Fabien Roussel à Rouen pour prendre la température du monde du travail

Après un premier arrêt dans l’Orne il y a deux semaines, c’est lundi 27 février en Seine-Maritime que le député du Nord et secrétaire national du PCF a fait escale. Cheminots, ouvriers de l’automobile ou de la construction, salariés du CHU de Rouen, postiers ou encore ouvriers d’une usine de recyclage, « la venue de Fabien Roussel ici à Rouen se fait en résonance aux luttes sociales », a rappelé d’emblée Hubert Wulfranc, député communiste de Rouen.

 

Fabien Roussel pose toujours cette même question à ceux qu’il rencontre depuis qu’il a entamé son tour de France à l’automne dernier : « Et vous, pourriez-vous travailler jusqu’à 64 ans ? » Autant dire que sur les lignes de tri des déchets qui filent à vive allure sous les yeux des ouvriers, la réponse est unanime : impossible physiquement de pousser jusqu’à 64 ans ; certains se demandant même s’ils pourront tenir jusque 62 ans en bonne santé.

« Contrairement à ce que pensent certains ministres qui n’ont jamais mis un pied dans une usine, ici les ouvriers travaillent avec leur corps, avec leurs mains, avec leur dos. Ils n’ont pas d’exosquelettes pour leur faciliter le travail, c’est le corps qui prend tout, et à l’approche de la retraite les salariés sont usés, fatigués », nous confie le secrétaire national du PCF. Une réalité du monde du travail qu’il a portée à l’Assemblée nationale avec les élus du groupe communiste et notamment Jean-Paul Lecoq et Sébastien Jumel, députés du Havre et de Dieppe. C’est maintenant au Sénat que la bataille parlementaire se joue, bataille à laquelle la sénatrice de Seine-Maritime Céline Brulin compte prendre toute sa part. Tous n’ont qu’un objectif : faire reculer le gouvernement et pour cela faire entendre la colère du peuple exprimée dans les manifs et les rencontres au sein du Parlement.

Echos d’une journée avec Fabien Roussel

  • L’association SOS gares et les cheminots ont profité de la venue du député du Nord pour lui présenter leur projet de « RER rouennais », expliquant qu’avant de faire une ZFE punitive et excluante il serait plus intelligent de renforcer les transports en commun et les trains.
  • Les salariés de Renault Cléon ont dénoncé les suppressions de postes récentes ainsi que la restructuration à venir : le site serait éclaté en plusieurs entités séparées du groupe Renault. La CGT défend, elle, la construction en France d’un véhicule populaire et abordable.
  • Avec les employés du CHU de Rouen il a été question de réponses à apporter face à la désertification médicale. Les métiers sont peu attractifs car difficiles et mal rémunérés : résultat, ce sont des démissions en cascade.
  • Les facteurs sont revenus sur la suppression du timbre rouge (1 million de plis par jour en 2022) et la création d’une « e-lettre », un mail payant et imprimé par La Poste (sic !) : un échec commercial acheté par seulement 3 500 personnes par jour. L’objectif de la direction est de réduire les tournées comme à Sotteville-lès-Rouen où les postiers ne passent plus qu’un jour sur deux.
  • Les salariés de la construction ont pointé les nombreux accidents du travail dans la profession passé 50 ans. Impossible physiquement d’aller jusqu’à 64 ans.`

« Face à Macron, on peut gagner ! », tel est le message envoyé depuis la capitale normande

C’est à l’occasion d’un grand meeting au Parc des expos de Rouen, devant un millier de personnes venues l’écouter, que Fabien Roussel a sonné la mobilisation, en invitant les citoyens à répondre massivement à l’appel de l’intersyndicale, et en développant les propositions du PCF.

