Transport Ile-de-France

Lundi, la région Île-de-France, qui concentre le principal foyer de l’épidémie due au Covid-19, a été appelée au déconfinement comme le reste de la France malgré son statut de zone rouge et une incapacité à assurer la sécurité des millions de Franciliens.

Le principal problème dans la région capitale tient à un chiffre : 5 millions de salariés prennent les transports en commun pour une moyenne régionale située à 52 minutes. La problématique des transports est donc au cœur de la question sanitaire et de la capacité ou non à faire face à un rebond du nombre de malades.

Or force est de constater que les conditions n’y sont pas. Intrinsèquement, la réduction de l’offre de transport (liée à la crise elle-même) et la promiscuité au sein des bus, des couloirs et des rames de métro et de RER en font des lieux de contamination importants.

En appliquant les normes sanitaires de distanciation sociale, seulement un million d’usagers par jour devraient prendre les transports en Île-de-France sur les 5 millions habituels, soit 20 % des usagers franciliens. Que faire des 4 millions de salariés amenés à utiliser un autre mode de transport ?

L’équation est en réalité insoluble en l’état d’impréparation dans laquelle nous nous trouvons. Fait rare, les dirigeants de la SNCF, de la RATP et d’Optile ont écrit au Premier ministre pour dire leur incapacité à tenir des objectifs contradictoires : déplacer le plus de monde possible en en concentrant le moins possible. Mais le gouvernement s’entête et se sent suffisamment l’obligé du Medef pour décider quelques minutes avant l’intervention télévisée du chef du gouvernement que la date du 11 mai serait maintenue pour la région capitale.

La date est maintenue mais les questions demeurent. Qui régulera les flux de voyageurs.ses ? Et comment ? Faudra-t-il exposer davantage pour cela les agents ? Peut-on garantir la distribution massive de masques aux normes FFP2 gratuits aux usager·e·s et agents, la mise en place de distributeurs de gel hydro alcoolique ?

Nous n’avons eu en retour que l’appel à la situation individuelle à un problème collectif. Les Franciliens devront se débrouiller pour les masques, la peur sera leur meilleure motivation et tant pis si tout le monde n’est pas bien équipé ou n’a pas les moyens de s’équiper. Le Conseil d’administration qui aurait dû être convoqué pour valider ou non le plan de transport ne l’a pas été et seule une information a été donnée.

Face aux manquements de l’État et au suivisme de la région, les élus communistes ont fait plusieurs propositions.

Il s’agit en premier lieu de limiter très fortement la demande de transports avec le maintien massif du télétravail, qui doit devenir obligatoire pour tous les salariés qui le peuvent. Si nous contestons les logiques d’exploitation qu’induit le télétravail, nous sommes encore plus inquiets d’une surexposition des salariés à la maladie. Des dispositions réglementaires contraignantes doivent être imposées aux employeurs pour organiser le télétravail et sécuriser la vie des salariés.

Les transports publics et les routes doivent être réservés aux personnes dont la présence est indispensable sur leur lieu de travail. La circulation doit être strictement réservée sous toutes ses formes et aux heures de pointe (qui doivent être étendues) aux travailleurs.

Pour la petite couronne, il parait indispensable d’adapter l’offre de transport pour développer fortement l’offre de RER, au départ des gares de Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne et des Hauts-de-Seine, de manière à éviter la saturation inévitable des trains arrivant de grande couronne.

L’offre de trains doit être lissée sur toute la journée, en diminuant le nombre de trains aux heures de pointe et en rajoutant des trains aux heures creuses, de manière à inciter les usagers et les employeurs à décaler les horaires de travail afin d’éviter les phénomènes d’affluence.   

Pour protéger les salariés qui sont dans l’obligation de se déplacer en transport publics, l’État doit rapidement organiser des distributions gratuites des masques FFP2 aux usagers.

Il faut encourager le développement massif de l’utilisation du vélo de manière à éviter un report vers les véhicules motorisés sur les routes, générateur de dysfonctionnements et de pollution.

Il est également indispensable d’inciter dans le même temps à l’acquisition de vélos par la création d’une aide de l’État de 100 euros pour tout achat de vélo standard en Île-de-France et de 250 euros pour tout achat de vélo à assistance électrique. La TVA sur les vélos doit abaisser à 5,5 %. Cette aide viendrait alors compléter les aides existantes de la Région et des collectivités. Enfin, il nous semble indispensable de réguler le transport de marchandises en interdisant, aux horaires de pointes, l’utilisation du réseau routier aux poids lourds pour soulager le réseau. Cela actualise le combat des communistes pour le maintien de la ligne Perpignan-Rungis et, de manière générale, un grand plan d’investissement pour un service public du fret ferroviaire. Sept milliards d’euros doivent être immédiatement versés au rail pour soutenir et développer l’activité ferrée.

Pierre Garzon, membre du CN, responsable national collectif Transports.