Un programme pour les luttes et pour la France

Nous vivons un moment aussi grave qu’exceptionnel. Où la crise sanitaire vient de mettre en évidence le saccage de notre système de santé et de nos services publics. Où les injustices se creusent. Où le chômage va atteindre des records. Où l’inégalité femmes-hommes s’aggrave. Où violences policières et comportements racistes connaissent un regain. Mais où, également, se manifestent le besoin de démocratie et le désir de changer de société. C’est pour y répondre, qu’à l’occasion de son conseil national du 12 juin, le PCF s’est doté d’un programme dont le titre résume l’ambition : « Construisons la France en commun, formons une union populaire agissante ».

Ce travail s’est largement inspiré des apports des différents secteurs d’activité, autant que des propositions de loi défendues par nos parlementaires. Les membres du conseil national ont pu, quant à eux, l’enrichir jusqu’au dernier moment.

Il ne s’agit pas d’une plate-forme électorale, ni d’une esquisse de programme de gouvernement. C’est une autre démarche qui inspire ce document : partir des objectifs et des besoins immédiats que la crise actuelle fait apparaître - en matière de santé, d’éducation, de salaires, de lutte contre la pauvreté ou de l’exigence de droits nouveaux - pour montrer pratiquement que l’on ne peut répondre à ces urgences que par des mesures radicales, qui vont à la racine des problèmes, en l’occurrence la domination du capital, l’utilisation de l’argent, les pouvoirs grâce auxquels la classe possédante impose sa loi à l’immense majorité. À partir de là, il s’emploie à montrer en quoi l’exigence de ruptures immédiates ouvre la voie au projet de rupture avec les logiques dominantes que nous voulons proposer au pays.

Pour le dire autrement, l’originalité de cette démarche consiste à mettre en débat un programme de lutte qui est, en même temps, un programme pour la France. Elle veut nourrir d’un contenu porteur d’espoir les mobilisations immédiatement indispensables pour faire face aux désastres, sociaux et écologiques, que génère le capitalisme financiarisé et globalisé, aidant ainsi à ce que tous ces combats débouchent, de l’échelon territorial jusqu’au plan national, sur des conquêtes changeant concrètement les rapports de force. L’objectif est de restituer, auprès de celles et ceux qui liront ces propositions, la cohérence de l’action des communistes. Jusqu’à la solution politique pour laquelle ils militent : cette union populaire agissante qui ne saurait voir le jour à partir seulement de débats de sommet ou d’échanges entre organisations, mais doit résulter, si elle veut enclencher une véritable dynamique transformatrice, de l’intervention directe des acteurs du mouvement social, des citoyens, de la jeunesse.

Le plan choisi découle de l’approche. Il décrit d’abord les enjeux du tournant en cours de situation. Puis il développe les solutions d’urgence exceptionnelles qu’appellent la situation désastreuse de notre système de santé, une reprise scolaire menaçante pour le devenir même de l’école de la République, des inégalités et des violences qui se sont développées au gré de la crise sanitaire. Il s’efforce enfin de répondre à grands traits à l’exigence d’un autre modèle de développement.

Notre spécificité, dans ce cadre, concerne d’abord la manière dont notre proposition de sécurité-emploi-formation cherche à répondre aux aspirations à la sécurisation de tous les moments de la vie, telles qu’elles montent de la société et des luttes. Ou encore la place centrale que nous donnons aux services publics, comme levier d’un changement global de logique. Ou l’articulation que nous nous employons à construire entre l’indispensable transition écologique, le besoin d’un autre mode de production et de consommation, et la reconquête industrielle si déterminante pour l’avenir. Ou notre appel à restaurer la souveraineté nationale et populaire, non dans une posture de repli nationaliste, mais au contraire pour favoriser de nouvelles coopérations solidaires, en Europe et dans le monde. Ou les moyens que nous avançons pour prendre le pouvoir sur l’argent, changer les règles de la fiscalité, s’approprier les grands moyens de production et échange à l’aide notamment de nationalisations d’une nouvelle sorte, la constitution d’un pôle financier et bancaire public pour réorienter le crédit au service du développement humain. Ou, enfin, les nouveaux pouvoirs démocratiques qui, de l’entreprise à l’État, doivent permettre aux salariés et aux citoyens de décider enfin du destin collectif. Afin de se débarrasser de toutes les dominations, qu’elles soient patronale, patriarcale ou raciste…

Ce programme a vocation à être défendu dans l’ensemble des échéances politiques de la période qui s’ouvre. Il ne se veut pas toutefois pas un produit achevé. Il est mis en débat et appelle maintenant les enrichissements des communistes autant que de celles et ceux qui souhaiteront y contribuer. C’est d’ailleurs l’objet de la plate-forme numérique qui sera prochainement mise à disposition de chacune et chacun. À nous de nous en saisir, et d’en faire un point d’appui essentiel pour nous tourner vers nos concitoyens, et construire avec eux une société qui mette l’humain et la planète au cœur de tous les choix. µ

Christian Picquet, membre du CEN.