Face à l’extrême gravité de la situation - Le besoin d’un PC fort

Fabien Roussel, secrétaire national, présentait vendredi dernier le rapport introductif à la session du Conseil national. Extraits.

Le rapporteur décrit « la situation totalement inédite que nous vivons ». Crise sanitaire, économique, démocratique. Si le confinement n’a pas effacé les mois de mobilisation sociale antérieurs à la crise sanitaire, « les conditions de notre intervention politique ont évidemment beaucoup changé. En quelques semaines, en effet, les failles d’un système tout entier se sont révélées dans toute leur cruauté ».

Le secrétaire national insiste sur l’ampleur de la crise sociale et politique qui est devant nous : « Notre pays risque d’entrer dans une crise sociale extrêmement grave, laquelle va inévitablement se traduire par une crise politique de grande ampleur. Tout est possible, y compris venant du pouvoir. Mesurons l’extrême gravité de la situation. »

Un risque d’aventure

« La colère est forte, mais la peur existe toujours et la sidération peut produire de la résignation ou de l’expectative. La confusion est aujourd’hui très forte, on le voit notamment à gauche où les débats stratégiques ne parviennent pas à se faire jour et où des tentations de fuite en avant se manifestent, comme celle de la recherche illusoire d’une sortie de crise dans le cadre d’un capitalisme vert, comme si cela pouvait être une solution ! (…) Nul ne sait vraiment comment cela peut basculer. On le voit en ce moment avec l’extrême droite, absente pendant des semaines, mais qui ressurgit maintenant alors que les mobilisations contre le racisme s’amplifient ! (…) Sans intervention forte du peuple, avec un contenu progressiste, sans réponse politique claire et mobilisatrice, il y a un risque d’aventure. (…) C’est pour cela qu’il y a besoin d’un parti communiste pleinement dans l’action, à l’initiative, pour nourrir les luttes, de perspectives et d’espoir de conquêtes. Il y a besoin d’un parti communiste plus fort auprès de nos concitoyens pour porter une ambition nouvelle pour la France, en rupture avec le système actuel. » (…)

Installer un climat de peur

« Oui, la situation pour des millions de nos concitoyens, pour nos jeunes, risque de devenir dramatique dans les semaines et les mois à venir et appelle à une mobilisation très large et donc à une intervention communiste de grande ampleur partout dans le pays. Pourquoi ? Parce que le coronavirus devient le partenaire officiel du Medef et du gouvernement pour accélérer la casse de notre modèle social et finir de dépecer nos services publics et notre industrie pour la soumettre totalement aux marchés financiers. (…) Nous constatons dans beaucoup d’endroits, dans de nombreux secteurs, ceux des services publics comme dans de nombreuses filières industrielles, que ce virus va devenir le prétexte pour accélérer des réformes libérales, remettre en cause le droit du travail, mettre la pression sur les salariés, sur les Français et leur faire avaler des couleuvres ! (…) Le gouvernement et le Medef utilisent la pandémie pour installer un climat de peur, pour tétaniser le monde du travail. (…) Des syndicats sont déjà en ordre de bataille et se mobilisent, avec les salariés, dans tous ces secteurs pour empêcher ces mauvais coups. Nous sommes bien-sûr à leurs côtés. La résistance commence, tout doucement, à se mettre en marche. Mais, pour l’amplifier, nous devons aussi montrer que d’autres choix sont possibles : des choix politiques qui privilégient le capital humain plutôt que le capital financier ; des choix économiques qui visent à sortir notre pays d’une crise économique prévisible ; des choix budgétaires qui pourraient permettre de nationaliser une banque et de créer, rapidement, 2 à 3 millions d’emplois pour nos services publics, pour l’industrie, pour la transition écologique ; des choix qui nous permettraient de relever le défi climatique, et de partir à la reconquête d’une industrie du 21e siècle, à l’opposé des annonces qui sont faites en ce moment. »

Un programme pour la France

« L’ambition communiste, c’est redonner à la France les moyens de se projeter dans le futur et de garantir un avenir à sa jeunesse. C’est l’objet du texte. « Construisons la France en commun, formons une nouvelle union populaire » adopté par le CN lors de cette session (voir article de Christian Picquet). « Il doit nous permettre de dire que le communisme reste une idée neuve, généreuse, originale et ce document vise à mettre en débat notre originalité, nos propositions pour un nouveau projet de société. (…) Oui, nous avons un programme pour la France, un programme et une ambition pour notre pays et nous avons l’objectif d’unir, de rassembler largement le peuple de France autour du changement de cap nécessaire, d’un autre modèle de développement, qui réponde autant à l’urgence écologique qu’à l’urgence sociale. (…)

C’est aussi comme cela que nous serons prêts à défendre notre projet de société dans toutes les échéances électorales à venir, sénatoriales en septembre, régionales et départementales en mars 2021 et présidentielle et législatives en mai-juin 2022. Il y en a qui font partir des trains et qui se disent déjà dedans. Nous, on doit faire décoller une fusée et ceci est notre premier étage. Ce qui nous importe, c’est le contenu et qu’elle aille au bout. Bien-sûr, à chaque fois, nous rediscuterons de notre projet pour la France, de nos propositions pour les inscrire dans la réalité du moment.

Mais cette étape d’aujourd’hui nous permet d’être prêts à aller au débat et prêts également à proposer notre projet de société au suffrage de nos concitoyens. »

Le rapporteur évoque enfin l’enjeu des municipales (Pierre Lacaze reviendra sur le sujet) puis appelle à préparer la rentrée : « Il sera difficile de tenir les universités d’été du Parti fin août. De même, nous ne savons pas si la Fête de l’Humanité pourra avoir lieu. Ce qui est sûr c’est que nous aurons besoin d’un rendez-vous politique à la rentrée. Il faudra peut-être envisager, un week-end de septembre ou d’octobre pour nous rassembler et organiser un rendez-vous national des luttes, un rendez-vous revendicatif, un rendez-vous populaire qui pourrait aussi être militant et festif, nous permettant de porter la colère du monde du travail mais surtout de donner un espoir à tous les citoyens, à toute la jeunesse de notre pays ! »µ

Le texte intégral est disponible.