Il y a un peu plus de deux ans, à la fin de l’année 2018, Jean-Michel Dieudonné, cheminot âgé alors de 53 ans, était radié des cadres de la SNCF, autrement dit licencié, pour une altercation verbale avec une cadre de l’entreprise Gare de l’est un jour de grève, au retour d’une manifestation. Nous le disions alors : cette sanction était injustifiée et totalement disproportionnée. D’ailleurs, aucune suite pénale n’avait été donnée à cette affaire montée de toutes pièces.
Après deux ans d’une lutte acharnée et de procédure aux prud’hommes, la chambre sociale de la Cour d’appel de Nancy a rendu sa décision le 17 décembre 2020 par des mots simples et clairs : « le licenciement de Monsieur Jean-Michel Dieudonné est nul », condamnant ainsi la SNCF à réintégrer notre camarade au sein de l’entreprise.
C’est une grande et belle victoire !
Une victoire humaine pour Jean-Michel, sa famille et ses proches, qui auront fait preuve d’un courage et d’une combativité exemplaires pendant cette épreuve difficile. En ordonnant sa réintégration, c’est sa dignité que la Cour vient réhabiliter, en plus de réparer une injustice. Jean-Michel redevient ainsi ce qu’il n’a jamais cessé d’être : un cheminot au sein de cette grande famille du rail et de sa belle histoire.
Une victoire pour le mouvement syndical, en particulier la Confédération générale du travail (CGT) et sa fédération des cheminots, dont Jean-Michel a été pendant de longues années un représentant déterminé au sein de l’entreprise et dans notre région. C’est bien le syndicaliste que la SNCF visait en lui infligeant cette lourde sanction, au terme d’un conflit social historique.
Une victoire politique, car la SNCF a voulu faire un exemple au moment où le gouvernement menait une offensive sans précédent contre le service public du transport ferroviaire, cherchant par la même occasion à affaiblir un des secteurs les mieux organisés et les plus combatifs du monde du travail.
Politique aussi car la Cour d’appel fonde en partie sa décision sur le fait que le jour des faits qui lui étaient reprochés, Jean-Michel était en grève et que l’entreprise ne pouvait dès lors lui reprocher une faute professionnelle. Ce dernier point est extrêmement important, car il constitue pour l’avenir un point d’appui pour la défense du droit de grève et des salariés, toujours plus nombreux, sanctionnés pour avoir exercé ce droit constitutionnel.
Une victoire collective enfin, pour un comité de soutien qui a su fédérer et décupler toutes les énergies dans l’entourage syndical, politique, amical ou familial de Jean-Michel, mobilisant des centaines de citoyens, militants, élus et parlementaires.
Ce comité de soutien, présidé par Caroline Fiat, députée de la circonscription de Jean-Michel, avait été créé le 22 décembre 2018, en complément de l’action menée par la fédération CGT des cheminots, pour mener la bataille sur un terrain plus politique à l’extérieur de l’entreprise. Des premiers rassemblements avec les cheminots à l’automne 2018 jusqu’aux portes de la Cour d’appel de Nancy le 22 octobre 2020, un des points d’orgue de la mobilisation aura été l’organisation d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale, accueillie par Fabien Roussel, montrant la grande diversité des soutiens et le caractère national de la mobilisation (photo).
Avec Jean-Michel et ses proches, les communistes de Meurthe-et-Moselle savourent aujourd’hui cette victoire collective à laquelle ils ont pris toute leur part aux côtés des cheminots. Ils saluent toutes celles et tous ceux qui, de tout le pays, y ont contribué par leur mobilisation.
Bora Yilmaz, secrétaire départemental du PCF 54.