Un vaccin pour tous les humains, par le Dr Michel Limousin, animateur du Comité français de soutien à l’ICE

On avait eu l’incurie et les mensonges sur les masques au début de l’épidémie. On a eu le manque de personnels dans les hôpitaux et de lits de réanimation pour accueillir les patients. On a eu l’absence de dépistage faute de tests, l’insuffisance d’analyse génomique des virus faute d’appareils de séquençage. On a eu la pénurie de médicaments pour soulager les personnes en train de mourir étouffées lors de la première vague.

On a eu l’interdiction de transporter les pensionnaires des Ehpad dans les hôpitaux lorsqu’ils étaient atteints par la Covid-19 pour ne pas « embouteiller ». On a eu les cafouillages des administrations centrales du ministère de la Santé et des ARS faute de personnels préparés aux situations de crises sanitaires. On a eu les confinements trop tardifs et trop vite annulés. On n’a eu aucune mesure sérieuse d’isolement des personnes contaminées lorsqu’il était encore judicieux de le faire. On a laissé les frontières sans contrôle sanitaire lorsqu’il était encore possible de freiner l’épidémie. On a eu des promesses non tenues pour l’ouverture de lits de réanimation. Aucune aide financière sérieuse pour les hôpitaux publics. Une prise en compte de très bas niveaux en matière de maladies professionnelles pour les personnels contaminés. On a eu des campagnes très ambigües et suspicieuses à la télévision pour encourager à la vaccination qui ont plus freiné que motivé les gens à se faire vacciner. Des débats sans fin pour critiquer de façon superficielle la politique gouvernementale sans jamais aller au fond des choses. On a eu des promesses de transformer les vaccins en bien commun de l’humanité, mais aucune mesure concrète de levée des brevets ou de réquisition pour produire les vaccins. Macron avait repris cette notion de bien commun pour l’humanité mais a fait marche arrière avec ses collègues européens dès que l’idée a pris de l’ampleur. Il préfère que les vaccins soient « donnés » aux pays pauvres plutôt qu’organiser une production de masse efficace.

Mais jamais n’a été posée la question des responsabilités, en particulier celles des décisions politiques antérieures à la crise sanitaire : Qui a fermé les lits hospitaliers ? Qui a supprimé en 2016 l’établissement public de gestion des crises sanitaires au ministère de la Santé ? Qui a détruit et non renouvelé les stocks de masques ? Qui a laissé s’installer une politique de pénurie de médicaments ? Qui n’a pas fait les recrutements nécessaires en personnel hospitalier ? Qui a organisé la pénurie de médecins avec un numerus clausus insensé ? Qui laisse les fruits de la recherche publique être privatisés ? Qui laisse les grands laboratoires pharmaceutiques spéculer sur le prix des vaccins en régulant la pénurie ?

Et maintenant les vaccins ! On pense que vacciner l’Afrique n’est pas une priorité. Que 28 tonnes de matériel envoyé de France par avion pour 1,3 milliard d’habitants en Inde, c’est efficace. On pense que négocier des contrats secrets avec l’industrie pharmaceutique est légitime et démocratique. Les profits de Big Pharma explosent, ce serait normal. Les milliardaires français ont doublé leur fortune pendant la crise et sont devenus les plus riches d’Europe. Et les chômeurs vont voir leurs droits réduits dès juillet.

Le moment du bilan sanitaire et politique arrive.

Mais ne perdons pas de vue l’urgence du moment : continuons à nous battre pour que les mesures qui permettront à tous les humains d’être vaccinés soient prises. Nous avons lancé dès l’été dernier une pétition européenne dite « Pas de profit sur la pandémie » dans le cadre des initiatives citoyennes européennes (ICE). Cette démarche prévue par les traités européens, si elle rassemble un million de signatures dans les 27 pays européens d’ici mai 2022, obligera les institutions européennes à examiner nos propositions dont la principale est la levée des brevets sur les vaccins. Nous avons déjà rassemblé plus de 202 000 signatures et 350 organisations soutiennent cette pétition. Une large coalition à travers l’Europe de syndicats, d’ONG, de partis, de militantes et de militants, d’associations et d’experts de la santé participe à cette initiative citoyenne européenne. Le PCF est très engagé dans ce regroupement. L’objectif est de prendre les mesures nécessaires qui garantissent un accès équitable aux vaccins et autres traitements, et évitent à tout prix qu’ils deviennent sources de profits indécents pour le secteur pharmaceutique.

Il n’y aura pas de sortie de la pandémie tant que l’ensemble des humains ne sera pas vacciné. C’est pourquoi nous vous invitons à signer massivement cette pétition. Ne nous dispersons pas. Signons sur https://noprofitonpandemic.eu/fr/