Les questions migratoires : Combattre le retour des fantasmes et des manipulations

À un an des élections présidentielle et législatives, les questions migratoires reviennent comme un thème dominant de débat médiatique, ou plutôt comme un thème dont le traitement est dominé par les amalgames et mensonges en particulier de l’extrême droite.

Pour combattre les idées d’extrême droite, il faut d’abord combattre les idées fausses et dénoncer les manipulations. Par exemple, les scènes dramatiques de Ceuta d’il y a quelques jours ne sont pas des questions migratoires mais des manipulations politiques du Maroc qui veut « punir » tous les pays qui tentent de s’opposer à son emprise sur le Sahara occidental et appuient l'action diplomatique du Front Polisario. Il est particulièrement inadmissible de « jouer » avec la vie des gens et en particulier de mineurs pour des raisons diplomatiques. Cette attitude doit être dénoncée et les réfugiés doivent être accueillis dignement en leur laissant la possibilité de choisir leur vie, leur lieu d’installation.

D’autres idées fausses sont à combattre. Au cours des 30 dernières années, il y a eu 21 lois en France sur les politiques migratoires. Toutes ont permis de complexifier, durcir et réduire les droits des étrangers. En Europe, au cours des dix dernières années, de multiples décisions ont durci les contrôles aux frontières et cela avec l’aide de la numérisation, du fichage et de ses lobbyistes.

Donc, laisser dire que les frontières ne sont pas assez contrôlées est une faute politique. Les frontières extérieures de l’Union européenne n’ont jamais été aussi contrôlées, et d’ailleurs cette fermeture des frontières est responsable de milliers de morts dans la Méditerranée. En revanche, il serait temps de mettre en cause la gestion de Frontex qui bénéficie d’un budget de plus en plus important de l’Union européenne, aux alentours de 550 millions d’euros, mais qui est aussi soupçonné de refouler des migrants en faisant fi du droit international et des lois de Dublin qui interdisent de refouler des migrants sans un dépôt de demande d’asile.

Au sujet de l’emploi, cassons l’idée fausse aussi que « les immigrés prendraient le travail des Français ». Pour cela, regardons les chiffres de 2019 : le taux de chômage des « non immigrés » est de 7,8 % de la population active et de 13,6 % dans la population immigrée d’après l’INSEE. Alors il serait plus juste de dire que le chômage touche en particulier la population immigrée.

Une immense majorité de réfugiés vivent dans les pays en voie de développement frontaliers à leurs pays d'origine. Les demandes d’asile pour l’année 2020 n'ont été qu'au nombre de 81 000, pour seulement 11 000 acceptées ; et l'on parle de « laxisme » !

La contribution des migrants à l’économie de leur pays est supérieure aux fonds de développement versés par les pays riches. La baisse drastique de ce financement, à cause de la pandémie qui, elle-même, a fortement réduit les mouvements de population, constitue un sérieux problème et peut avoir de graves conséquences sociales.

Alors, oui, reste une crise de l’accueil des réfugiés, une aggravation de raisonnements xénophobes, une manipulation de l’opinion publique, une banalisation des idées d’extrême droite qu’il faut combattre avec des arguments de vérité, de respect des droits humains, d’ouverture au monde, des perspectives de gauche, et la volonté d’amplifier l'exigence de nouvelles politiques, justes et décentes, comme celle de l’ouverture de voies légales et sécurisées de migrations.

Le droit à la mobilité n’est pas un problème mais une liberté fondamentale qu’il faut sécuriser.

Cécile Dumas
responsable adjointe du secteur international du PCF
chargée des enjeux migratoires