des dépenses d’assurance maladie) à hauteur de 5 % avec au moins 4 milliards d’euros pour répondre aux besoins urgents de l’existant. La LFR (loi des finances rectificative) prévoit immédiatement 2 milliards d’euros pour l’hôpital (pour payer les arrêts maladie, l’achat de masques et le soutien au personnel soignant), c’est-à-dire le montant des rallonges budgétaires prévues sur le quinquennat. Tout laisse à croire que les sommes prévues pour les 3 prochaines années seront mobilisées en une seule fois. C’est d’autant plus probable que cette LFR n’inscrit aucun budget supplémentaire pour les dépenses publiques et les services publics. C’est une LFR qui s’inscrit dans les politiques d’austérité ! Des gens vont mourir, malades et personnels soignants, mais le gouvernement fait ses comptes pour rassurer les marchés !
  • Annulation de la dette des hôpitaux.
  • Plan d’embauche ambitieux immédiatement et 30 000 places supplémentaires dans les écoles d’infirmières dès la rentrée de septembre 2020.

Ne laissons pas la France et l’Union européenne continuer, malgré cette crise sanitaire sans précédent, à démanteler notre système public de santé et rappelons-leur qu’il est aujourd’hui urgent de penser à « l’humain d’abord ».

Maryse Montangon, membre du CEN.