« Non au démantèlement du groupe Carrefour. Le gouvernement doit agir » (Pierre Dharréville, Fabien Roussel – PCF)

Ce jeudi 14 octobre, le groupe Carrefour devrait annoncer le passage en location-gérance d’une cinquantaine de magasins, de supermarchés, mais aussi d'hypermarchés, dans toute la France. 

Ce jeudi 14 octobre, le groupe Carrefour devrait annoncer le passage en location-gérance d’une cinquantaine de magasins, de supermarchés, mais aussi d'hypermarchés, dans toute la France. 

 

Visiblement Carrefour a l’intention d’évacuer « le risque social », c’est-dire les salarié.e.s, pour se concentrer sur l’immobilier, la rente et l’obligation de s’approvisionner auprès des centrales d’achat de la marque. Et donc de se livrer à du dumping social, dans un secteur où les salarié.e.s sont déjà précarisé.es et sous-payé.es. Un système qui a déjà fait ses preuves ailleurs, par exemple chez McDonald’s. Que se passerait-il si ces centrales s’installaient au Brésil, où Carrefour vient d’investir 1,1 milliards d’euros ou privilégiaient les échanges avec le Canada par exemple, dans le sillage des traités de libre échange ? Le danger serait alors réel pour les consommateurs de se voir imposer des produits affranchis des normes françaises et européennes.

 

Ces nouvelles mesures s’inscrivent pleinement dans le fameux plan « Performances 2018-2022 », dont le bilan est déjà tristement éloquent avec la destruction de 20 000 emplois, la restructuration des différents sièges, sans oublier la vente du réseau de magasins de proximité Dia, particulièrement juteuse pour les actionnaires. Les passages en location-gérance ont aussi précédé les premières ruptures conventionnelles collectives, qui ont abouti à la suppression de 3 000 postes dans les hypermarchés. En moyenne, chaque passage en location-gérance se solde par ailleurs par une perte d’environ 30% des postes et par des diminutions de droits.

 

Un constat accablant pour les salarié.e.s, mais très profitable en revanche pour les dirigeants et les actionnaires. Ainsi, la première phase du plan « Performances » visait une économie de 3,5 milliards d’euros. La seconde, comme l’a déjà annoncé le PDG du groupe à ses partenaires, pourrait représenter encore 2,4 milliards d’économies d’ici la fin 2022. D’où la légitime inquiétude des employé.e.s, qui redoutent une accélération du rythme des passages en location-gérance, synonymes de destructions d’emplois.

 

A quel jeu joue le groupe Carrefour, premier employeur privé de France et acteur majeur du marché de l’alimentation ? Ni les salariés, ni les représentants du personnel pas plus que les investisseurs n’ont la moindre idée de la stratégie développée par M. Bompard. Au début de l’année 2021, le groupe canadien Couche-Tard se déclarait prêt à racheter l’ensemble du groupe Carrefour. C’est le gouvernement lui-même qui s’y était opposé au nom de « la souveraineté alimentaire des Français», selon les termes employés à l’époque par le ministre de l’Economie et des Finances.

 

Voici quelques jours, c’est Carrefour lui-même qui proposait un rapprochement avec Auchan. Deux opérations pour l’heure mises en échec, mais source d’une même déstabilisation pour les quelque 320 000 salarié.e.s de Carrefour dans le monde. 

 

De telles manoeuvres mettent en péril non seulement l’emploi, mais aussi notre souveraineté alimentaire, à laquelle le président de la République est soi-disant attaché. La vente à la découpe du groupe Carrefour, telle qu’elle se met en place sous nos yeux, est une véritable déflagration pour nos agriculteurs, et, au-delà, de tout notre écosystème agro-alimentaire. Il est temps de tirer la sonnette d’alarme. Le groupe Carrefour, qui use et abuse des aides de l’Etat, porte une responsabilité immense dans la qualité de l’approvisionnement des Français.

 

Nous demandons au gouvernement d’intervenir pour empêcher cette vente à la découpe du groupe, qui risque de mettre en tension des territoires entiers et de priver des populations de l’accès à des besoins vitaux. D’ailleurs, comment ne pas être choqué par l’évocation dans des documents officiels d’une évolution vers des magasins « ethniques », dans des quartiers expressément ciblés ? Au moment où notre pays a besoin avant tout de retrouver une cohésion autour des belles valeurs de la République, tout doit être mis en oeuvre pour mettre un terme à ces dérives.

 

La grande distribution est un enjeu dont la puissance publique ne saurait se désintéresser : elle doit se soucier de près de l’avenir du groupe Carrefour.

 

 

Pierre Dharréville, député des Bouches-du-Rhône

 

Fabien Roussel, député du Nord,