Le parti de l’art… Trésors donnés/trésors prêtés – Centenaire du Parti communiste

Du 19 septembre 2020 au 6 janvier 2021, Espace Niemeyer, Paris.

À l’occasion de son centenaire et du 40e anniversaire de son siège, le Parti communiste français organise une grande exposition artistique à l’Espace Niemeyer, situé place du Colonel-Fabien. Une partie du bâtiment conçue par l’architecte Oscar Niemeyer est mise à contribution : le hall de la classe ouvrière, la coupole, ainsi que le premier sous-sol. Dans ces espaces conçus par le célèbre architecte Oscar Niemeyer pour le PCF, sera mis en valeur le riche fonds d’œuvres d’art de la fédération du Parti communiste de Paris, complété par des pièces emblématiques d’artistes engagés dans les luttes ouvrières et progressistes du siècle.

Depuis sa création, le Parti communiste a été perçu comme le parti de l’art et de la culture et a fédéré les artistes et les intellectuels les plus divers. Simples compagnons de route ou adhérents, ils ont largement contribué à son rayonnement. Ainsi trouve-t-on dans le parcours de l’exposition, aux côtés d’œuvres des illustres artisans de la révolte de l’art moderne : Marcel Duchamp, Pablo Picasso, Fernand Léger, André Masson, Alberto Giacometti… des œuvres de représentants non moins illustres : Édouard Pignon, Boris Taslitzky, André Fougeron, Renato Guttuso, Ladislas Kijno…

L’exposition, qui ne se veut pas chronologique, est divisée en 3 grandes sections : Réalisme, Abstractions, photographie.

La première, les Réalismes, nous plongent dans le naturalisme et le modernisme des années 1920/1930 avec Fernand Léger, Marcel Gromaire, André Lhote, Jean Fautrier, Pierre Tal Coat. Elle est suivie par la Nouvelle Figuration des années 1950 et des artistes rarement montrés comme Hugues Weiss, Marcel Pouget, James Brown. Elle aboutit à un précieux accrochage des artistes de la Figuration narrative et du Salon de la Jeune Peinture des années 1970/80. Ici les commissaires de l’exposition Yolande Rasle et Renaud Faroux s’autorisent à faire un clin-d’œil au fameux voyage à Cuba en 1966 des artistes du Salon de Mai : Edouardo Arroyo, Gilles Aillaud, Valerio Adami, Henri Cueco, Erro, Jacques Monory, Bernard Rancillac, Antonio Recalcati… invités par Wifredo Lam à venir célébrer artistiquement les dix ans de la Révolution cubaine. Dans cette même section, par l’entremise de Gérard Schlosser et d’Edouardo Arroyo, un hommage particulier est rendu à Fernand Léger, le peintre des Constructeurs dont Apollinaire disait : « Quand je vois un Léger, je suis heureux ! »

À la section particulièrement nourrie des « Réalismes » qui se termine par un portrait de Mao de Yan Pei Ming, fait écho la section des « Abstractions ». Abstraction lyrique avec des toiles d’importances d’André Masson, Roberto Matta et Jean Messagier, ou Abstraction géométrique avec le portrait constructiviste Lénine et Staline d’Auguste Herbin, ou une composition rare de Jean Leppien. Un mur entier est consacré au créateur Michel Tyzsblat, peintre et musicien, dont la fédération de Paris conserve plusieurs pièces.

La sculpture est aussi mise à l’honneur avec L’hommage à Rol-Tanguy d’Alberto Giacometti, le Guernica de René Iché, le Jeu-enquête de Julio le Parc, La France, aux allures d’un coq métallique, d’Albert Féraud, une installation poétique de Mark Brusse. Des individus de Denis Monfleur, et sur le parvis une impressionnante structure rigoureuse de Geneviève Claisse (rappel lointain de la tour de Vladimir Tatline)…

La photographie n’est pas en reste et est représentée par les photographes historiques Robert Doisneau, Willy Ronis, Sabine Weiss, et par des photographes plus jeunes comme Denis Darzac ou Franck Delorieux. L’exposition est complétée par Mémoires vives, une œuvre de réalité virtuelle de Miguel Chevalier, visible temporairement sous l’impressionnante coupole du bâtiment.

Un témoignage aux muralistes de tous les pays est rendu dans l’escalier qui donne accès au premier sous-sol par le collectif de Street Artistes du 9e Concept. Ce rez-de-chaussée est consacré à la documentation, aux hebdomadaires et journaux comme Les Lettres françaises, Regards, Vu, l’Humanité… et aux dessins de presse, avec un hommage particulier aux auteurs de Charlie Hebdo. On trouve aussi un espace pour les enfants autour du magazine Pif et une salle entièrement dessinée par Oscar Niemeyer où sont disposés ses plans et ses maquettes de constructions et des photographies.

Cette exposition, en célébrant le centenaire du PCF, montre comment, grâce au dialogue permanent avec les intellectuels et les artistes, le Parti a été celui de l’ouverture et de la culture, même si cela n’a pas toujours été aussi simple. La fameuse caricature sacrilège de 1919 sur la Joconde est là comme un clin-d’œil du maître du dadaïsme Marcel Duchamp qui y a inscrit L.H.O.O.Q Propriété du Parti communiste français depuis 1979, cette pièce historique et sulfureuse fut offerte par Louis Aragon à son parti. Cette prestigieuse exposition avec des œuvres originales venues de tous les horizons continue avec éclat ce voyage du côté de l’art. µ

Pierre Laurent, président du Conseil national.