Réforme des retraites

Contraint par les luttes, les mobilisations populaires, de remettre dans le tiroir sa réforme des retraites par point, le président Macron voudrait maintenant imposer, par un amendement au budget de la Sécurité sociale, le recul de l’âge de la retraite à 65 ans, la disparition des régimes spéciaux ou spécifiques et la diminution programmée du niveau des pensions. Il prétend ainsi « laisser une trace dans l’Histoire ».

La majorité divisée, toutes les organisations syndicales mobilisées.

Après F Bayrou, c’est le président des députés MoDem J.-P. Mattei qui annonce un vote contre cet amendement. Le groupe Renaissance (ex REM) est divisé. Un bon tiers des 170 députés s’interrogent. La présidente de l’Assemblée nationale, Y. Braun Pivet, est d’accord avec la réforme Macron, mais opposée à une réforme par amendement. E Philippe (Horizons) met la pression sur le chef de l’État pour qu’il agisse vite et fort. M. Le Pen (RN) évoque le risque d’une motion de censure en cas de 49.3.

À l’issue de leur rencontre avec le ministre du Travail, les organisations syndicales ont exprimé unanimement leur inquiétude et leur hostilité face à un projet qui demeure flou, sur le plan du contenu comme de la méthode, pour le faire passer au Parlement.

Face à cette situation, E. Macron réunira la semaine prochaine avec la Première ministre É. Borne, les chefs de la majorité et les ministres concernés pour faire le point sur la manière d’engager la réforme des retraites.

Tout le système de sécurité sociale est visé.

La création de la nouvelle branche autonomie, financée à 90 % par la CSG, les exonérations massives de cotisations sociales pour le haut patronat démontrent la volonté du président Macron de remettre en cause notre système de sécurité sociale, en diminuant massivement ses recettes issues des cotisations sociales.

Une réforme de progrès social et démocratique

C’est possible si nous nous engageons pour la mise à contribution des revenus du capital, pour l’augmentation des salaires et la modulation des cotisations, l’emploi, et pour l’égalité salariale femmes-hommes. Agir résolument sur ces quatre leviers, c’est créer les conditions d’une nouvelle innovation sociale et démocratique pour les retraites.

Une retraite à taux plein à 60 ans

La mise en œuvre d’une réforme fondée sur la sécurisation de l’emploi et de la formation avec prise en charge des périodes de précarité, chômage, études… permettrait à chacun·e de pouvoir faire valoir ses droits à une retraite à taux plein à 60 ans, avec un revenu de remplacement net équivalent à 75 % du revenu net d’activité (primes incluses), calculé sur la base des 10 meilleures années (6 derniers mois pour les régimes spéciaux), primes comprises, et indexé sur les salaires. Pour une vie digne, aucune pension ne doit être inférieure au Smic (1 923 € brut).

Nous proposons d’ouvrir ce droit sans autre condition que d’avoir une carrière complète (hors pénibilité et carrière longue), qui sera reconnue comme telle dès lors qu’elle ne comporte entre la fin du lycée, du secondaire et l’âge de 60 ans, que des périodes d’activité, de formation initiale ou continue, de chômage ou d’implications familiales.

Notre système de retraite et de sécurité sociale serait intégralement financé par la cotisation sociale, piloté et administré par des représentant·e·s élu·e·s des salarié·e·s.

Une réforme progressiste des retraites est possible en mettant en cause la domination du capital sur les choix d’investissement, de formation, de recherche de financement des entreprises et au coût qu’elle fait peser sur la société.

Daniel Junker