Sahara Occidental : Bruno Fuchs (Modem) dans le sillage de D. Trump

Lors d’une récente interview à la télévision marocaine, le député Bruno Fuchs (Modem) s’est délibérément engouffré dans la brèche ouverte par D. Trump pour reconnaitre la marocanité du Sahara occidental. Par l’intermédiaire d’un tweet ou d’une déclaration à l’emporte-pièce, tous deux balaient d’un revers de main le droit international et les résolutions de l’ONU. Celles-ci considèrent en effet qu’il n’existe aucun lien de souveraineté entre le Maroc et le Sahara occidental, que ce dernier a un statut séparé et distinct de Rabat et qu’il est titulaire d’un droit à l’autodétermination.

Les propos de Bruno Fuchs, membre de la commission des Affaires étrangères, sont irresponsables et attisent les tensions dans une région qui n’en a pas besoin. Il y a peu, Robert Malley, président d’ International Crisis Group et ancien conseiller diplomatique de B. Obama rappelait : « La reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en échange d’une normalisation entre le Maroc et Israël, cela n’a pas de sens et ça a un impact négatif sur le dossier du Sahara occidental ».

Le Maroc occupe donc illégalement ce territoire et a accru sa pression expansionniste en prenant le contrôle, en novembre 2020, du poste frontalier de Guerguerat, une zone démilitarisée, dans l’extrême sud du pays. De ce fait, Rabat a délibérément fait voler en éclat les accords de cessez-le-feu avec le Front Polisario, représentant du peuple Sahraoui.

Pendant 30 ans, les Sahraouis ont voulu exploiter toutes les voies pacifiques pour faire prévaloir le droit et la justice, en vain. Face aux promesses non tenues, la lutte armée a repris notamment le long du mur de sable de la honte construit par le Maroc. Dans ce regain des hostilités, Paris porte une lourde responsabilité en soutenant cette occupation coloniale, en couvrant les violations flagrantes des droits humains et en entravant toutes les missions de l’ONU. La duplicité va jusqu’à violer le droit européen en validant le pillage des nombreuses richesses dont ce territoire recèle au profit de la monarchie chérifienne.

Paris n’hésite pas à conforter le pays le plus inégalitaire du Maghreb. Derrière les projets spéculatifs et les infrastructures clinquantes, le Maroc est un paradis fiscal dans lequel 40% de la jeunesse est au chômage, avec un système scolaire et sanitaire à l’abandon. Si l’on tient compte de l’Indice de développement humain (IDH), Rabat se situe au 121ème rang sur 189 pays. Pour endiguer la contestation, la répression est terrible et s’est abattue sur les mineurs en grève, contre ceux qui s’élèvent face aux pénuries d’eau, contre les Rifains et contre ceux qui appuient le droit à l’autodétermination du peuple Sahraoui. Un membre du parti « La Voie Démocratique » vient d’en faire l’expérience.

Les positions de Bruno Fuchs et de la diplomatie française enveniment également les relations avec l’Algérie et se trouvent en contradiction avec la reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique par l’Union africaine.

Alors que les tensions ressurgissent autour de la Méditerranée, que les révolutions arabes ont partout exprimé le besoin de dignité, de justice sociale, de liberté et de paix, Bruno Fuchs souffle sur les braises. Il ignore le droit international sans lequel la brutalité, la guerre et les haines prospèrent, exacerbant les ressentiments et les humiliations des peuples dont nous connaissons le prix. Le Maroc n’est en rien une barrière contre les trafics et le terrorisme.

Le Parti communiste français exprime sa solidarité avec le peuple Sahraoui et son représentant légitime, le Front Polisario. Il appelle le gouvernement de la France et l’Union européenne à agir dans le sens du respect du droit international dont la violation, par D. Trump, a fait les dégâts que l’on sait. L’organisation d’un référendum d’autodétermination est la seule voie pour la paix.

Pascal Torre
Responsable-adjoint du secteur international du PCF
En charge du Maghreb et du Moyen-Orient