Le PCF propose des Assises du médicament

La pandémie de la Covid a rendu encore plus criante l’importance d’ouvrir un débat public sur nos propositions de création d’un Pôle public du médicament. Nous n’avons eu de cesse de dénoncer l’incurie gouvernementale dans la gestion de la crise, la dépendance de l’État aux industriels du médicament, les pénuries de médicaments qui ont affecté les hôpitaux français, avec des ruptures en constante augmentation depuis 2008, s’accélérant en 2019 pour doubler en 2020, avec 2 400 médicaments faisant défaut.

Nous ne pouvons continuer à dépendre à 80 % de pays non-européens pour l’acquisition des matières premières ou des produits finis. La privatisation de la production, sa délocalisation pour maximiser les profits en sont la cause principale. Ceci alors que l’aide publique aux multinationales pharmaceutiques est conséquente, notamment dans la recherche, sans pour autant faire preuve de transparence sur les aides reçues dans le développement de produits, sans que des conditionnalités lui soient opposées. La suppression d’emplois ces dernières années, notamment dans la recherche, n’a pas été sans répercussions sur l’incapacité de la SANOFI, à fournir un vaccin en temps et en heure.

Pas étonnant, dans ces conditions, que depuis quelques années et singulièrement en 2020, cette question occupe les débats politiques, les médias. Si notre parti travaille depuis des décennies sur l’importance de mettre en place un Pôle public du médicament, nos groupes à l’Assemblée nationale comme au Sénat ont déposé des projets de lois demandant la création d’un « pôle public du médicament », et cette exigence monte tant dans la population que dans toute la gauche, voire au-delà. La campagne d’initiative citoyenne européenne, sur le site https://noprofitonpandemic.eu, par son ampleur a popularisé l’idée que nous devons faire des vaccins un « bien commun de l’humanité », prolongeant ces propositions au niveau européen, indispensable pour traiter d’un tel sujet.

Si la santé est un bien universel, le médicament fait partie intégrante de l’offre de soins. Avec le Pôle public du médicament, nous nous intéressons à l’ensemble du processus conduisant de la recherche à la mise à disposition des médicaments et vaccins aux malades. C’est pourquoi, comme pour tout ce qui concerne la santé, nous faisons de la sortie du médicament du marché un de nos principaux objectifs.

Ce qui est nouveau, c’est que nous ne sommes plus seuls à porter un tel projet ; que des partis politiques comme la France Insoumise ont aussi déposé un projet de loi dans ce sens en mai 2020 ; que les syndicats comme la CGT parlent de Pôle public de la santé incluant le médicament ; que des organismes comme le CCNE (Comité consultatif national d’éthique) dans son Avis 135 publié le 30/11/2020, au travers du prix exorbitant des thérapies innovantes, « …pose clairement la question de l’accès à tous les patients qui pourraient en avoir besoin », dénonce aussi « l’utilisation par l’industrie pharmaceutique des résultats de la recherche publique et universitaire », et l’amène à conclure par la recommandation de « créer un pôle public du médicament à but non lucratif ».

Le 10 juin prochain aux Assises du médicament, Fabien Roussel, en ouverture de cette initiative au siège du PCF, présentera les principaux axes de notre projet. Il reviendra sur l’urgence de retrouver une maîtrise publique dans la politique du médicament et de socialiser tout ou partie des firmes de la Big-Pharma, afin de créer un pôle public de la recherche et de l’industrie. Depuis des décennies, nous préconisons une politique alternative de santé ; cela passe par l’impérieuse nécessité pour la société, les citoyens et les professionnels de se réapproprier cette chaîne de la santé. C’est le sens que nous donnons à notre proposition de mettre en place un Pôle public du médicament en France, en Europe et dans le monde.

Le 10 juin, sera la première étape d’un processus de rencontre, d’échange et d’élaboration pour faire de la santé un bien universel. Cela inclus l’ensemble de la chaîne qui va de la recherche à la mise à disposition des médicaments et vaccins aux malades. La pression exercée par les marchés sur l’approvisionnement en médicaments souligne par ailleurs la nécessité pour la France d’assurer sa souveraineté sanitaire. La globalisation néolibérale ne permet pas, en effet, d’assurer l’indépendance des pays. Ces moments de tension révèlent un des effets pervers du capitalisme : l’augmentation des prix devient la seule méthode de régulation, et la concurrence entre les pays confine à l’immoralité.

Une autre politique du médicament, hors du marché, est non seulement possible mais indispensable aujourd’hui.

Ces assises se tiendront en deux temps. Le premier, le 10 juin, sur invitation, pour confronter notre projet avec celles et ceux qui partagent notre démarche afin de l’enrichir, le faire évoluer, mieux le partager, car méconnu dans sa globalité.

De ce travail, nous proposerons à la rentrée septembre un texte qui tiendra compte de ce débat. Il sera porté à l’automne auprès du grand public, des citoyen·ne·s, mais aussi des partis et syndicats, associations et institutions, pour en faire un vrai débat citoyen en France et en Europe. Il s’inscrira dans nos campagnes, tant de la présidentielle que des législatives !

Fabien Cohen

responsable Médicament de la commission Santé, Protection sociale

membre du Conseil national

 

Les camarades qui souhaiteraient être invité.e.s à y participer peuvent me joindre à : [email protected] ou au 0607285022