Face à la gravité de la crise, l’union dans l’action ! – Retour sur la réunion des secrétaires départementaux·ales

Enjeux sanitaires avec le déconfinement, enjeux économiques et sociaux, enjeux électoraux, comment les secrétaires départementaux·ales abordent-ils la période ?

Avec gravité. Le mot est revenu plusieurs fois dans notre échange jeudi dernier. Notre pays vit des jours graves, difficiles. À peine la crise sanitaire est-elle en train de s’éloigner que la crise économique frappe avec une violence terrible avec près d’un million de chômeurs·euses supplémentaires en deux mois.

Des grands patrons qui avaient programmé des plans de licenciements avant la crise croient désormais avoir les coudées franches pour les mettre en œuvre, alors même qu’ils touchent ou ont touché des aides publiques très importantes, parfois en milliards d’euros comme à Renault. C’est inacceptable. Le chantage à l’emploi est permanent et crée une pression très forte sur les travailleurs·euses. À cette situation, s’ajoute désormais une crise éducative qui décuple les inégalités sociales. L’école, malgré l’affaiblissement du service public, joue un rôle pivot dans la République. Or, elle est affaiblie et durement attaquée par le gouvernement qui profite de la crise pour accélérer son projet libéral. Pour l’instant les mouvements sociaux n’ont pas l’ampleur suffisante. Le PCF a un rôle décisif pour aider à leur développement. Pour l’heure, la surprise vient de la jeunesse mobilisée contre le racisme et les violences policières. Un mouvement important est en train de naître en France. Tout l’enjeu est que la colère et les exigences qu’il exprime ne soient pas dévoyées par le pouvoir pour diviser les Français·es. Aux communistes de s’y investir pour contribuer à ce qu’il rassemble largement en montrant comment les discriminations font système et en mettant en débat des propositions qui répondent à l’enjeu d’égalité.

Le second tour des municipales va concerner des millions de Français·es. Comment le PCF le prépare-t-il ?

Dans ce contexte, les municipales sont un enjeu essentiel pour être utile à nos concitoyen·ne·s. C’est l’actualité de beaucoup de fédérations qui préparent des seconds tours décisifs. En effet, dans une telle crise, les communes sont en première ligne. À regarder l’action des villes dans lesquelles nous sommes en responsabilité, on mesure l’enjeu de l’élection : après la crise sanitaire, nos concitoyens auront-ils des élu·e·s communistes en responsabilité pour faire face à la crise économique et répondre aux besoins qui grandissent, des élu·e·s qui sont prêts à contribuer à impulser un autre mode de développement que celui qui a conduit à la crise ? Partout en France, nous travaillons à constituer des majorités autour de ces objectifs. Dans de nombreuses villes que nous dirigeons, ou des villes dont nous sommes partie prenante de la majorité municipale, des accords se sont concrétisés : nous avons réussi un rassemblement qui peut nous permettre de l’emporter. Mais dans d’autres, les choix de nos partenaires potentiels, du refus de fusionner dans un compromis acceptable jusqu’à des alliances avec des adversaires politiques, pourraient nous faire échouer. Cette situation révèle les fragilités de la gauche et le besoin d’un parti communiste plus influent. Pour garder nos mairies, en gagner de nouvelles et, au-delà, faire élire le maximum d’élus communistes, l’heure est à des campagnes qui font le lien entre les urgences du quotidien et des projets pour que les communes relèvent les défis de la crise.

Comment rassembler autour de ces objectifs ?

« L’union dans l’action », comme l’a affirmé au cours de notre échange Fabien Roussel, voilà le chemin que nous voulons emprunter. Le rassemblement, du niveau local au niveau national, nous devons le travailler à partir d’objectifs précis dans toutes les luttes de la période, des services publics de santé ou d’éducation à défendre, à l’emploi et aux luttes pour l’égalité. Cela implique d’être à la fois solides sur notre projet politique, nos propositions, et en même temps ouverts à les enrichir à partir des besoins et des aspirations tels qu’ils s’expriment. Cela implique aussi de travailler avec d’autres forces de gauche, de confronter nos propositions, et de dessiner des convergences sans pour autant précipiter une union au sommet qui se ferait sur le plus petit dénominateur commun. C’est un équilibre toujours difficile et notre échange a montré que le débat est fort sur cet enjeu du rassemblement.

Quels sont les enjeux d’organisation pour répondre à tous ces défis ?

Nos priorités sont claires : la mobilisation pour l’emploi partout où des menaces pèsent, les services publics, le pouvoir d’achat avec la pétition nationale, l’égalité avec le mouvement en cours contre le racisme et les violences policières et bien sûr le rassemblement autour de projets ambitieux dans les villes et les villages pour gagner le 28 juin prochain. Multiplions les initiatives en organisant par exemple des chaînes humaines autour de nos hôpitaux pour exiger de l’argent pour l’hôpital public, des rassemblements contre les fermetures de classes et pour une rentrée de septembre réussie, un soutien aux luttes pour l’emploi, des débats pour construire avec les travailleurs une reconquête industrielle et la relocalisation d’activités, des points de rencontre dans les quartiers populaires pour le pouvoir d’achat, contre le racisme et pour l’égalité. Le projet de sortie de crise que nous adopterons au Conseil national du 12 juin sera un atout pour nourrir nos campagnes. Nous le mettrons largement en débat avec un site internet national dédié. Les affiches nationales en cours de livraison dans les fédérations contribueront à notre visibilité. Le défi d’organisation est de taille car la crise a impacté fortement la vie de nos structures et la vie personnelle des camarades qui les font vivre. Et simultanément, elle nous a fait prendre conscience de l’importance du lien avec les adhérent·e·s du Parti, en particulier les plus fragiles. Elle nous a aussi poussés à innover pour poursuivre nos activités avec un développement d’actions en ligne comme lors du 1er mai avec la vente de muguet virtuel. Avec le déconfinement, l’activité de terrain, souvent concentrée ces derniers temps sur la solidarité, doit désormais se déployer pleinement ! Renforçons notre organisation en proposant l’adhésion et en menant la bataille financière de la cotisation pour nous donner les moyens de nos ambitions.

Igor Zamichiei, membre du CEN.