Palestine : un voyage inoubliable

Onze jeunes communistes reviennent de dix jours de délégation en Palestine et en Israël. De Haïfa à Tulkarem en passant par Jérusalem, Hébron et Ramallah, nous avons vu de nos yeux la violence de la colonisation et de l’apartheid.

Pour la délégation, l’enjeu est d’abord de tous passer à l’aéroport. Les contrôles sont multiples, en France et en Israël. Dès que l’on passe les portes de l’aéroport, il ne faut pas se faire repérer. Des petits groupes sont constitués : deux personnes, une personne. Les questions fusent en France comme en Israël. « Nous sommes là pour les vacances ». À l’arrivée, la quasi-totalité des groupes de la délégation passe sans encombre au guichet de la douane après obtention du visa, sauf les deux camarades d’origine marocaine et libanaise. Pour eux, il a fallu attendre 3 h sans que personne ne leur dise quoi que ce soit. Puis vient l’interrogatoire : le nom du père et du grand-père, la fouille des téléphones, etc.

Finalement, nous sortons tous de l’aéroport et nous sommes accueillis sur place par les Jeunes communistes d’Israël. S’en suit la discussion autour des législatives et de l’apartheid.

Plus tard, nous prenons le train direction Jérusalem. Dans le train, énormément de jeunes. Ils ont des armes, ils sont en service militaire. Arrivés à Jérusalem, direction le local des JCI. Ce local de jeunes communistes est similaire à ceux du MJCF en France. On se sent comme à la maison. Il est situé juste à la frontière avec Jérusalem-Est. Nous y rencontrons le responsable de la section du PCI à Jérusalem ainsi que d’autres jeunes communistes. Nous échangeons sur la réalité de l’apartheid, leur stratégie d’organisation de la jeunesse dans un pays où la propagande sioniste fait partie du programme scolaire et où le fait de critiquer l’État est interdit.

Arrivés à Hébron, ville palestinienne colonisée de l’intérieur depuis 1997, nous rencontrons l’association « Youth against settlement ». Cette organisation milite pacifiquement pour la fin de la colonisation et l’apartheid. Au début de la visite, le guide nous explique qu’Israël fait des fouilles archéologiques pour l’État israélien et pour l’histoire israélienne. C’est cocasse. À Hébron il y a 22 checkpoints que doivent traverser les Palestiniens. Des rues complètes leur sont interdites d’accès. Pour faire 300 m, ils peuvent mettre 2h, car ils doivent faire tout le tour. Des centaines de commerces sont fermés. Le taux de chômage est énorme.

La partie colonisée d’Hébron est une ville fantôme. L’armée est omniprésente. Le guide n’a pas pu nous accompagner à Shuhada street, l’ancienne rue commerçante et l’artère de la ville. S’il met un pied, il risque d’être abattu. Tout est question de sécurité pour Israël. C’est la loi militaire qui s’applique pour les Palestiniens. Trois jours après notre départ, le siège de Youth against settlement a été réquisitionné par l’armée israélienne et est sous statut militaire.

Nous nous rendons à Ramallah. La ville est sous l’autorité palestinienne et le siège de l’OLP s’y trouve. Nous rencontrons les jeunes du Parti du peuple palestinien. Avant la Nakba, le parti communiste israélien et palestinien était un seul et même parti. Depuis, il est scindé en deux. Pour les jeunes du PPP, la question des élections en Palestine ne peut se faire sans les Palestiniens de Jérusalem. Pourtant, Israël leur a interdit d’y participer. C’est pourquoi elles ont été annulées par l’OLP.

À chaque fois, les Palestiniens nous racontent les difficultés liées à l’occupation. Un camarade malade ne peut pas aller à l’hôpital, il n’y a pas de spécialiste à Ramallah, il est interdit de se rendre à Jérusalem. Il doit aller en Jordanie pour se soigner.

Il y a encore mille choses à dire sur notre délégation. De simples mots ne peuvent décrire nos rencontres et échanges. Pour nous, c’était dix jours dans une vie. Pour les Palestiniens, c’est leur quotidien.

Dès maintenant, les délégués vont raconter la vérité de la colonisation aux quatre coins du pays. Nous raconterons tout ce que nous avons vu en Palestine dans un maximum de villes à l’invitation des jeunes communistes de toute la France.

Jeanne Péchon