Redéploiement des forces militaires : la France doit revoir sa politique de la cave au grenier

C’est une énième décision. Neuf ans après la 42e intervention militaire française en Afrique depuis les indépendances, Emmanuel Macron annonce le retrait du territoire malien des moyens militaires français avec un redéploiement et l’extension de la zone d’intervention aux pays voisins du Golfe de Guinée et d'Afrique de l'Ouest. Il s’agit d’un départ « coordonné », présenté avec l’appui de pays européens, mais pas concerté avec le Mali, et surtout les conditions n’ont pas été préparées pour ce retrait.

On se demande bien sur quelles bases ont été prises les décisions. Ce qui n’a pas fonctionné au Mali, peut-il mieux se passer ailleurs ? Un bilan sérieux et courageux reste toujours à faire. C’est ce que demandent les parlementaires communistes depuis des années, qui ont toujours mis en garde contre les risques d’enlisement et d’échec. Pourquoi lors de l’opération Serval en 2013 les djihadistes et autres entrepreneurs de violence étaient présents sur 10% du territoire alors qu’aujourd’hui près de 90% est classé en zone dangereuse ? Pourquoi aucune des causes économiques, politiques, conflictuelles, qui ont conduit au désastre n’a été traitée ? Pourquoi depuis des décennies l’Etat français n’a jamais rompu avec un soutien implicite aux mouvements rebelles du Nord du Mali, et dernièrement avec le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) ? Cette politique déséquilibrée, qui se traduit dans l’Accord d’Alger rédigé sans le peuple malien, ne correspond en rien à une aspiration majoritaire. Elle explique en partie la défiance envers l’Etat français. La dégradation de l’image de la France en Afrique de l’Ouest n’est pas, loin de là, uniquement le fait d’activistes « financés par la Russie » comme le dit M. Macron. C’est bien plus profond que ça et il faut s’interroger sur les causes véritables.

Que cherche la France en se retirant et en étouffant le Mali par l’appui d’un blocus inacceptable qui risque d’aggraver la situation ? Il faut mettre fin aux dangereuses sanctions et reprendre le dialogue.

Le logiciel de la présence française en Afrique doit être revu, de la cave au grenier, tout comme nos déploiements militaires dans le monde, comme le propose le candidat communiste à la présidentielle Fabien Roussel. Un retrait concerté de nos troupes du Sahel devrait aller de pair avec un soutien à leurs armées accompagné d’un transfert de technologie efficace ainsi que d’un nouvel agenda politique, économique et de sécurité pour le Mali et la région. Après des années d’affaiblissement des Etats imposé par le FMI avec des politiques libérales destructrices, il convient de mener une politique de coopération qui vise à sécuriser les vies humaines d’un point de vue économique, social et environnemental, y compris par la mobilisation des ressources internes.

L’intérêt de la France au Mali, c’est de permettre à ce pays de sortir de l’impasse, de gagner la Paix, de pouvoir exercer concrètement sa souveraineté et faire ses propres choix de développement. Il est toujours temps que notre pays choisisse cette ligne de conduite et mette fin à la politique d’interventions militaires contraire aux intérêts des peuples africains et français.

Parti communiste français
Paris, le 17 février 2022