En ouvrant la soirée, le local de l’étape Hubert Wulfranc (à gauche) n’a pas manqué de rappeler dans quel contexte les promoteurs de la réforme des retraites « ont tout fait pour mettre à la tête du pouvoir quelqu’un qui était prêt à rompre le pacte social issu de la Libération en 1945, établi entre les gaullistes et les communistes ». L’objectif pour Macron c’est de tourner la page du Conseil national de la Résistance et d’enterrer la retraite par répartition. « Le succès de ce meeting témoigne qu’en Seine-Maritime, les communistes sont là et n’ont pas perdu leur esprit de Résistance ! », a ajouté le député communiste de Rouen.

Et son collègue du nord du département Sébastien Jumel (au centre) de renchérir : « Avec Fabien Roussel, Hubert Wulfranc, Jean-Paul Lecoq (à droite), nous sommes compagnons de colères et de combats à l’Assemblée. Nous avons la volonté d’être utiles au mouvement social initié par l’intersyndicale unie. » Et de lister les points d’appui dans cette bataille : « Les syndicats sont unis, la gauche est unie, avec les 90 % de Français opposés à la réforme des retraites ! », a conclu de député de Dieppe.

Durant la soirée, de nombreux témoignages se sont succédé. Un an après le début de la guerre en Ukraine, la jeune communiste Emma Laplace a rappelé que « la paix doit être mise à l’ordre du jour et la France doit être actrice pour trouver une issue diplomatique au conflit ». Avant de rappeler que des deux côtés du front, ce sont les jeunes qui sont transformés en chair à canon.

Stéphane Virvaux, secrétaire CGT du CSE de Renault Cléon, a dénoncé les suppressions de postes à l’usine rouennaise « alors que l’entreprise reçoit des subventions publiques, avec nos impôts ». Quant à Christelle Bigare, secrétaire de la CFDT santé sociaux, elle a rappelé que « les aides à domicile, la plupart du temps des femmes, pouvaient travailler sur une amplitude allant jusqu’à 11 h par jour. Beaucoup ont déjà du mal à atteindre l’âge de la retraite aujourd’hui ! »

Clémentine Le Duey, coordinatrice des jeunes communistes de Seine-Maritime, a poursuivi en racontant que pour elle, ses années de travail en service civique au sein d’une structure d’aide aux femmes victimes de violences conjugales n’allaient pas être prises en compte pour sa retraite. « Même en ayant commencé à travailler à 20 ans, je ne serai donc pas éligible au dispositif carrière longue », a-t-elle expliqué.

La maire de Tourville-la-Rivière, à côté d’Elbeuf, Agnès Cercel a, elle, rappelé que les communes agissaient comme des boucliers : « Combative, notre municipalité a lancé une pétition pour réclamer les moyens nécessaires au bon fonctionnement des services publics. Solidaire, Tourville a choisi de protéger la jeunesse et les familles en maintenant des services de qualité, à tarification sociale, sans appliquer l’augmentation de l’inflation », a indiqué l’élue communiste.

Le secrétaire départemental du PCF et élu à Montivillon Aurélien Lecacheur a cédé la parole à Fabien Roussel, rappelant que le numéro 1 communiste « fait partie de ceux qui parlent au monde du travail. Spécialiste des questions d’évasion fiscale, il sait mieux que personne qu’il y a des masses et des masses d’argent qui circulent dans le monde, accaparées par quelques capitalistes. Alors oui, il y a de l’argent pour les salaires, pour les retraites ! »

« Le mouvement des retraites a quelque chose d’historique par l’ampleur de la mobilisation. Le gouvernement choisit le rapport de force : nous allons lui répondre avec force que pour nous, la retraite, c’est 60 ans et pas 64 ans. Tous les Français ont au moins une raison de se mobiliser : les jeunes, les salariés, les commerçants, les privés d’emploi. Les femmes, particulièrement touchées par la réforme, doivent venir en masse dans les cortèges. Notre objectif, c’est la victoire. Elle est à portée de main car nous sommes unis. Une victoire sur le pouvoir ouvrirait alors bien des perspectives pour une alternative de gauche dans le pays », a conclu Fabien Roussel comme une note d’espoir pour que le peuple puisse vivre mieux.

Aurélien Lecacheur

secrétaire départemental