La face cachée des milliardaires

Les chiffres publiés sur la fortune des très riches donnent le vertige. En regard, les déficits annoncés de notre régime de retraites paraissent bien modestes...

Mais Bernard Arnault n’est pas seulement un « riche ». C’est un capitaliste. Les 200 milliards qu’il possède, paraît-il, ne sont pas les revenus qu’il a touchés au cours de l’année 2022. C’est une évaluation de sa participation dans le groupe LVMH et de ses autres placements financiers. Ces titres, ces actions représentent des ateliers, des usines, des magasins, des banques... où des salariés travaillent et produisent des richesses. C’est en pompant sur ces richesses que Bernard Arnault et les autres membres de l’oligarchie financière accumulent leur fortune. Leur problème – et, malheureusement, ils en font celui de toute la société – c’est qu’il leur en faut toujours plus ! C’est la loi du capital, autour de laquelle toute notre économie est organisée.

Par exemple, il n’y a pas si longtemps, la fortune de Bernard Arnault était « seulement » de 100 milliards. Pour en tirer un rendement de 10 %, il fallait prélever 10 milliards d’euros sur les richesses créées par les salariés. Pour avoir le même rendement avec 200 milliards de capital, il faudra prélever 20 milliards, deux fois plus. Plus le capital s’accumule, plus les « riches  » deviennent « riches », plus s’imposent l’obsession de la « baisse du coût du travail », la précarisation des emplois pour peser sur la masse salariale, l’austérité budgétaire contre les dépenses en faveur des services publics... et l’obstination à comprimer la part des richesses qui va au financement de la Sécurité sociale et des retraites.

Au lieu d’utiliser les gains de productivité pour réduire le temps de travail et pour payer les pensions des retraités de plus en plus nombreux, les groupes capitalistes s’en servent pour supprimer des emplois, en rejetant les travailleurs dans le chômage et la précarité. Aujourd’hui, un quart des personnes en âge de travailler sont frappées par le chômage ou le sous-emploi ! Mais tout cela ne fait que freiner la progression des richesses et rendre sans cesse plus insupportables les exigences de profits.

C’est cette logique délétère qui pousse Emmanuel Macron à s’obstiner dans sa réforme contre la volonté des trois-quarts des Français. C’est elle qui a produit la succession des mesures qui ont dégradé les droits des salariés et la situation des retraités depuis trente ans. Et la Cour des comptes annonce déjà que le report de l’âge de la retraite ne suffira pas et qu’il faudra encore d’autres réformes ensuite !

Le PCF propose de faire prévaloir progressivement une autre logique, en actionnant tous les leviers qui aideront les salariés à prendre du pouvoir sur l’utilisation de l’argent pour changer les buts et les critères de la gestion des entreprises. Désintoxiquer les entreprises de la finance en frappant d’une surcotisation leurs revenus financiers, qui ont atteint 385 milliards en 2021. Et surtout les emmener vers un chemin de création saine de richesses, en augmentant les cotisations patronales et en les modulant pour les pousser à développer l’emploi, la formation, et donc la création efficace de richesses.

Avec 5 millions d’emplois supplémentaires, on obtiendra ainsi assez d’argent pour augmenter les salaires, prélever davantage de cotisations, et ainsi financer les 100 milliards de dépenses supplémentaires que nécessitera la mise en place d’un système de retraites digne du XXIe siècle.

Ces propositions rejoignent l’appel lancé le 18 janvier dernier par soixante personnalités très diverses, rejointes depuis par beaucoup d’autres. On peut consulter et soutenir cet ap- pel à cette adresse : https://framaforms.org/retraites-une-autre-reforme-1674048256