La petite histoire du siège du PCF – Le parvis, la coupole, le « foyer » (9)

Dans le monde des années 1920 se développe une architecture de style « moderne ». Oscar Niemeyer sort de l’École nationale des Beaux-Arts de Rio de Janeiro avec son diplôme d’architecture en 1934, il n’y a étudié qu’une architecture d’un classicisme européen. Il dira : « Nous étions contraints de chercher notre voie en autodidactes, en dehors du cadre scolaire. »

Il entre comme stagiaire chez Lucio Costa qui sera, un court instant, directeur de l’École nationale des Beaux-Arts et, entre autres, le responsable du plan d’urbanisation « Plan pilote » de Brasilia. Le Corbusier, présent au Brésil, sera également d’un grand apport.

En 1927, Le Corbusier, grand théoricien de l’architecture moderne, systématise des procédés architecturaux déjà développés par « l’École de Chicago » fin XIXe début XXe siècle : pilotis, le toit terrasse, la façade libre, le plan libre, la fenêtre-bandeau.

Au siège du PCF, façade libre et fenêtre-bandeau se traduisent par le mur-rideau de Jean Prouvé qui forme une façade indépendante du bâtiment. Elle comporte des ouvrants, mis au point également par Jean Prouvé et à la demande de la direction du PCF, qui craignait des attentats par dispersion de gaz dans les aérations.

Le socle du bâtiment repose sur cinq piliers, appelés antipilotis par Oscar Niemeyer. Ils traversent tout le bâtiment, descendent à quinze mètres sous terre ; une dalle de béton remontant en vague n’en laisse apparaître qu’un mètre cinquante au-dessus du sol. Cette conception, accentuée par les plans inclinés du parvis, permet de donner l’impression que le bâtiment flotte au-dessus du sol et de dégager de grands espaces par une entrée sous le bâtiment, non visible de la rue. Cet espace, Oscar Niemeyer l’appelait « le foyer de la classe ouvrière ».

Cerise sur le gâteau, si l’on peut dire, le dôme blanc émergeant du parvis, symbole de fécondité pour Oscar Niemeyer, abrite la salle du Conseil national. Les regards de verre, à sa base, sont une des nombreuses entrées de lumière naturelle de ce bâtiment.

Quelques marches à descendre et nous entrons dans « le foyer de la classe ouvrière » où un mur d’images retraçant les faits et rencontres importants de l’histoire du PCF, de 1920 à la libération d’Angela Davis en 1972, vous attire dans sa courbe.

Le lieu peut accueillir 1 000m2 d’expositions ; il occupe une place importante dans la vie de ce bâtiment et de la politique du PCF pour qui la culture est source d’émancipation humaine.

En descendant vers la coupole, le sol avec ses plans inclinés, les murs courbes à l’apparence du bois, les puits de lumière autour de la coupole qui, les après-midi de soleil, dessinent des taches de lumière sur la moquette verte, donnant l’image d’une clairière, sont une invitation au voyage, à la découverte de la sensualité de l’œuvre, de l’artiste et de son rapport à la nature.

L’ouverture pneumatique des portes de la coupole, fait penser au film Star Trek (1966), qui dépeint un futur où l’humanité aura éradiqué la maladie, l’injustice, le racisme, la pauvreté, l’intolérance et la guerre. Entrons dans ce monde dont l’idée ne nous est pas étrangère. Oscar Niemeyer disait de cette salle qu’elle avait « quelque chose de spatial ». Il est vrai que l’ouverture des portes, la forme de la salle et la voûte de 16 000 lamelles comme un firmament, le confirment. Au-delà du sentiment d’être dans un autre monde, ces lamelles permettent de répartir le son et la lumière de façon uniforme.

Retour sur la Terre : C’est dans cette salle de 300 places que se réunit le Conseil national du PCF. Pouvant se configurer à loisir, elle peut recevoir des tournages de films, concerts, défilés de mode ou encore expositions d’art, des conférences et séminaires et quatre alvéoles donnant sur la salle peuvent abriter les interprètes.

Gérard Pellois

 

Lisez l’ensemble des articles consacrés à l’histoire du siège du PCF

La petite histoire du siège du PCF – 1. Le « 120 » puis le « 44 »

La petite histoire du siège du PCF – Le choix de l’architecte (2)

La petite histoire du siège du PCF – Belleville, terre de la révolte (3)

La petite histoire du siège du PCF – Un bâtiment éminemment politique (4) 

La petite histoire du siège du PCF — Les constructeurs (5)

La petite histoire du siège du PCF Première phase de la construction (6)

La petite histoire du siège du PCF – Deuxième phase de la construction (7)

La petite histoire du siège du PCF – Revue de presse (8)

La petite histoire du siège du PCF – Le parvis, la coupole, le « foyer » (9)

La petite histoire du siège du PCF – Visite des 1er et 3e sous-sols (10)

La petite histoire du siège du PCF – Le 1er étage (11)

La petite histoire du siège du PCF – Du 2e au 4e étage (12) 

La petite histoire du siège du PCF – 5e-6e étages (13)

La petite histoire du siège du PCF – La terrasse (14)

La petite histoire du siège du PCF Le siège du PCF, un lieu de culture (15)

La petite histoire du siège du PCF – Les événements artistiques et culturels (16) (Expositions – Créations)

La petite histoire du siège du PCF - Les événements artistiques et culturels (18)

La petite histoire du siège du PCF - Bibliographies (19)