Les tâches du PGE : Au retour de la réunion du secrétariat politique des 14 et 15 janvier

La première réunion de la présidence et du secrétariat politique du Parti de la gauche européenne, élus au congrès de Vienne qui s’est tenu en décembre, a eu lieu à Berlin les 14 et 15 janvier. Elle fut l’occasion de préciser les priorités politiques qui se dégagent du congrès et de son bilan, ainsi que les moyens de les mettre en œuvre. Vincent Boulet, vice-président, et Hélène Bidard, membre du secrétariat politique, y ont participé. Trois éléments fondamentaux ont été soulignés.

1. Approfondir les débats politiques et en tirer des perspectives d’action et de campagnes

Le PGE présente cette caractéristique unique en Europe de rassembler une large palette de partis européens ayant pour point commun de ne pas se reconnaître dans la construction libérale de l’UE et plus largement dans le consensus libéral capitaliste qui en constitue son fondement d’une part, et d’être au premier rang de la lutte contre la montée de l’extrême droite, d’autre part. D’importants débats et contradictions le traversent cependant : sur la place de la souveraineté populaire ou sur la manière d’aborder le clivage capital/travail par exemple. Il y a donc nécessité d’approfondir les questions, en lien avec les échéances politiques nationales et européennes, de les politiser davantage, pour faire naitre du commun, dans le respect des positions respectives des partis membres. Prenons quatre exemples, tirés du document politique approuvé par le congrès :

- La question de la lutte contre l’extrême droite, priorité politique dans de très nombreux pays européens : comment explique-t-on son essor ? Sur quelle base sociale s’appuie-t-elle ? Quelle stratégie politique développent les partis nationaux pour la combattre ? Il y a aussi des pays européens, trop peu nombreux, qui montrent que l’ascension de l’extrême droite est résistible, ou, au moins, non linéaire (en Grèce par exemple). Partageons nos analyses et nos actions politiques respectives pour dégager ce qui est commun au niveau européen.

- La question de la sécurité collective pan-européenne. Le document politique du congrès, après des débats compliqués, prend clairement ses distances avec l’Otan et réaffirme la position traditionnelle du PGE de non-alignement envers l’Alliance atlantique et les États-Unis. On voit bien les difficultés à faire valoir auprès d’une échelle de masse cette nécessaire exigence, au-delà de l’affirmation. Il est donc important de développer une alternative à cette alliance de guerre qu’est l’Otan. Il faut donc préciser et donner chair et crédibilité à un projet politique de paix et anti-impérialiste. Cela implique de travailler, en l’adaptant aux conditions actuelles, l’idée d’un système pan-européen de sécurité collective, exigence portée par le PGE et de nombreux partis européens depuis longtemps : qu’est-ce que cela implique ? Comment avancer ? Avec qui ?

- La question des traités européens et des règles budgétaires, dont la « réforme » est annoncée comme étant l’un des chantiers européens de 2023. Il y a accord dans le PGE pour dire que les traités libéraux actuels « ne sont pas une base » pour une nouvelle construction européenne, et que les règles budgétaires doivent être définitivement abolies. Comment populariser cette idée ? Quelle alternative proposer ?

- La question des moyens financiers en Europe et le contrôle démocratique et citoyen sur l’utilisation de l’argent en Europe. Cela concerne en premier lieu la BCE. C’est une question centrale, à partir de laquelle découle la construction de nouvelles coopérations en Europe, en matière d’industrie, de transformation écologique, de services publics. Comment rendre populaire cette idée ? C’est une véritable alternative à la politique de la commission européenne qui conditionne de manière drastique le versement des fonds du « plan de relance » à l’application de politiques rétrogrades, comme cela est le cas en Belgique, qui a vu l’arrivée de la 2e tranche de ce « plan » seulement après avoir imposé une énième contre-réforme des retraites.

De l’approfondissement de ces débats politiques, prenant en compte la diversité des points de vue, ainsi que les réflexions et idées en dehors du PGE, mais également l’état réel des organisations de gauche en Europe, il sera possible et nécessaire d’en tirer des campagnes fortes, visibles, en lien avec les priorités politiques des partis membres.

 

2. Préparer les élections européennes

Les élections européennes de 2024 seront très importantes. Le président du PGE, Walter Baier, les affiche comme étant sa priorité. Elles commencent à se préparer dès les premiers mois de 2023. Au niveau national, il sera nécessaire que le PCF puisse avancer un projet pour l’Europe avec l’ambition de regagner une présence au Parlement européen. Au niveau européen, le PGE devra élaborer, avec les partis membres, des priorités de campagne à mettre dans le débat, en donnant à une échelle large et continentale deux, trois ou quatre axes de campagne concrets qui puissent se décliner nationalement et donner lieu à des initiatives européennes. Cela implique d’y travailler avec le groupe de La Gauche au Parlement européen, et d’y associer aussi les partis européens qui ne sont pas membres du PGE. Le secrétariat politique du PGE va donc faire la proposition du bureau exécutif, lors de sa réunion de février, d’une méthode et d’un calendrier de travail.

 

3. Renforcer la visibilité du PGE

Le PGE doit travailler au développement de sa communication politique et des outils qui y sont associés, ainsi que de ses relations avec la presse. Ce point a été souligné par de nombreux membres du secrétariat politique. Cela passe par la mise en valeur des principales décisions du congrès. On peut par exemple mentionner la motion de lutte contre la pédocriminalité adoptée sur une initiative du PCF et qui est très reprise par le secteur féministe associatif, y compris pour faire pression sur le Parlement européen. Plus largement, la mise en œuvre de campagnes politiques, et la campagne des élections européennes, impliqueront de travailler les modalités et les vecteurs de la communication.

Tous ces points seront portés au débat du bureau exécutif qui se réunira les 18 et 19 février prochains.

Vincent Boulet

secteur international / Europe