Rencontre des jours heureux à Poitiers – Miser sur la jeunesse pour relever les défis

Il aurait été aisé de commencer ce retour sur le déplacement de Fabien Roussel à Poitiers consacré à la jeunesse par la fameuse citation de Paul Vaillant-Couturier. Mais sans plus de prétérition, revenons sur cette journée pictave.

Accueilli et accompagné par les responsables locaux du PCF et des jeunes communistes ainsi que quelques-un·e·s de leurs élu·e·s, le candidat PCF à l’élection présidentielle a pu s’entretenir directement avec des jeunes pour entendre leurs revendications, confronter les propositions de son pacte pour la jeunesse à leurs réactions et enrichir le programme et son discours du soir de ces échanges.

La première étape de l’après-midi avait lieu à la Maison des Étudiants, sur le campus de l’Université de Poitiers, à l’invitation de militant·e·s et d’élu·e·s étudiant·e·s.

C’est la précarité matérielle des étudiant·e·s, largement aggravée, qui a occupé la discussion. Que ce soit pour éviter d’avoir à cumuler études et emploi (principale cause d’échec à l’université), pour être un adulte autonome vis-à-vis de ses parents, pour ne pas avoir à choisir entre alimentation et transport ou entre soin et loisirs… Tout·e·s s’accordent sur le fait que les bourses sont notoirement insuffisantes et qu’il faut garantir des revenus décents pour tous les étudiants. À ce titre, la proposition du candidat de créer un revenu étudiant d’un minimum de 850 €, financé par de nouvelles cotisations sociales, semble convaincre.

Les étudiant·e·s présent·e·s ont aussi critiqué la fameuse « autonomie » des universités, prises en étau par des besoins croissants et des ressources de plus en plus contraintes, qui a tout d’une libéralisation. Bien plus que de libérer, elle met les responsables locaux devant des choix cornéliens : davantage de sélections, augmentation des frais d’inscription, diminution des heures d’enseignement, recours au financement privé… et crée donc des situations conflictuelles entre étudiants et personnels, entre filières, entre établissements, dévalorise les diplômes…

Les étudiant·e·s, repris par Fa bien Roussel le soir, ont revendiqué leur ambition internationaliste pour l’université et ont ainsi affirmé leur opposition à la multiplication par 10 des frais d’inscription pour les étudiants extra-communautaires depuis 2019 (de 300 à 3 000 € annuels environ).

La seconde rencontre s’est déroulée avec les salarié·e·s, les bénévoles et les jeunes résidents de la Résidence Habitat Jeune Kennedy, située au sein d’un quartier populaire de Poitiers. Ici aussi, ce sont les revenus qui viennent sur la table dès le début de la discussion. Les jeunes travailleur·se·s (parfois en formation) aux parcours variés qui vivent dans cette résidence, y sont arrivé·e·s pour les prix raisonnables qui y sont pratiqués ainsi que l’absence de dépôt de garantie et de cautionnement d’un proche. Ils évoquent la dureté de la réforme des APL du gouvernement Macron pour leur budget serré et évoquent rapidement l’ouverture du RSA aux jeunes de 18 à 25 ans. Si Fabien Roussel acquiesce à cette proposition d’urgence, il renchérit en s’appuyant sur la volonté exprimée par les jeunes de se rendre utiles à la société par leur travail tout en en vivant dignement : les propositions originales des communistes, qui visent à rendre effectif un droit universel au travail et à la formation (avec les mêmes droits pour tou·te·s), en éradiquant le ressort essentiel du marché du travail que constitue le chômage, pourraient commencer à s’appliquer en priorité pour les jeunes.

La 4e Rencontre des jours heureux s’est finalement tenue en soirée. Plus de 300 personnes y ont participé et ont semblé apprécier le format dynamique et la possibilité d’interpeller le candidat.

Le ton fut donné d’entrée par l’intervention de Marie-George Buffet, ancienne ministre de la Jeunesse et des Sports, la seule dont on se souvient, comme l’a présentée Ian Brossat : une politique globale pour répondre aux besoins et aux attentes des jeunes du pays.

C’est ce qu’a déroulé Fabien Roussel pour conclure, en insistant sur les propositions déjà évoquées précédemment, mais aussi notamment sur l’investissement massif à fournir pour plus d’écoles et mieux d’école. Avec un budget de l’Éducation nationale porté à 80 milliards en 5 ans (+45 %) et celui de l’Enseignement supérieur à 20 milliards (+43 %) pour financer un plan massif de recrutement, d’investissement dans les infrastructures, de progrès des rémunérations.

Enfin, c’est un véritable statut social pour les jeunes qui a été défendu, avec des « Maisons de la jeunesse » qui seraient créées dans chacune des villes de plus de 9 000 habitants (500 au total) pour accéder facilement aux droits : à la mobilité (transports en commun gratuits, permis gratuit), à la santé (prise en charge des soins à 100 % par l’assurance maladie), au logement (plan de construction de logements étudiants et de résidences jeunes travailleurs), aux pratiques sportives et culturelles, aux loisirs et aux vacances (développement des pratiques à l’école et à l’université, construction d’infrastructures, modularité des tarifs, soutien au secteur de l’éducation populaire).

Sans que le mot ne soit prononcé, c’est bien d’émancipation qu’il a été question toute la journée. Les jeunes du pays ont les yeux grands ouverts sur la précarité dans laquelle ils sont plongés, les freins qui pèsent sur leur potentiel au service de la société et des grands défis auxquels l’humanité est confrontée. Elles et ils sont particulièrement conscients du mur que constitue l’urgence écologique. Elles et ils ne supportent plus l’expression et l’outil des inégalités que constituent les discriminations. Leurs raisons de lutter, de s’engager, sont donc nombreuses et l’espoir réside dans ces luttes. à nous communistes, jeunes depuis plus ou moins longtemps, de leur permettre de trouver la cohérence nécessaire d’un horizon émancipateur, tout en ouvrant la voie à des victoires immédiates. Ainsi, pour un parti révolutionnaire d’aujourd’hui, miser sur la jeunesse semble tout à fait raisonnable.

Hugo Bloissier

secrétaire départemental