Disparition de Etienne « Léo » Micheli : nous perdons une grande figure de la Résistance et du PCF (Fabien Roussel)

C’est avec une profonde émotion que j’ai appris le décès d’Etienne Micheli, dit Léo.

L’histoire de Léo, pseudo de Résistant choisi dans la clandestinité, se confond intimement avec celle des débuts du communisme bastiais et insulaire dont il fut l'un des principaux acteurs.

Elle s’est d’abord construite avec son engagement, dès l’âge de 15 ans, aux pionniers puis à la Jeunesse communiste, dont il développa l’activité jusqu’au sein de l’Ecole Normale où il entra en 1941, dans le lycée alors rebaptisé « lycée Pétain ». Après avoir constitué le Front patriotique des jeunes, en accord avec la direction du Parti, il sera l’un principaux organisateurs des manifestations du printemps 1943 « contre la diminution de la ration de pain et pour la liberté ».

Il rédigera ensuite l’appel au Peuple Corse du 1er Mai 1943 à Bastia appelant à combattre le régime de Vichy et à la lutte armée contre l’occupant fasciste. Le jour même avec les camarades du Front patriotique des jeunes ils attaquent à la grenade le poste de commandement de la marine italienne. Rechercher par la police de Vichy, fiché comme « meneur communiste », il bascule dans une clandestinité totale.

Les 3 et 4 mai 1943 une conférence régionale du Parti est organisée à Porri. Une vingtaine de dirigeants venus de toute la Corse est présente. Il sera alors désigné pour occuper au secrétariat du parti la responsabilité aux cadres aux coté de Pierre Pagès et de Raoul Benigni, premier secrétaire. Il sera ainsi directement impliqué dans l’organisation communiste comme à toutes les décisions concernant la Résistance alors qu’il n’a que 20 ans.

Sa détermination s’est naturellement forgée dans le combat contre le fascisme et le nazisme. Avec le souci constant d’unir les patriotes corses, face à l’occupant, italien d’abord, hitlérien ensuite. L’objectif était alors de rassembler toutes les composantes de la Résistance et de gagner le peuple lui même à l’action de masse contre le pouvoir de Vichy et pour chasser l’occupant. C’est ainsi qu’il fut l’une des chevilles ouvrières du Front National, principale structure de Résistance en Corse.

A ce titre « l’Appel du 1er  mai 1943 » exhortait le Peuple Corse à se libérer par lui-même. Cet appel sera déterminant dans le soulèvement de tous les patriotes corses face à l’armée allemande le 9 septembre 1943, jusqu’au départ, le 4 octobre, des troupes nazies et la fin de leurs exactions contre la population et la Résistance, en particulier à Bastia.

Léo Micheli a ainsi largement contribué à donner aux patriotes corses la confiance indispensable pour un soulèvement populaire en capacité de chasser les occupants avec le moment venu l’appui des troupes françaises d’Afrique du Nord notamment les goumiers marocains.

Il fut de ceux qui ouvrirent ainsi la voie à la Libération de toute la France, notamment par les soulèvements populaires et l’action organisée de la Résistance intérieure.

Ce rôle essentiel dans la Résistance et l’organisation du PCF en corse, lui vaudra d’être appelé au Comité Central pour entrer au secrétariat de Jacques Duclos, Secrétaire général du PCF et d’intervenir à l’école de 4 mois. En désaccord avec la direction du Parti qui refusait de publier le rapport Khrouchtchev révélant lors du 20ème Congrès du PCUS le stalinisme, il se retire de ses fonctions en restant communiste.

Avec la disparition d’Etienne "Léo" Micheli, la Corse perd une des principales figures de la Résistance insulaire, tout particulièrement marquée par la force de l’insurrection populaire, bâtie dans l’unité des patriotes corses.

Les communistes corses, d’hier et d’aujourd’hui, ont construit beaucoup de leur engagement dans cette histoire et je veux leur dire que c’est l’ensemble du Parti communiste Français qui partage leur émotion comme leur fierté d’avoir compté Léo parmi les leur.

Fabien Roussel

Secrétaire national du PCF