20 novembre 1989–20 novembre 2019 : la Convention internationale des droits de l’enfant a trente ans

La Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) est adoptée à l’unanimité par l’ONU, ratifiée par tous les pays… sauf par les États-Unis ! À Genève, le Comité des droits de l’enfant est habilité à recevoir les plaintes, il ne s’agit cependant que d’un protocole facultatif.

Tous les cinq ans, les pays qui ont ratifié la CIDE doivent remettre un rapport d’activité à Genève ; sont également remis, souvent par des ONG, des contre-rapports pointant les manquements au respect des droits des enfants. Le Comité émet alors des « recommandations », il ne peut pas « sanctionner ». Est-ce à dire que la Convention ne sert à rien ?

Chacun appréciera. Cependant la Convention existe et permet aussi de dialoguer, de définir, de faire connaître et de promouvoir les droits des enfants. Des avancées sont incontestables : ainsi les décès d’enfants de moins de cinq ans ont-ils baissé de 50 % et la proportion d’enfants sous-alimentés presque diminuée de moitié. Certes cela reste insuffisant…, alors à chacun également de s’engager pour faire progresser le dispositif, pour le faire connaître d’abord !

La CIDE, ce sont 41 articles qui définissent pour tous les enfants du monde les droits à la santé, l’éducation, à un niveau de vie suffisant, à être protégés en cas de conflit, à un cadre de vie sécurisé …

En France, parmi « les enfants », combien comptons-nous d’enfants déracinés, migrants, vivants dans des hôtels, parfois en centres de détention…, d’enfants mal nourris, de mineurs isolés, exploités, violentés ? Combien de refus de scolarisation pour des 16-18 ans ?

En 2019, l’UNICEF informe qu’un tiers des enfants à travers le monde vit dans des foyers touchés par la pauvreté multidimensionnelle. Si la grande pauvreté recule globalement, elle reste très forte dans certaines régions du monde et en Afrique particulièrement, où 42 % de la population continuent de vivre en dessous du seuil de pauvreté. Et en France la pauvreté augmente en 2019.

Concernant l‘éducation, l’APD internationale, Aide publique au développement, a baissé. En France, les manques ou insuffisances de scolarisation touchent particulièrement les enfants en situation de handicap, les migrants et les plus pauvres issus de zones défavorisées.

Concernant la santé, si les avancées technologiques ont permis de considérables progrès, la malnutrition fait toujours des ravages : dénutrition, faim insoupçonnée (causée par des carences en nutriments essentiels), surpoids.

Un cadre de vie sécurisé ? Nous savons que près d’un quart des enfants du monde vit dans des zones exposées à des risques d’inondation extrêmes. Combien d’enfants déracinés par des conflits sont exposés à des risques de violences de toute nature ? Et en France, combien sont aussi confrontés à la violence, à l’école, chez eux, en ligne ?

En cas de conflit, les enfants sont protégés ? 420 millions d’enfants à travers le monde vivent dans des zones touchées par des conflits. Même si les destructions d’écoles, d’hôpitaux sont officiellement déclarées crimes de guerre, sont-ils pour autant préservés des bombes et autres violences ? Comme en Syrie, en Irak, au Yémen où les puissances occidentales, dont la France, ont armé les belligérants.

Ce trentième anniversaire peut au moins permettre de faire un bilan d’étapes. Des constats de progrès indéniables que la CIDE a permis aux alertes et dénonciations d’irrespect des droits des enfants, il y a encore à faire, tous ensemble, pour que tout enfant puisse grandir et s’épanouir « dans un esprit de paix, de dignité, de tolérance, de liberté, d’égalité, de solidarité ». µ

Anne-Marie Brenner, coprésidente du comité Pax Rhona, Mouvement de la Paix.

 

Sénat

La commission des lois du Sénat rejette la proposition de loi du groupe communiste visant à créer des délégations parlementaires aux droits des enfants.

 

Un petit plus pour information

Parus il y a quelques années mais toujours d’une grande actualité :La Maladroite, d’Alexandre Seurat, édité à la Brune de Rouergue. Le livre a été pour la télévision. Diffusé mardi 19 sur France 3, on peut le revoir en replay.

D’une grande simplicité, dans un style très pur, le récit nous entraîne dans un tourbillon de regards, de mots simples, hélas vite devenus stériles et inopérants pour extraire Diana d’une famille qui la détruit inexorablement. Un tragique contemporain qui, s’il laisse aux intervenants professionnels et bienveillants, la liberté de parler et d’alerter, ne leur permet pas de sauver cette enfant, elle-même impuissante à les aider. Un récit nécessaire, terrible, qui éclaire et peut inspirer les instances en charge du respect des droits des enfants.…Et puis : Le garçon qui volait des avions, Les trois sœurs et le dictateur, La révolte d’Eva, trois bijoux d’Élise Fontenaille, édités au Rouergue, abordent des situations vraies d’enfants en souffrance.