L’ex-maire de Riace condamné pour avoir cherché des solutions à l’accueil des migrants

La condamnation de Domenico Lucano, ancien maire de Riace (Italie), à 13 ans de prison et 500 000 € d’amende a provoqué une vague d’indignation et de colère bien légitime.

Il est prétendu coupable « d’association de malfaiteurs visant à aider l’immigration clandestine, escroquerie, détournement de fonds et abus de fonction ». Voilà comment la justice italienne a qualifié l’aide à l’installation des migrants dans son village de Riace.

Ce verdict ressemble plus à un jugement politique pour un procès politique qui ne dit pas son nom, qui vise à décourager toutes celles et tous ceux qui résistent aux politiques de l’Europe forteresse, aux politiques brutales de la droite extrême ou de l’extrême droite.

En effet, Domenico Lucano avait suscité beaucoup d’enthousiasme en 2016. Il avait été salué publiquement par l’ONU et le Haut-Commissariat aux réfugiés pour sa mobilisation, pour ses innovations politiques pour l’accueil des migrants, pour sa mobilisation pour le respect des droits fondamentaux de ces personnes exilées.

Son objectif était clair. Il voulait démontrer qu’une vraie politique d’accueil, d’intégration, de coopération, de respect mutuel était bénéfique pour tout le monde. Cela pouvait permettre un nouveau dynamisme pour des communes rurales abandonnées par les pouvoirs publics et souffrant du départ de leur population dans les villes du Nord de l’Italie.

Depuis 1990, Domenico commence à militer pour les droits de l’homme. En 1998, l’arrivée de 300 migrants kurdes sur les côtes de la Calabre crée un « élan de solidarité » dans la commune de Riace . Il décide alors de créer une association qui préempte les logements vides de la ville, et ce sera dans ces logements vides que ces hommes, femmes et enfants seront hébergés.

Pour Domenico, l’arrivée de ces personnes était un espoir, la possibilité de construire un nouvel espoir pour la vie de son village qui se vidait petit à petit. Il devient maire de Riace en 2004 et a été réélu jusqu’en 2018.

Durant son mandat, il essaie d’instaurer une politique d’accueil à plus grande échelle. Les nouveaux arrivants sont logés dans les logements vacants. Ilsrécupèrent des bons sous la forme d’une sorte de monnaie locale en attendant de percevoir leur allocation de demande d’asile. Dans l’attente de leur statut, les nouveaux arrivants participent à des ateliers de couture, de menuiserie, de céramique, de verrerie ouverts grâce à un plan régional pour l’insertion des personnes migrantes. Ce système de compagnonnage a été repris dans d’autres communes de la région.

Toutes ces innovations, toute cette solidarité tombent en 2018 au moment de l’arrestation de Domenico dans sa commune. Le verdict du 30 septembre est une honte pour la justice italienne qui est contraire aux droits humains.
Ce verdict politique montre bien le danger de la banalisation de l’extrême droite, mais aussi la puissance de la diffusion de leurs idées racistes et xénophobes.

Non, la solidarité et l’accueil des migrants ne peuvent pas constituer un crime ou un délit. Le Parti communiste français apporte tout son soutien et toute sa solidarité à Domenico Lucano.

Cécile Dumas
responsable adjointe du secteur international du PCF
chargée des enjeux migratoires