Et si on multipliait les journées à la mer pour le droit aux vacances …

« Je n’avais vu la mer qu’en photo et je me demandais si je pourrais la voir en vrai. C’est extraordinaire, c’est incroyable ! ».

Ce sont les mots d’une jeune fille de 14 ans, venue d’un quartier populaire de l’Oise, à moins de 150 km de la Manche, dans le superbe reportage consacré par France 3 Picardie à notre 28e Journée pour le droit aux vacances, le 20 août, avec 750 personnes, à Dieppe. Les témoignages des participants sont tous émouvants et forts : ici le visage radieux d’un papa avec ses enfants, « les vacances c’est pouvoir sortir de l’endroit où l’on habite », là cette mère isolée qui galère entre période de ménage et période de chômage, et qui découvre avec son fils de 11 ans les collections du musée-château ouvert gratuitement par la municipalité communiste de Dieppe, ou encore cette ouvrière retraitée qui nous remercie « sans vous, je ne partirai pas de l’été »... Les mots mais plus encore les sourires disent le bonheur de pouvoir échapper aux difficultés du quotidien, de pouvoir profiter, « nous aussi » d’un temps de vacances, pour se retrouver en famille dans un autre cadre, pour pouvoir découvrir, se détendre, aimer…

Le bonheur c’est aussi celui des militante-s, ceux de l’Oise et de Gisors qui ont organisé l’action tout l’été comme ceux de Dieppe qui nous accueillent, de pouvoir apprécier immédiatement la réussite de leur initiative par les remerciements qui pleuvent : un moment précieux dans ce temps où les luttes sont difficiles et loin d’être toutes couronnées de succès et le découragement guette. Or comme dit l’adage populaire « l’espoir fait vivre » et avec ces moments de bonheur conquis ensemble, il est un puissant moteur de l’action. Car cette journée – comme c’est le cas durant une grève déclenchée dans une boite – ouvre des possibilités formidables de discussions, d’échanges, de liens avec des femmes et des hommes que nous rencontrons parfois pour la première fois. La possibilité de se retrouver ensuite dans d’autres actions, ensemble, la possibilité de rejoindre le Parti communiste français, de relever la tête. Car cette journée est la preuve concrète – comme le pudding de Engels – qu’une autre conception de la politique existe, dans laquelle les actes correspondent aux paroles : les communistes revendiquent le droit aux vacances pour toutes et tous… et ils permettent d’en conquérir un petit bout tout de suite, réellement.

Cette question du droit aux vacances devrait d’ailleurs être plus encore une dimension essentielle de notre action et de nos propositions, de notre bataille d’idées. Le récent vote de toutes les droites pour monétiser les RTT et faire reculer concrètement le temps libre des salarié-e-s montre qu’il s’agit d’un véritable enjeu de société. 86 ans après la conquête des congés payés par le monde du travail lors des grandes grèves de 1936 et avec la majorité de Front populaire, le droit aux vacances n’est toujours pas une réalité, et il a même reculé pour les catégories populaires et notamment les enfants et les jeunes par rapport aux années 70 – 80. Dans nos cars, la majorité des participants adultes sont des travailleuses – eurs pauvres, précaires, en invalidité après une maladie, un accident, ou des retraité-e-s modestes surtout des femmes seules.

D’après une étude de la Fondation Jaurès de juillet 2019, les deux tiers des français déclaraient avoir renoncé à partir l’été pour des raisons financières, au moins une fois (4 sur 10 « souvent ») sur les 5 années précédentes. 59 % des familles pauvres disaient renoncer aux vacances d’été, alors même que la définition officielle des vacances est pourtant peu ambitieuse (quatre nuits consécutives hors du domicile selon l’INSEE et l’OMT). « Le niveau d’accès aux vacances d’été constitue une véritable ligne de faille sociologique » entre les différentes classes sociales pointait l’étude. Significativement, 61 % des « Gilets jaunes » disaient ne pas pouvoir partir en vacances. Autre élément frappant c’est l’effondrement du départ en colonies de vacances qui grâce aux Comités d’entreprise et à l’action de municipalités notamment communistes, fut pendant plusieurs décennies un outil décisif du droit aux vacances des enfants et des jeunes : 4 millions d’enfants partaient en colonies de vacances chaque année au début des années 1960, ils sont aujourd’hui autour d’1,5 million seulement !

Autant de raisons de multiplier les journées à la mer du PCF pour le droit aux vacances : comme le Nord ou l’Oise le font depuis une trentaine d’années, comme la Seine Saint-Denis et de multiples sections de région parisienne, comme la Moselle pour la première fois cette année avec une journée sur la côte belge, comme d’autres sections encore, nous devrions en faire un axe essentiel de notre action durant l’été, au moins dans les 3/4 des départements qui sont situés à moins de 3 heures de la mer.

Thierry AURY, secrétaire départemental PCF OISE